On connaît l’histoire de ces femmes qui s’avortaient ou se faisaient avorter clandestinement avec des aiguilles à tricoter alors que l’IVG n’était pas encore dépénalisée. Les militants pro-IVG faisaient valoir, lors du débat sur le vote de la loi Veil, les conditions déplorables dans lesquelles étaient pratiqués ces avortements clandestins pour justifier l’encadrement de cette pratique. Les femmes y risquaient leur vie, il fallait leur offrir un cadre sécurisé, respectueux des normes d’hygiène, pour avorter en toute sérénité.
Un processus bien rôdé
C’est la même logique qui a prévalu lors du débat sur les salles de shoot : il fallait encadrer la consommation de drogue pour qu’elle se fasse en respectant les règles d’hygiène. On pourrait citer aussi les arguments des promoteurs de l’adoption pour tous : certains enfants vivant déjà au sein de « familles » homoparentales, il fallait bien statuer sur la question pour leur offrir une sécurité juridique et un statut digne de ce nom.
Ils sont nombreux les exemples de ce processus du passage de l’état de fait à l’état de droit. Quoi de plus logique dans un système de valeurs où le bien est fluctuant puisque défini par la volonté des hommes et institué par la loi ? Nous le savons bien, ce qui est bon et légitime, dans la pensée moderne, est ce qui est légal. Il faut reconnaître à ce positivisme juridique qu’il est fort efficace sur le plan politique : puisque la loi détermine ce qui est juste ou condamnable, puisque la loi donne sa valeur positive ou négative à l’acte, alors il suffit pour éradiquer un mal de le légaliser. Ainsi, depuis 1975, avorter c’est bien parce que c’est légal.
Un nouveau marché
Actuellement, c’est le développement d’un marché parallèle du sperme qui pourrait bien faire évoluer la loi. Et pour cause, la loi française n’autorise le don de gamètes que de manière anonyme, gratuite, au sein d’un établissement spécialisé et pour les couples homme/femme qui ne peuvent avoir d’enfant. Malgré tous ces critères, les donneurs se font de plus en plus rares, notamment depuis le débat sur l’ouverture du « mariage » aux couples homosexuels. Bien des donneurs précisent qu’ils ne veulent pas que leurs gamètes soient utilisées par des « couples » homosexuels…
Les petites annonces de dons de sperme fleurissent donc sur internet en toute illégalité pour répondre aux demandes de couples lassés d’attendre des mois et des mois pour respecter la procédure au sein d’établissements spécialisés, des célibataires ou des « couples » homosexuels et lesbiens. Tout comme les femmes qui risquaient de perdre la vie en se livrant à un avortement clandestin, les couples qui se font inséminer à la sauvette risquent, non pas la mort mais de donner la vie à un enfant porteur de maladies génétiques. La question de la santé de l’enfant conçu par don de gamètes sera sans doute l’un des arguments qui justifiera l’encadrement de la PMA pour tous. Déjà, certains professionnels des centres d’assistance à la procréation ont soulevé le problème…
Le pretexte de la santé publique
Cette question de santé publique est un argument redoutablement efficace pour nos adversaires pour ne pas avoir à débattre de la légitimité de l’acte lui-même. À ceux qui s’opposent à l’avortement parce qu’il n’est rien d’autre que le meurtre d’un enfant, les militants pro-choix rétorquent : « Si l’avortement n’était pas légal, les femmes le pratiqueraient quand même mais mettraient leur vie en danger alors autant encadrer cette pratique ». Pour la GPA, ils n’ont que faire de nos arguments sur l’importance de l’altérité sexuelle et la nécessité de préserver la filiation… Ils rétorquent que les « couples » homosexuels ont déjà recours au don de gamètes et à la GPA et qu’il faut par conséquent légaliser cette pratique pour en éviter les dérives.
Le processus est bien rodé, c’est l’outil miracle des ennemis de la famille.