Ils sont venus dire non à la PMA et la GPA !

Publié le 10 Oct 2019
Ils sont venus dire non à la PMA et la GPA ! L'Homme Nouveau

Le mouvement est lancé et selon les organisateurs « il ne s’arrêtera pas ». Le dimanche 6 octobre, ils sont venus de toute la France pour dire non à la PMA « pour toutes » ainsi qu’au passage en force de la GPA, inscrite dans le projet de loi sur la PMA à la suite de l’amendement déposé par Jean-Louis Touraine dans la nuit du 3 octobre dernier.  Retour sur cette journée de mobilisation et coup de projecteur sur plusieurs personnalités venues gonfler les rangs des manifestants.

Combien étaient-ils ? Selon les organisateurs qui l’ont annoncé en direct, vers 17h00, il y avait 600 000 manifestants. Selon la préfecture de police de Paris, ils étaient 42 000, et, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurrence, 74 500. Il existe plusieurs méthodes de comptage. En retenant celle des flux globaux (moyenne de 30 à 40 000 manifestants par km parcouru), et celle des flux horaires (moyenne de 50 à 60 000 par heure), on arrive à un calcul approximatif de : +/- 120 000 manifestants. Mais cela dépend aussi de la largeur des rues ! Laissons, donc, cette bataille de chiffres derrière-nous. C’est une question de communication et de perspectives. Ce qui est certain, c’est que tant sur le fond, que sur la forme, le bras-de-fer a bel et bien commencé entre le gouvernement et le collectif d’associations qui s’oppose à l’ouverture de la procréation médiaclement assistée (PMA) aux femmes en couple homosexuel ou célibataire et à la gestation pour autrui (GPA). 

De La Manif Pour Tous à Marchons Enfants !

Rappelez-vous, il y a 7 ans, en 2012, ils étaient, aussi, plusieurs centaines de milliers à manifester contre la Loi Taubira, contre le mariage « pour tous ». A sa tête, il y avait l’ancienne égérie de la gay-pride devenue égérie de la Manif Pour Tous, Frigide Barjot. Cette-dernière n’avait fait qu’un parcours-éclair de porte-parole, avant d’être éjectée d’un mouvement qu’elle avait trop voulu personnaliser à sa guise. Depuis, La Manif Pour Tous (LMPT) a mûri et a élagué certaines branches incertaines. Aujourd’hui, Ludovine de la Rochère en est sa Présidente, Albéric Dumont, son Vice-président, Frank Meyer et Jean-Pier Delaume-Myard, ses portes-paroles. Mais LMPT n’est pas la seule association à manifester. Le collectif « Marchons enfants ! » en regroupe une vingtaine, dont les Associations Familiales Catholiques, les Maires pour l’Enfance, Alliance Vita.  Le collectif devrait encore se renforcer dans les semaines à venir. 

Liberté, égalité, paternité

Ce 6 octobre en début d’après-midi, les manifestants sont de plus en plus nombreux. Ils s’impatientent place Edmond Rostand, à deux pas du Jardin du Luxembourg, du Panthéon et du Sénat. Ils sont des dizaines de milliers avec des drapeaux estampillés : liberté, égalité, paternité. Toutes les générations sont représentées. Il y a des grands-parents et des familles entières avec quatre, cinq ou six enfants. Et, ils viennent de Montpellier, de Lille, de Rennes, de Lyon, de Nantes, de Marseille, de Toulon, de Bordeaux, de Rouen.. Et, devant la scène mobile sonorisée, comme lors d’un concert, les premiers témoins défilent pour dire  : « Un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour aimer, grandir et se développer. La loi va imposer la naissance d’enfants sans père.» Le départ est, finalement, lancé vers 14h00. La manifestation s’ébranle, dans une ambiance à la fois grave et festive, derrière la banderolle de tête, tenue par les principaux organisateurs. Sur la banderolle est écrite la phrase : « La République est là pour protéger tous ses enfants »

« On ne va rien lâcher »

Dans la foule, Antoine est venu de Toulon avec son fils Paul, il est presqu’en colère contre ce gouvernement qui veut « abolir toutes nos références, tout ce qui constitue l’équilibre de nos familles ». Pierre et Flore ont fait la route avec leurs cinq enfants depuis la Touraine : « Nous disons NON à la PMA sans père ». Ils étaient déjà venus manifester contre le mariage « pour tous ». Ils préviennent : « Ce n’est que le début, on ne va rien lâcher, on va se battre jusqu’au bout pour que cette loi ne passe pas. » Quelques rares évêques (quatre ou cinq) sont là. Mgr Dominique Rey, du diocèse de Fréjus-Toulon, a fait tout spécialement le déplacement. Pour lui, « il existe un risque civilisationnel, un risque de commercialisation du vivant. Le désir d’enfants est légitime, mais l’enfant a besoin d’un père et d’une mère. Il a besoin de s’identifier à son père, à sa mère. Ma présence est celle d’un croyant, d’un humain, d’un citoyen qui veut défendre le couple, la famille qui est le socle de notre société, de notre humanité. Avec cette loi la famille est amputée, et l’humanité est menacée de disparaître.» 

Le ton est donné, l’enjeu fixé.

Des élus dans la rue

A quelques mètres de là, des élus du Parti Chrétien-Démocrate (PCD), des Républicains, du Rassemblement National (RN), du mouvement des Poissons Roses, proche du Parti Socialiste, se rassemblent. Jean-Frédéric Poisson, du PCD, revient sur l’amendement GPA : « il est très emblématique de cette majorité présidentielle. Il y a eu aussi des amendements sur l’autorisation du mariage à trois. En commission nous avons parlé de la possibilité d’ouvrir la conservation des gamètes pour des laboratoires à but lucratif. Tout cela va dans le même sens : la création de la marchandisation de la vie. » Agnès Thill est la seule députée de La République en Marche (LRM) qui s’est opposée à la PMA. Elle a, d’ailleurs, été exclue du parti le 26 juin dernier. Elle voulais manifester : « cela ne leur suffit pas de m’avoir exclue. LRM demande, maintenant, ma démission du Conseil Supérieur des Programmes de l’Education Nationale…Il y a un acharnement incroyable. » En interne, elle a, néanmoins, été soutenue par quelques députés LRM. « Mon combat contre la PMA est motivé uniquement par des questions philosophiques. Est-ce que tout désir a vocation à être assouvi, à faire l’objet d’une loi ? Ma réponse est non.» Plus loin, Nicolas Bay, député européen du Rassemblement National, est venu lui aussi soutenir tous ces Français qui s’opposent à l’extension de la PMA aux femmes homosexuelles et aux femmes seules. « Je viens défendre l’intérêt supérieur des enfants, et des générations à venir. L’altérité homme-femme est un des éléments qui permet à un enfant de se construire. Ce gouvernement est sourd à l’Académie de Médecine, aux Etats-Généraux de la Bioéthique et aux Français…»

« Emmanuel Macron va beaucoup trop loin »

Tout devant, Ludovine de la Rochère tient à « saluer tous ces Français courageux, investis, qui ont pris sur leur temps libre pour venir exprimer que la société ne peut pas faire volontairement des enfants sans père, qu’elle ne peut pas utiliser des embryons, comme si c’était un matériau humain. Elle ne peut pas fabriquer des embryons transgéniques. Emmanuel Macron va beaucoup trop loin, c’est très clair. C’est trop grave. Nous demandons un moratoire sur le projet de loi… » Pour Pascale Morinière, la Présidente nationale des AFC, « nous ne pouvons pas laisser croire qu’il y a un nouveau monde qui est en train de se mettre en place et que tout se vaut. La réalité, c’est que 75% des enfants vivent avec leur père et leur mère. La PMA c’est le cheval de troie pour continuer à désintégrer la famille ». Jean-Pier Delaume-Myard est depuis 2012, l’un des portes-paroles de La Manif Pour Tous. Homosexuel, il descend dans la rue pour dire « non à la PMA ». Il rappelle son combat : « depuis 2013, je porte la parole des homosexuels, car on fait croire que ces lois sont faits pour les homosexuels, en fait c’est faux. Elle sont faites pour un lobby gay. La Loi Taubira était truquée dès le départ, puisqu’elle prévoyait l’adoption pour les couples homosexuels. Et, forcément on allait arriver à la PMA pour les femmes. Un enfant a besoin de connaître sa filiation et ne doit pas faire l’objet d’une marchandisation. »

Deux heures après leur départ, les premiers manifestants arrivent place du 18 juin 1940 au pied de la Tour Montparnasse. Leur appel sera-t-il entendu par Emmanuel Macron ? En attendant, le collectif prévoit déjà d’autres manifestions avant la fin de l’année : la prochaine aura lieu le 1er décembre.

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