Au Musée d’Orsay, une surprenante exposition d’œuvres religieuses est donnée à contempler, surprenante car on est plutôt habitué à y voir des œuvres laïques… Le peintre et poète Louis Janmot (1814-1892) est mis à l’honneur. Et c’est autour du grand cycle de peintures attaché à un long poème (1814 vers) qu’il rédigea, que se déploie le parcours.
Cet ensemble est présenté pour la première fois dans sa totalité. Deux séries se succèdent autour de l’histoire d’une âme, de sa naissance – créée au Ciel –, à son retour en Paradis grâce à la miséricorde divine. Profondément catholique, cet élève d’Ingres, remarqué par Delacroix, est à la croisée de plusieurs courants artistiques.
Accueilli par un autoportrait de jeunesse, le visiteur découvre le visage tourmenté à la manière des Romantiques de ce Lyonnais qui était gaucher. Il dessine avec brio et peint habillement. Dans un premier temps, dix-huit peintures à l’huile harmonieuses, parfaitement composées et réalisées entre 1835 et 1854, illustrent la vie d’un jeune garçon vêtu d’une longue robe vieux rose, accompagné d’une jeune fille en blanc. Au premier coup d’œil, ces œuvres peuvent paraître un peu douceâtres, mais il en émane une certaine dévotion qui témoigne de leur authenticité. Des réminiscences d’Ingres mais aussi de Raphaël ou de Fra Angelico sont perceptibles. D’autres toiles du cycle sont insolites, plus inventives et presque surréalistes ainsi Le Mauvais sentier où les deux enfants, innocents, montent un escalier bordé d’un mur percé de niches habitées « d’hommes vêtus de noir »…
Le deuxième cycle réalisé au fusain comporte seize dessins sur papier marouflé sur toile. Les inquiétudes, les tentations, dont celle du désespoir représenté sous la forme d’un fantôme entièrement voilé et noir, sont perceptibles… Mais grâce à la foi, l’homme connaît la rédemption. Et la dernière scène, Sursum corda, qui rappelle certaines compositions de Fra Angelico, montre l’homme délivré et accueilli au Ciel par Beatrix de Dante.
Un gigantesque travail, très sincère mais peut-être parfois un peu trop descriptif au risque de lui faire perdre sa dimension poétique et inspirée.
À ne pas manquer !
Jusqu’au 7 janvier 2024.
Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. Tél. : 01.40.49.48.14.
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9 h 30 à 18 h, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Cette exposition est organisée par les musées d’Orsay.
Catalogue : Louis Janmot, Le Poème de l’âme. Sous le direction de Servane Dargnies-de Vitry et de Stéphan Paccoud, Éd. Musée d’Orsay/In Fine Éditions d’art, 192 p., 35 €.
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