Faut-il payer l’impôt ?

Publié le 21 Nov 2013
Faut-il payer l'impôt ? L'Homme Nouveau

Révolte des bonnets rouges et ras-le-bol fiscal. Aujourd’hui, l’impôt est remis en cause alors même que le retour de l’État providence avait été envisagé pour sauver la France des menaces de la crise. Le devoir civique aurait-il des bornes quand l’État semble prendre tous les droits et impose et taxe sans merci ? Nous avons demandé à Michel Boyancé, doyen de la Faculté libre de philosophie comparée (IPC-Paris) d’apporter l’éclairage de la philosophie classique.

Il semble que les chrétiens doivent répondre par l’affirmative à la question de savoir si payer ses impôts est un devoir civique. Cela est posé explicitement par saint Paul (Rm, 13,7) :

« Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui les taxes, les taxes (…) ».

Cependant, une certaine conception contemporaine de l’État risque d’absolutiser cet acte de citoyenneté. Dans la mesure où l’on pense que l’État fait la société, que l’individu devient citoyen par la volonté générale, l’obéissance à la loi que l’on s’est prescrite étant liberté, comme le proclame Rousseau, le fait de payer ses impôts devient une nécessité absolue. Un devoir au sens d’un impératif catégorique qui s’impose de manière systématique pour accomplir la réalité de l’État de droit. Mais l’État a-t-il tous les droits ?

Un devoir subordonné à la justice

La philosophie sociale et politique incluse dans la doctrine sociale de l’Église développe un ensemble de considérations qui relativise ce devoir civique en le subordonnant, de part et d’autre, à la justice (ce que saint Paul mentionne dans le fait de « rendre à chacun ce qui lui est dû »). Celle-ci se déploie en trois dimensions principales : distributive (dans la répartition équitable des biens), commutative (dans les échanges entre particuliers) et générale (en vue du bien de tous). Toute autorité politique et juridique doit se soumettre à ces rapports de justice, toujours en vue du bien commun, c’est-à-dire du meilleur bien des personnes en relation les unes aux autres dans l’unité d’une société politique.

Pour bien comprendre cette position, il importe de préciser que ce que l’on désigne par État n’est pas une entité réelle. Le terme État renvoie en fait à ceux qui ont la…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociétéFin de vie

Fin de vie : les paradoxes d’un projet de loi

Entretien | Depuis ce lundi 12 mai, l'hémicycle de l'Assemblée nationale est le théâtre d'une évaluation des deux textes, l'un portant sur la fin de vie et l'autre sur les soins palliatifs. Le 27 mai est la date prévue pour les votes distincts. Entretien avec Joël Hautebert, professeur d’histoire du droit.

+

euthanasie fin de vie
SociétéÉducation

Les Académies Saint-Louis au service de l’éducation intégrale

Initiatives chrétiennes | Le premier internat des Académies Saint-Louis ouvrira ses portes à la rentrée 2025 en Sologne. Porté par une équipe d’éducateurs inspirée par les grands pédagogues chrétiens, ce projet ambitieux veut offrir aux garçons un cadre de vie structurant, fondé sur l’exigence académique, la vie communautaire et l’attention personnalisée.

+

Académie Saint-Louis de Chalès
Société

La famille au cœur : entretien avec Pascale Morinière

Entretien | La famille est-ce une notion obsolète ou dépassée ? Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholique (AFC) et médecin généraliste de formation, nous explique les défis des familles, le potentiel qu’elle représente dans un monde en perpétuelle mutation.

+

famille
SociétéPhilosophie

L’homme est-il une entité vivante comme les autres ?

L'Essentiel de Joël Hautebert | Depuis le XIXᵉ siècle, l’organicisme naturaliste assimile la société à un corps soumis à des lois biologiques. Ce glissement matérialiste bouleverse la conception de l’État, la place de l’homme dans la nature et l’identité collective, au risque d’effacer liberté, morale et spiritualité. 

+

ORGANICISME homme vivant