Des illusions de la paix perpétuelle

Publié le 16 Oct 2014
Des illusions de la paix perpétuelle L'Homme Nouveau

Les conflits se multiplient dans le monde entier, et le gouvernement français décide de réduire le budget de l’armée. Quelle logique se trouve derrière ces décisions?

La guerre s’est propagée avec une vitesse fulgurante au cours des derniers mois, aussi bien au cœur du Sahel qu’au Moyen-Orient. Même si les interventions françaises ont gelé certains conflits, force est de constater que les territoires en guerre se sont interconnectés. La menace la plus grave est aujourd’hui que la Libye, livrée au chaos, devienne un émirat du nouveau Califat islamique. Comment expliquer l’incapacité des puissances régionales et mondiales de venir à bout de ces conflits ? Essentiellement par une opposition entre les tenants d’une mondialisation sauvage et la résistance de vieilles civilisations, comme la Russie, l’Iran et la Chine, qui tâchent de se protéger, quitte à s’emmurer dans leurs identités respectives. Entre les deux se trouve le monde de l’Islam, en proie à un réveil religieux épisodique et partiellement instrumentalisé. À l’évidence, si la régression économique actuelle ne s’accompagne pas de la réhabilitation de frontières protectrices, la guerre, qui a déjà embrasé toute la périphérie de l’Europe, se portera en son centre. Les menaces n’ont donc jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui.

Une simple étape

Aussi est-ce pour le moins surprenant que des dissolutions de régiments soient actuellement annoncées. En réalité, celles-ci s’inscrivent dans un autre calendrier : celui d’une confédération d’États ayant cru depuis maintenant vingt-cinq ans que l’horizon militaire de la libre circulation des biens et des hommes serait la paix assurée. Dans ce cadre, les réductions du jour se présentent comme une simple étape dans une planification aveugle, fondée sur un postulat erroné. De fait, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les systèmes représentatifs se sont nettement fragilisés au cours des dernières années face à l’essor simultané des technocraties impériales et des messianismes orientaux. Dans ces circonstances, il serait assez chimérique de penser que des États désarmés et enfermés dans leur confort, formeront autre chose que des proies faciles vis-à-vis de ceux qui les entourent. La France désarme, exactement comme elle le faisait à la fin du XVIIIe siècle. Les interventions militaires étaient alors soigneusement masquées et la première idole de ce siècle philosophique se nommait la paix perpétuelle.

Thomas Flichy de La Neuville est historien du droit et des institutions

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Ballon espion : la Chine fait des bulles

rier, un ballon est signalé dans le ciel américain. Il est abattu par l’armée le 4 dans les eaux territoriales. Puis le 10 février, des avions de chasse F22 descendent un objet volant près des côtes de l’Alaska. Le 11, le Canada demande aux États-Unis d’intervenir pour faire feu sur un autre engin au-dessus du Yukon. Enfin, le 12, c’est à la verticale du Michigan (États-Unis) qu’un nouvel engin est abattu.

Le 8, Washington accusait la Chine de lancer « une flotte de ballons destinés à des opérations d’espionnage » à travers le monde. Étions-nous à la veille d’un nouveau conflit diplomatique ?

Très vite, Pékin s’avouait le propriétaire du premier ballon et déclarait que ce dernier transportait des équipements pour recueillir « principalement » des données météorologiques. On retiendra que « principalement » ne veut pas dire exclusivement. Même si les Chinois affirment que leur aérostat était sorti involontairement de sa trajectoire, les Américains s’inquiétaient d’autant plus qu’il était passé au-dessus du Montana où sont implantés leurs missiles nucléaires.

La suite nous en dira sans doute plus puisque l’aéronef a été récupéré pour analyse. Néanmoins, on sait déjà que sa charge était plus importante que celle d’un ballon météorologique normal. D’autre part, la nacelle était équipée d’un système de guidage qui rend peu crédible la thèse d’un écart involontaire de trajectoire.

La Chine n’en a pas moins répliqué avec fermeté : en exprimant « son fort mécontentement, elle proteste contre l’utilisation de la force par les États-Unis ».

Cependant, le mystère reste entier pour les trois autres engins volants non identifiés. Pékin n’en reconnaît pas la paternité et Joe Biden lui-même a déclaré : « Ces trois objets sont vraisemblablement liés à des entreprises privées, à des activités de loisirs ou à des institutions de recherche. » Peut-être, mais personne n’a élevé la voix pour se plaindre ou signaler la destruction de son ou de ses équipements. Ensuite, le président des États-Unis a donné un peu vite une explication logique et possible à ce mystère.

Mieux, il cherche à rassurer, disant qu’il n’y a pas une soudaine augmentation d’objets volants dans le ciel américain mais une meilleure capacité à les détecter avec les radars. Au point que l’on se demande s’il ne couvre pas autre chose. Dans son registre, le général Glen VanHerck, patron des forces aérospatiales américaines, en rajoutait. À une question sur un possible envoi d’OVNI par des extraterrestres, il répondait « n’avoir rien écarté à ce stade ». La Maison Blanche s’est vue obligée de démentir cette hypothèse.

La question se pose : l’armée américaine aurait-elle détruit le matériel d’expériences secrètes plutôt que de les révéler au public ? Ce ne serait pas la première fois, en raison du cloisonnement des informations sur de telles opérations. Un autre détail pourrait aller dans ce sens pour les trois autres aéronefs : alors que les restes du premier ont été retrouvés, l’armée américaine a déclaré ses recherches infructueuses pour les trois autres.

Reste à s’interroger sur la légitimité, en termes de droit, du survol d’un territoire par des ballons d’un pays tiers et, non moins important, de leur destruction par le pays survolé. Chaque État jouit de « la souveraineté complète et exclusive sur l’espace aérien au-dessus de son territoire », selon les règles de l’aviation civile. Les appareils civils sont libres de circuler, mais les appareils militaires peuvent être interceptés. Et s’il s’agit d’un appareil espion qui se donne une apparence civile ?

Néanmoins, et c’est un autre problème, selon Pékin, depuis l’année dernière, « des ballons américains ont survolé la Chine à au moins dix reprises ». Le hiatus est sans doute là : Washington n’accepte pas qu’on lui renvoie la politesse.

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