Élections polonaises : les non-dits

Publié le 06 Nov 2023
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Andrzej Duda, président de la République de Pologne, venu du PIS, va devoir former un gouvernement avec Donald Tusk, gagnant des dernières élections avec une alliance fragile. © Sejm RP

Le 16 octobre, on apprenait la défaite du parti Droit et Justice (le PIS), au pouvoir depuis 2015, aux élections parlementaires polonaises. Défaite relative, cependant, puisqu’il a fallu l’alliance de trois partis pour le vaincre. Encore cette victoire de l’alliance, avec 53,71 % des voix, n’est-elle pas très solide. En effet, quand le PIS arrive en tête, en tant que parti, avec 35,38 % des suffrages exprimés, son opposition est divisée entre la Coalition civique, avec 30,7 % des voix, les Démocrates chrétiens, élus à 14,40 %, et La Gauche, à 8,61 %, qui représente un agglomérat de groupuscules gauchisants allant des néocommunistes aux écologistes. Encore La Gauche s’est-elle montrée réservée jusqu’à la fin, n’acceptant qu’une alliance électorale et non pas une liste commune comme l’aurait voulu la Coalition civique. En outre, la position du PIS est moins faible qu’il ne paraît à première vue. Le parti peut en effet compter sur l’extrême droite et totaliser ainsi 43 % des suffrages. Il serait alors à sept points de la majorité. Voilà bien où le bât blesse pour l’opposition. En effet, en théorie, Andrzej Duda, le président de la République en activité, devrait appeler le PIS à former le gouvernement, puisque ce parti fait le plus haut score avec 5 % de plus que la Coalition civique. Mais, en agissant ainsi, la majorité du Parlement étant passée à l’opposition, le gouvernement n’obtiendrait pas l’indispensable vote de confiance.  

Quel chef de gouvernement ?

Aussi, même si Duda sort lui aussi des rangs du PIS, on s’attend à ce qu’il nomme Donald Tusk, le chef de la Coalition civique, pour former le gouvernement. C’est l’hypothèse la plus crédible, sauf si les rangs de l’opposition se disloquent en raison de leurs divergences de vues. Tusk, son chef, est souvent perçu comme l’antinomie du PIS, spécialement ici en Europe de l’Ouest. Certes, cet ancien président du Conseil européen est un indéfectible européiste. Certes encore, comme La Gauche, son alliée, il soutient l’avortement et les « droits des minorités LGBT ». En revanche, il a tenu des propos critiques à l’égard de l’immigration, allant jusqu’à accuser le PIS d’avoir fait entrer des milliers de migrants « en provenance de pays islamiques ». La Gauche n’a pas apprécié. Quant à la Démocratie chrétienne, l’autre alliée de Tusk, elle se révèle plus conservatrice qu’on ne le croit. Elle entretient même des contacts avec les élus du PIS. Finalement pas très solide,…

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Alain Chevalérias

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