« L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine. » (Vatican II, Constitution sur la sainte liturgie) Pour aller dans ce sens, cette chronique donne un descriptif de la mélodie de quelques pièces du répertoire grégorien.
Pourquoi le compositeur du dernier alléluia de l’année liturgique a-t-il choisi d’orner ce texte suppliant d’une mélodie aussi enthousiaste ? Sans doute parce que les profondeurs qu’il chante dans le verset ont été amplement visitées par le Sauveur. La fin de l’année liturgique témoigne de l’œuvre accomplie par Dieu dans son Église. En même temps, cette fin d’année fusionne avec le début de la nouvelle et rejoint alors l’immense désir de la venue du Messie. Joie et désir s’unissent dans cette pièce qui joue un rôle charnière. N’ayons donc pas de scrupule à chanter le jubilus de notre alléluia avec allégresse. C’est peut-être le plus long jubilus de toute l’année liturgique. Il est très structuré autour de sa triple répétition mélodique (1, 2, 3). Commençant sur la tonique sol (*), il s’élève rapidement et de façon très légère jusqu’à la dominante ré (*), grâce au bel élan qui coïncide avec l’accent du mot alléluia. Après la cadence à l’aigu et la demi-barre, le beau et triple motif, plein de douceur et d’énergie, se déroule avec vigueur et légèreté. Vigueur et élan jusqu’à la note longue qui le coupe en son milieu (*) ; détente et légèreté flottante à la fin du motif.
Une belle mélodie
Ce motif est repris une première fois à l’identique mais en léger crescendo par rapport au précédent, ce qui implique que l’on n’est pas parti trop fort au début ; puis il est répété une troisième fois, du moins en son début, car au lieu de la longue qui joue le rôle de pôle attractif dans les deux incises précédentes, la mélodie plonge vers le grave et s’élargit du même coup. Les deux dernières incises sont beaucoup plus chaudes et amples. Elles forment deux belles courbes ascendantes et descendantes, qui conduisent doucement la mélodie vers sa cadence finale.