Halloween, une diablerie juteuse

Publié le 31 Oct 2018
Halloween, une diablerie juteuse L'Homme Nouveau

Cela dure depuis plus de vingt ans et, même si, passé le premier engouement, la grosse machine commerciale qui sous-tendait tout cela s’est un peu grippée, nous ne couperons pas, en cette fin octobre, aux vitrines orange, pleines de citrouilles, sorcières, balais, squelettes et araignées. Halloween a encore frappé.

La télévision vous répétera qu’il s’agit d’une coutume celtique transportée en Amérique par les Irlandais fuyant la grande famine. Posez la question à des Irlandais, catholiques pratiquants… Vous verrez ce qu’ils vous répondront !

Au commencement, il y avait Samain. Pour autant qu’il soit possible d’appréhender les croyances druidiques non écrites, la première quinzaine de novembre semble avoir correspondu, dans le monde celte, au début de la nouvelle année. Ce passage ouvrait une porte entre le monde des vivants et celui des morts. Pendant plusieurs nuits, les défunts revenaient où ils avaient vécu, sans intention hostile. Les enfants conçus ou nés en cette période possédaient le don de communiquer avec l’univers invisible.

La christianisation rapide du monde celtique ne détruisit pas cette croyance, qui perdura localement jusqu’au XXe siècle, en l’ouverture d’un portail entre les deux mondes, même si, en Bretagne, l’on tendit à la faire coïncider avec la nuit de Noël. 

À la fin du Xe siècle, l’abbé de Cluny, Odilon de Mercœur (962-1049), qui déplorait le maintien dans les campagnes des anciennes festivités païennes, eut l’idée de les christianiser. Depuis plusieurs années, sous son impulsion, Cluny célébrait, chaque année, mi-novembre, ses défunts. S’inspirant de cette Toussaint monastique, dont l’usage s’est perpétué dans les grands ordres, Odilon instaura, les 1er et 2 novembre, apogée des festivités de Samain, une double célébration de tous les fidèles défunts, l’une honorant les élus parvenus à la gloire éternelle du paradis, l’autre ceux qui souffraient en purgatoire. Ainsi naquirent la Toussaint et le Jour des Morts.

Les fêtes religieuses débutant la veille à l’heure des vêpres, la Toussaint se célébrait dès la tombée du soir le 31 octobre. Dans les pays de langue anglaise, l’on parla donc d’All Saints Eve, la veillée de tous les saints, expression déformée en Halloween. Il s’agissait bien, cependant, de la célébration catholique. Dans les régions de traditions celtiques, les antiques croyances de Samain vinrent en partie s’y confondre.

Transportées outre-Atlantique, elles y deviendraient, tardivement, la fête macabre que nous connaissons, sans grand-chose à voir ni avec la Toussaint ni avec Samain.

L’introduction en Europe, plus spécialement dans les pays catholiques, de ces « traditions » américaines, dans les années 1990, visait plusieurs buts : commerciaux, évidemment, mais aussi remplacement par une fête païenne, voire satanique, – le prouve assez l’hécatombe à cette date de chats noirs immolés au démon, au point que la SPA refuse, dit-on, toute adoption des pauvres félins supposés voués au diable en octobre… – de la très catholique Toussaint, en s’appuyant sur l’engouement des jeunes et des enfants pour les figures d’épouvante.

Financièrement parlant, Halloween a du plomb dans l’aile, mais que cela ne vous empêche pas d’expliquer à vos commerçants pourquoi vous en refusez les prétendus rituels ! 

Son instauration médiatique a-t-elle contribué à détourner nos contemporains de la traditionnelle visite au cimetière ? Force est en tout cas de constater, d’année en année, qu’elle se perd jusque dans les régions qui y restaient le plus attachées.

Reste à prier les âmes de nos défunts de nous aider dans la reconquête catholique.

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