L’Église et la science (3/4) : Dieu est-il démontrable par la science ?

Publié le 05 Sep 2024
science et foi

Avec la constitution Dei Filius, le concile Vatican I réaffirme que Dieu peut être connu par la raison.

La preuve scientifique de l’existence de Dieu, éternellement débattue, est peut-être tout simplement une question faussée. C’est ce que pensait Georges Lemaître, le « chanoine du Big Bang ». La raison humaine peut arriver à la certitude de son existence. Le reste est d’un ordre tout à fait différent.

  «J’ai trop de respect pour Dieu pour en faire une hypothèse scientifique» : ces mots de Georges Lemaître, géant de la cosmologie moderne mais aussi prêtre, homme de prière et de foi, que présente Florian Laguens dans son ouvrage, devraient faire réfléchir ceux qui espèrent ou entendent prouver l’existence de Dieu par la science. Et pourtant le Catéchisme [1] et le concile Vatican I [2] l’affirment avec saint Paul [3] : « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées. » Pour saint Thomas d’Aquin, qui reprend certaines démonstrations du païen Aristote et y ajoute ses propres « voies » [4], l’existence de Dieu, avec les autres vérités qui constituent les préliminaires de la foi, peut être connue par la raison naturelle.

Ni conformisme ni séparation

Face à l’apparente contradiction, une tentation peut être de se réfugier dans l’un des écueils opposés du concordisme ou de la séparation. Le premier plaque sur la science les convictions de sa foi (théiste ou non, car le plus répandu est certainement le conformisme athée), afin de faire concorder de force des objets situés sur des plans distincts. La seconde dissocie absolument ce qui relève de la foi et de la science, comme si l’une ne pouvait être rationnelle, et que l’autre devait se déployer dans une autonomie totale. Le dépassement de l’opposition, brûlante à la fin du XIXe siècle, lorsque se renvoyaient dos à dos scientistes et fidéistes, se trouve dans la troisième voie réaffirmée par l’Église à Vatican I et approfondie par Jean Paul II : « la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » [5].

Prendre Dieu dans les filets de la science ?

Reprenons l’apparent paradoxe : pour Georges Lemaître, le « Dieu caché » d’Isaïe est trop élevé pour devenir un objet de nos sciences expérimentales. Celles-ci en effet, que le belge pratiquait à la perfection, étudient le monde matériel et…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Abbé Paul Roy, FSSP

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Kyrie 11 Orbis Factor (temps ordinaire)

C’est probablement ce Kyrie 11 qui est le plus célèbre et le plus connu des fidèles, après le Kyrie 8 de la messe des anges.. Il se chante habituellement les dimanches du temps ordinaire et existe sous deux formes, l’une plus brève et plus antique (Xe siècle) ; l’autre plus prolixe, la plus connue, qui n’est qu’un développement mélodique du précédent, et qui se serait propagée entre le XIVe et le XVIe siècle. C’est un Kyrie du 1er mode, admirable de paix et de sérénité.

+

communion kyrie introït séquence pâques ascension glória
À la uneÉgliseChrétiens dans le monde

Catholicisme américain (4/4) : Un monde en tension

Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures » | Aux États-Unis, quatrième pays du monde par le nombre de catholiques, la foi s’inscrit dans un contexte contrasté où se mêlent ferveur liturgique, divisions doctrinales et stratégies d’influence sur la scène publique. Entre tradition et modernité, le catholicisme américain est à un tournant où l’arrivée d’un pape originaire du pays pourrait bien rebattre les cartes.

+

catholicisme américain
Église

Catholicisme américain (2/4) : Rome et Washington, rencontre au sommet

Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures » | La récente rencontre entre le pape Léon XIV et le sénateur J. D. Vance soulève des questions majeures sur l’avenir des relations entre Rome et Washington. Retour sur les enjeux géopolitiques, spirituels et symboliques de cet échange inattendu, dans un contexte où les catholiques américains retrouvent un nouvel élan sous l’impulsion d’un pape originaire des États-Unis. Entretien avec Nikola Mirkovic, auteur de L’Amérique empire.

+

catholicisme américain Trump Léon XIV Vance