Au-delà des polémiques récurrentes et des assauts répétés contre l’enseignement catholique, peut-être est-il nécessaire de prendre un peu de hauteur et de profondeur historique pour en apprécier comme il se doit les admirables trésors.
D’abord, rappelons quelques simples vérités. Le Christ est le modèle et la référence de tout éducateur chrétien. Lui qui est « la vérité, le chemin et la vie » enseigne ses disciples et les foules, par sa parole et sa vie, en accord avec ce qu’il dit. Il demande à ses disciples : « Allez et enseignez toutes les nations » pour leur apporter le salut, en les « formant à la sagesse et à la vérité » (concile de Latran III, 1179) dans la vie terrestre en vue de la vie éternelle. Et l’Église depuis bientôt deux mille ans est fidèle à cette mission. Elle affirme aussi sans cesse le rôle premier des parents, « évêques de leurs enfants » selon saint Augustin, souligné par Jeanne d’Arc (« Personne ne m’a appris ma créance, sinon ma mère ») et conforté par bien des maximes bibliques. Depuis le XVIIIe siècle, l’Église défend aussi sa mission éducatrice et celle des familles, contre les prétentions de plus en plus totalitaires de l’État qui voudrait imposer son monopole scolaire.
Le relais de l’école antique
Ensuite, il faut évoquer – trop rapidement – l’ampleur dans le temps et l’espace des œuvres scolaires catholiques. Après l’écroulement de l’école antique, l’Église prend le relais. Dès 529, le deuxième concile de Vaison-la-Romaine demande aux prêtres de paroisse de recevoir chez eux les futurs clercs pour « leur apprendre les psaumes, les leçons de l’Écriture et toute la Loi ». En même temps, bien des monastères se dotent d’écoles pour enseigner les enfants, même ceux qui ne sont pas destinés à devenir moines. Ainsi le monastère irlandais de Bangor scolarise au VIIe siècle environ 3 000 enfants. Charlemagne généralise cette pratique en ordonnant à tous les monastères d’entretenir des écoles. De même le capitulaire d’Alcuin en 789 promeut la multiplication d’écoles paroissiales et épiscopales, gratuites au moins pour les pauvres. Des évêques y enseignent, vite relayés par les chapitres cathédraux. Le XIe concile œcuménique (Latran III), en 1179, demande à chaque cathédrale d’avoir « un maître chargé d’instruire gratuitement les clercs et les écoliers pauvres ». Ainsi naissent des écoles épiscopales, dont certaines existent encore. Surtout, on ne peut qu’admirer le prodigieux…