André Derain (1880-1954) est à l’honneur au Centre Pompidou. Cette nouvelle exposition montre la diversité de ses intérêts plastiques en rassemblant 70 de ses peintures, un grand nombre de dessins, de gravures et de photographies, quelques films et certaines sculptures et céramiques.
Le visiteur découvre des illustrations réalisées à l’encre pour les deux romans écrits par Vlaminck avec lequel il partage à ses débuts un atelier à Chatou. Le trait est concis, sans chercher le réalisme, proche de la caricature (Deux personnages sur un lit, 1902). En 1905, il rejoint Matisse à Collioure, et semble inspiré par les paysages et la lumière du midi. Le portrait d’Henri Matisse détonne, rien de classique dans l’utilisation des couleurs. Aujourd’hui, cela passe inaperçu mais en ce début du XXe siècle, le regard commun n’est pas le même. Les montagnes à Collioure (1905) ont des ombres aux colorations audacieuses (versant rouge ou bleu) tandis que les arbres rappellent ceux de Van Gogh. On comprend la stupéfaction de la critique lors de l’exposition de ses toiles avec celles d’autres peintres de la même veine qui fit naître le fameux scandale de la « cage aux fauves ».
Sur le conseil de son marchand, Ambroise Vollard, en 1906 puis en 1907, Derain part à Londres, fait des croquis puis peint des vues de la Tamise à son retour, tentant de rivaliser avec Monet. Grand admirateur de Cézanne, il produit ensuite des paysages cubistes, Vue de Cagnes (1910) aux couleurs assagies (brun, ocre, vert). Enfin, un retour à une certaine figuration le sépare de ses amis artistes.
De sensibilité anarchiste dans sa jeunesse, probablement traumatisé par la Première Guerre mondiale où il fut mobilisé, il semble perturbé par l’orientation que prend la peinture, écrivant: « Comment peindre après tout ce que nous avons vécu, de l’impressionnisme à l’abstrait ? »
Jusqu’au 29 janvier 2018 au Centre Pompidou. Place Georges-Pompidou, 75004 Paris (Niveau 6). Tous les jours de 11 h à 21 h. Le jeudi jusqu’à 23 h. Fermé le mardi.