Le dernier ouvrage de Lorànt Deutsch, Hexagone, sur les routes de l’histoire de France, fait débat. Quelques historiens très marqués à gauche s’acharnent sur l’auteur qui n’en demandait pas temps. Accusé de tous les péchés du monde, suspecté de maurrassisme et d’adhérer au choc des civilisations (en raison de sa relation de la bataille de Poitiers en 732), Deutsch est pour ces contempteurs l’un de ces nouveaux « historiens de garde » aux côtés de Jean Sévillia, Dimitri Casali, Franck Ferrand, Max Gallo, Philippe de Villiers ou Stéphane Bern.
Dans la ligne de mire
Ces écrivains, journalistes, essayistes ou comédiens sont accusés par quelque quarteron de falsifier l’Histoire en réinventant le « roman national » cher au républicain Lavisse comme au royaliste Bainville. Comme si l’écriture de l’Histoire était l’apanage de ceux qui avaient étudié cette discipline à l’université et que le plébéien n’avait qu’à se contenter d’essayer de lire et d’approuver la vulgate laborieuse de ces nouveaux censeurs. Dans leur ligne de mire, la cible principale est Lorànt Deutsch qui, depuis la sortie de son livre précédent Métronome, l’histoire de France au rythme du métro parisien, connaît un succès impressionnant. Ce qui lui est reproché est donc de servir au lecteur une « histoire identitaire » de la France, une « histoire bataille » vilipendée par les tenants de la « Nouvelle Histoire » et par les inspecteurs généraux de l’Éducation nationale depuis les années 1970. Et pourtant, on ne cesse de rappeler aux étudiants qui préparent les difficiles concours du CAPES et de l’agrégation que la chronologie est indispensable avant de s’atteler à l’étude de la vie quotidienne, aux mentalités, à l’Histoire religieuse et culturelle, économique et sociale.
Un guide du routard historique
Deutsch n’est pas un historien et ne se revendique pas comme tel. Il n’est pas non plus un chercheur, se contentant de compiler, avec talent, les auteurs qu’il a lus et étudiés afin d’en faire un « digest » à sa façon. Tel est la quintessence de son Hexagone, tenant à la fois du Guide du routard pour le style et des affiches double face de La Maison des instituteurs pour les descriptions des évènements tout en y intégrant les résultats de dernières recherches sur tel ou tel sujet. Hexagone n’est pas exempt d’erreurs (le passage sur les Lumières est naïf), d’omissions, de partis pris et d’idéologie mais quel livre, particulièrement en Histoire, ne l’est pas ? Plutôt que d’étudier Vercingétorix, Clovis, Charles Martel, saint Martin, saint Louis, Louis XIV, Napoléon et Charles De Gaulle, et l’Histoire des Français de leur temps, les concepteurs des programmes actuels, véritables fossoyeurs de la mémoire et de l’Histoire, imposent aux élèves des sujets aussi incongrus que l’Inde des Gupta (programme de 6ème), l’Empire du Monomotapa (programme de 5ème) ou « Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875 » (programme de Terminale ES et L).
Une belle histoire
L’Hexagone de Lorànt Deutsch est une belle histoire ; celle de la longue procession où se côtoient les rois, les héros, les saints et les peuples qui en vingt-cinq siècles « firent la France ». L’auteur aime à répéter cette sentence :
« Je n’ai qu’un seul défi, un seul combat, c’est de dire du bien de mon pays. »
En lisant son livre, on ne peut que lui donner raison.