Il faut souvent du temps pour recevoir, comprendre et s’approprier ce que des géants de l’humanité ont découvert, créé et donné à leurs congénères. Voilà déjà dix ans que saint Jean-Paul II est mort. Ce recul permet de mieux réaliser ce qu’il a été et ce qu’il a transmis aux générations ultérieures. Au mitan de la Neuvaine de prière et de jeûne pour la France lancée par le cardinal Barbarin (15 novembre-15 août 2015) dans laquelle des dizaines de milliers de fidèles se sont engagés, il convient de méditer le dernier ouvrage de saint Jean-Paul II, Mémoire et identité.
Paru quelques semaines avant sa mort, le dernier livre de Jean-Paul II, Mémoire et identité (1), s’enracine dans des entretiens que le Saint-Père a eus en 1993 avec deux de ses amis, philosophes polonais. Il a ensuite été développé de telle manière qu’il peut être lu comme un testament, ou en tout cas un livre très personnel dans lequel le pape livre quelques clefs de sa vision de l’Histoire, principalement du XXe siècle européen. La date des entretiens n’est pas anodine. Peu de temps après l’effondrement de l’empire soviétique, alors que tout laisse à penser que le modèle américain a gagné, saint Jean-Paul II identifie que le cycle des « idéologies du mal » n’est pas clos. Victorieuse des deux totalitarismes, nazi et communiste, la démocratie libérale apparaît à beaucoup, par contraste avec ces figures manifestes du mal, comme l’incarnation du régime conforme au vrai bien humain.
Or il n’en est rien. Les attentats contre la vie humaine et les transgressions de l’ordre moral protecteur des êtres les plus fragiles y sont légitimés par des lois iniques votées démocratiquement. Que le mal soit engendré par la dictature d’un parti unique ou par des parlements issus du suffrage universel ne change rien à sa nature perverse. C’est pour diagnostiquer une telle tentation et dénoncer un tel aveuglement que saint Jean-Paul II publie en 1993 sa grande encyclique Veritatis splendor sur les fondements de la morale puis, deux ans plus tard, L’Évangile de la vie. L’enjeu auquel l’Occident est confronté, et avec lui les pays libérés du bloc soviétique, porte sur la nature et la finalité de la liberté humaine.
Irresponsable…
La dérive de la démocratie libérale…