Immigration et devoir de justice

Publié le 26 Nov 2022
immigration

L’actualité récente à propos de l’immigration, avec ses controverses sur l’opportunité d’accueillir un navire empli de clandestins, pousse à se pencher sur les notions de justice et de générosité. Un petit détour par la sagesse antique démontre les graves manquements à la prudence et à l’équité commis en toute bonne conscience – ou pas – par ceux qui décident en France. L’affaire de l’Ocean Viking révèle une nouvelle fois les graves conséquences de la subversion du sens de la générosité. En recevant les migrants présents sur le navire, la France, terre d’accueil et pays des droits de l’homme, serait plus généreuse que l’Italie qui ne lui avait pas autorisé l’accès à ses ports. Beaucoup se félicitent de cette marque d’humanité dont ferait preuve notre pays, passant sous silence les conditions dans lesquelles des navires spécialement affrétés veulent faire débarquer sur nos rivages des flots réguliers de migrants. Le fardeau de la responsabilité du sort de ces derniers porterait sur les seules épaules des pays occidentaux, eldorado mythique attirant à lui des multitudes venues d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Europe centrale ou d’ailleurs. S’appuyer sur des principes moraux appropriés La crise migratoire ne sera pas résolue tant que les actions gouvernementales ne s’appuieront pas sur les principes politiques et moraux appropriés. Accepter de manière inconsidérée un nombre sans cesse croissant de migrants n’est pas un acte vertueux de générosité mais une injustice. Traitant de la vertu de générosité, Aristote précisait que « ce n’est pas dans la multitude des dons que consiste l’attitude généreuse, mais dans la disposition d’esprit du donateur, disposition qui consiste à donner selon ses moyens » (1). En toute justice, il est donc attendu que le donateur ne fasse pas preuve de prodigalité en donnant au-delà de ses moyens, au détriment des personnes dont il a la responsabilité. Ce qui est vrai pour des particuliers l’est tout autant pour des gouvernements. Ceux qui ont la charge du bien commun d’un pays doivent d’abord se préoccuper des membres de la communauté politique. Si, ensuite, « selon ses moyens », cette communauté fait preuve de générosité envers des étrangers, elle agit conformément au bien. En revanche, lorsque les moyens, qui ne sont pas seulement matériels, ne suffisent plus, lorsque la communauté politique est menacée dans son existence même, il s’agit d’une faute politique, d’un acte contraire au bien commun et d’une injustice, en particulier à l’égard de ceux qui nous suivront.…

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Joël Hautebert

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