Alors que son livre, Les cloches sonneront-elles encore demain ? (Albin Michel) vient de sortir en librairie, Philippe de Villiers a accordé en exclusivité à L’Homme Nouveau un entretien dans lequel il lance un cri d’alarme face aux conséquences de l’immigration massive et un chant d’amour à la France, encore capable de se relever, en renouant avec son Histoire, sa culture, ses épopées et ses héros.
Sommes-nous confrontés à une guerre de sécession qui ne dit pas son nom ?
Oui ! À la suite de l’immigration de masse organisée par deux générations d’hommes politiques, nous sommes aujourd’hui devant une conquête et même une colonisation. Sur le sol français, deux Frances coexistent, avec deux peuples : un peuple neuf qui s’installe, avec ses fiertés, ses mœurs et ses héros et un peuple exténué, hagard, qui ne sait plus ni qui il est ni où il habite. Ces deux peuples se font face à face et cette situation révèle un conflit de civilisations. Je montre dans mon livre que cette colonisation n’est pas arrivée par hasard mais qu’elle s’est réalisée à partir du « plan secret des élites ».
« Le plan secret des élites » constitue d’ailleurs le titre d’un des chapitres du livre. Quel est-il exactement, ce plan ?
Il repose sur une instruction des Nations unies, elles-mêmes à la solde des firmes a-nationales, constamment à l’affût d’une main-d’œuvre bon marché. Il porte un nom : « Remplacement migration » et décrit un scénario pour la France qui prévoit l’entrée de « 16 millions de migrants de 2020 à 2040, soit 800 000 personnes par an ». Ce plan est ensuite décliné par un projet de recherche européen, intitulé « l’Eurislam » ou « Mutual accomodation » (accommodement mutuel) qui vise à acclimater l’Europe à l’islam. Ce plan a été appliqué par les pouvoirs publics successifs. Mais le plus fascinant et le plus vertigineux est que se réalisant sur fond de vieillissement de la population et de stérilisation du renouvellement, il va à la rencontre du projet secret des Frères musulmans. Celui-ci porte également un nom : « Tamkin », c’est-à-dire l’islamisation tranquille, par imprégnation et capillarité des territoires, des structures sociales et du récit collectif. Nous sommes donc confrontés à une situation où les élites occidentales d’un côté et les Frères musulmans et les salafistes de l’autre travaillent de concert à l’établissement d’un Califat islamiste en Europe considérée, selon les propos de al-Adnani, porte-parole de l’État islamique, comme le « ventre mou » de l’Occident.
Ne craignez-vous pas en parlant de projet, d’instruction, de plan, de vous laisser emporter par une vision complotiste ?
Ce n’est pas moi qui me laisse happer par une vision complotiste. Ce sont les élites européennes et les islamistes qui œuvrent pour changer la population occidentale. Ce que j’affirme dans mon livre s’appuie sur des documents et des faits. C’est le fruit d’une recherche. Pas d’une élucubration en chambre.
Mais pourquoi les élites occidentales voudraient-elles ce changement de population ?
Mais parce qu’elles prônent « la mondialisation heureuse » qui postule d’écarter les autochtones trop coûteux pour les remplacer par une main-d’œuvre bon marché. Toute la politique de la chancelière allemande, Angela Merkel, vis-à-vis des migrants, repose sur la volonté du patronat allemand de transplanter en Allemagne de nouvelles populations dont on espère qu’elles seront moins chères.
Dans le cas de l’Allemagne, ne sommes-nous pas face également à une mauvaise conscience née des atrocités de la Seconde Guerre mondiale ?
Les élites occidentales dans leur ensemble versent dans la mémoire pénitentielle et imposent leur repentance, leur honte et leur anéantissement à toutes les populations européennes. Nous sommes en train de vivre un chassé-croisé qui troque notre Histoire contre une histoire halal, compatible avec la nouvelle population. En fait, nous ne faisons pas face à une colonisation, mais à un projet de contre-colonisation. Des territoires entiers, des parcelles de notre pays sont habités aujourd’hui par des peuples nouveaux avec leurs mœurs, leurs lois, leurs idéaux et leurs héros qui n’ont aucun rapport avec les nôtres et qui se sont le plus souvent façonnés contre les nôtres.
Notre propre Histoire a eu pourtant un moment partie liée avec ces populations à travers la colonisation. D’une certaine manière, que nous le voulions ou non, ne s’est-il pas créé alors une sorte de communauté de destin avec ces peuples, qui nous oblige aujourd’hui ?
Il faut vraiment être aveugle pour croire qu’il ait pu se créer une communauté de destin. Ce qui existe réellement, c’est une communauté de ressentiment. Pour preuve, je ne prendrai qu’un exemple. Cet été s’est déroulée une université « décoloniale », au nom de la minorité racialisée, excluant les Blancs, pour décoloniser l’Europe d’elle-même. En d’autres termes, les colonisateurs qui s’installent sur notre territoire veulent donner aux Français, qu’ils appellent des céfrans, des kouffars, des « face-de-craie », le sentiment d’être expulsés de leur territoire, de leur façon de vivre et de leur Histoire. Le filigrane de mon livre repose sur un constat. La France a connu des grands malheurs : les invasions barbares, la guerre de Cent Ans, la défaite de 1940. Elle s’est toujours relevée, s’appuyant sur une mémoire douloureuse et victorieuse. Aujourd’hui, elle doit affronter le plus grand des malheurs, celui de disparaître.
Vous reprenez là la théorie du « grand remplacement » ?
Le grand remplacement n’est pas une théorie. Avec son immense talent, l’écrivain qu’est Renaud Camus a posé des mots sur la réalité de la migration de remplacement. Plutôt que de s’attaquer au problème, on a préféré s’en prendre à l’écrivain, devenu le véritable bouc émissaire de nos lâchetés.
Y a-t-il des chiffres qui corroborent la description terrible que vous faites de la situation de la France ?
En France, il est interdit de réaliser des statistiques ethniques ou religieuses. Il n’y a donc pas de chiffre. Cependant, rappelez-vous. Ce n’est pas moi, mais Patrick Kanner, le ministre de la Ville, qui a parlé de l’existence d’une centaine de Molenbeek en France. Récemment, à Viry-Châtillon, une voiture de police a été attaquée avec des cocktails Molotov. Il y a des territoires en France dans lesquels les policiers n’entrent pas sans prendre le risque d’être attaqués, tués, brûlés. Une récente étude de l’Institut Montaigne a montré que 28 % de musulmans présents en France sont en sécession avec tout ce que représente l’Occident et entendent appliquer la charia, la loi islamique et plus de 25 % a une forte pratique religieuse. Nous assistons à la halalisation de la France et les reculs s’accumulent. Nous reculons sur le voile, sur la nourriture halal, sur les mosquées salafistes.
Justement, que faut-il faire des mosquées ?
Selon les chiffres que j’ai pu avoir auprès des services de renseignements, il y a actuellement 225 mosquées salafistes et deux fois plus de mosquées aux mains des Frères musulmans. Il est urgent d’arrêter les nouvelles constructions de mosquées parce qu’elles impliquent une double infiltration. D’abord celle du wahhabisme. Des mosquées glissent vers la salafisme et les Frères musulmans. Leur vision de l’islam est incompatible avec la civilisation française. Ensuite l’infiltration des pays étrangers. 50 % des mosquées sont financées par des pays comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Algérie ou le Maroc. Elles sont souvent aux mains d’imams étrangers qui imposent leur vision du monde. Et celle-ci n’est pas conforme à la civilisation française.
Mais n’est-ce pas finalement une garantie de savoir que le financement vient d’un pays comme le Maroc, par exemple ?
Non, tout simplement au nom du vieux principe de réalité : qui paye commande ! Nous ne pouvons pas accepter que des morceaux de terre française passent sous la coupe étrangère.
La solution se trouve-t-elle alors dans l’islam à la française qu’a voulu installer Nicolas Sarkozy ?
Comme le révèle le livre de Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy a voulu déléguer à travers cet islam à la française le contrôle social des banlieues. Mais la France et l’islam sont incompatibles. Pour l’islam, il n’y qu’une seule nation, l’Oumma, qui est la meilleure communauté du monde, la seule qui mérite d’exister. Il n’y a qu’une seule loi, la charia, qui impose l’inégalité entre les hommes et les femmes, interdit aussi la possibilité de changer de religion, refuse de distinguer entre les domaines spirituel et temporel. Il n’y a qu’une seule humanité : celle qui est soumise à l’islam. Ces trois aspects reposent sur le Coran qui est d’origine divine. Allah a parlé une fois pour toutes à Mahomet. Aux yeux de l’islam, les musulmans qui veulent adapter le Coran sont tout simplement des blasphémateurs. De ce fait, un islam de France est impossible.
Beaucoup des migrants qui arrivent aujourd’hui en Europe sont des musulmans. Que faut-il faire face à cette tragédie humaine ?
C’est une véritable folie que d’accepter l’entrée de tous ces migrants. Avez-vous remarqué que les chrétiens d’Orient ne migrent pas ou alors dans des pays limitrophes aux leurs afin d’y retourner. Il faut donc retrouver nos frontières nationales et appeler l’Arabie Saoudite et le Qatar, les pays les plus riches du monde, à accueillir la misère du monde, de même religion et de mêmes mœurs qu’eux. Récemment, un dignitaire chrétien d’Orient me disait : « Vous nous avez abandonnés, ce qui nous est arrivé, va bientôt vous arriver ». Dans mon livre, je montre que la classe politique est achetée par l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui contrôlent ainsi notre politique étrangère et installent l’islam dans nos banlieues. Nous sommes confrontés à une double dhimmitude. Une grande dhimmitude au Proche-Orient et une petite dhimmitude, pour l’instant, en Europe.
À propos des migrants, vous avancez le chiffre de 3 000 à 5 000 terroristes qui seraient passés en Europe par ce biais.
Je ne fais que reprendre les chiffres des services de renseignements. Mais, là encore, souvenez-vous. Avant les attentats du Bataclan et du Stade de France, Hollande, Valls et Cazeneuve ne cessaient de redire qu’il n’y avait aucun rapport entre les migrants et les terroristes. Mais la réalité a fini par s’imposer et les Français se rendent de plus en plus compte de ce lien.
Avant même les attentats, l’immigration de masse, la crise identitaire, n’avions-nous pas en partie abdiqué dans nos têtes en oubliant nos racines. La hiérarchie ecclésiastique n’a-t-elle pas une responsabilité à ce sujet ?
Une société qui garde le sens du sacré, le goût des racines et qui fait prévaloir les mœurs sur les lois est une société qui assimile plus facilement qu’une société nihiliste, hédoniste, consumériste, en proie au déracinement. Toutes les cléricatures sont responsables de cette situation. Mais il est vrai qu’au temps de saint Thomas d’Aquin, les chrétiens appelaient l’islam, la loi des Maures. Ils avaient bien compris que l’islam n’est pas seulement une religion, c’est une loi, une société, une civilisation. Et celle-ci n’était pas compatible avec le christianisme. La déclaration conciliaire Nostra Ætate sur les rapports de l’Église avec les religions non chrétiennes affirme depuis, en substance, que l’islam et le christianisme auraient des points communs comme Jésus, Marie et Abraham. En d’autres termes, c’est la porte ouverte à la confusion, à un dialogue sur les principes et à une reddition en rase campagne par le seul effet d’une peur théologique dissimulée et habillée de bons sentiments. Le voyage de François à Lesbos a marqué également les esprits puisqu’il a ramené, chiffre hautement symbolique, 12 musulmans. Il a ensuite comparé la violence islamique à la violence de chrétiens et se montre favorable au multiculturalisme pour l’Europe. Comme beaucoup de Français, je suis dans la souffrance et l’incompréhension, lesquelles s’accroissent après la déclaration du cardinal Barbarin saluant la création de l’Institut français de civilisation musulmane à Lyon et appelant les chrétiens à découvrir – je le cite – « les apports de l’islam à la chrétienté ». Une déclaration qui n’a pu que remplir d’aise le recteur Kamel Kabtane… Quant à la déclaration de la « Conférence des évêques de France », elle préconise le multiculturalisme et recommande d’accepter l’invasion, au nom du « Vivre ensemble ».
En revanche, je constate que la nouvelle génération de prêtres est en accord avec mon analyse et que depuis l’égorgement du Père Hamel, beaucoup prennent conscience des candeurs coupables. Il est urgent de comprendre que l’islam est une religion de conquête. Le Coran a très tôt conduit les musulmans à considérer la division du monde en deux blocs antagonistes : le Dar al-Islam (la Demeure de l’Islam) où prévaut la vraie paix et le Dar el-Harb (Demeure de la Guerre) qu’il faut soumettre de gré ou de force. Or la France et la civilisation occidentale reposent sur une différence anthropologique radicale qui se déploie dans de multiples aspects, depuis la considération pour la personne jusqu’à la distinction du temporel et du spirituel.
Votre livre s’intitule Les cloches sonneront-elles encore demain ? Comment pourrons-nous refaire sonner nos cloches ?
Mon livre est un cri d’alarme et un chant d’amour. De manière urgente, il nous faut rétablir nos frontières, stopper la construction des mosquées et ne plus lâcher un pouce d’éléments symboliques. Mais une nation repose sur un lien amoureux. Il nous faut un élément fédérateur. Nous ne pouvons pas recourir à l’ancien roman national qui a été noirci. Il nous faut donc en inventer un nouveau afin de proposer aux Français de souche comme aux Français de désir un bagage imaginaire qui habille leurs rêves. Le Puy-du-Fou a démontré que l’enracinement et le beau sont des catalyseurs d’énergie et peuvent contribuer à faire descendre la France dans les cœurs. L’essentiel passe par le cœur. Il faut donc dire aux musulmans : vous pouvez devenir Français, mais il ne suffit pas d’être un Français de préfecture parce qu’il ne s’agit pas simplement d’adhérer à un code de bonne conduite. Personne n’a jamais été amoureux d’une ligne blanche continue. Il faut aimer notre Histoire, notre culture, nos épopées, nos héros, ce ciment qui agrège et qui élève.
Philippe de Villiers, Les cloches sonneront-elles encore demain ? , Albin Michel, 320 p., 22,50 €.