Une récente enquête menée par Louis-Marie Bonneau, chercheur associé à l’European Center for Law and Justice (ECLJ), démontre les méfaits du Human Reproduction Program (HRP), fondé par l’OMS dans les années soixante-dix. Visant à juguler la natalité galopante des pays sous-développés, il s’est peu à peu transformé en officine de développement de la contraception et de l’avortement. Entretien.
| Votre enquête retrace l’ampleur d’un programme de l’OMS : le Human Reproduction Program (HRP). Quel est programme et en quoi consiste sa mission ?
Le HRP est le programme de reproduction humaine de l’OMS, développé dans les années 1970 dans le but de contrôler la démographie. En effet, l’Onu s’est inquiétée de la hausse de la démographie pour des raisons économiques et a cherché des moyens d’y remédier en développant des méthodes de réduction de la fertilité humaine. Très concrètement, la plupart des contraceptifs que l’on trouve dans les pharmacies aujourd’hui sont des produits du HRP.
| Quelles sont les raisons réelles et les prétextes de la mise en place d’un tel programme ? Comment ces raisons ont-elles évolué tout en accélérant la production toujours dans le même sens ?
La raison réelle d’un tel programme est néo-malthusienne. Il y avait dans les années 1950 une vraie crainte que l’accroissement démographique conduise à un cataclysme. Le livre de Paul R. Ehrlich, The Population Bomb (1968), est particulièrement significatif de cette crainte chez certaines élites qui pensaient que pour le bien de l’humanité, la démographie devait diminuer. C’est donc d’abord une crainte économique qui a poussé des pays du nord de l’Europe et des grandes fondations néolibérales, à financer ce programme en l’orientant contre la démographie des pays les plus pauvres. Toutefois, cette sorte de néocolonialisme teinté de racisme devint plus difficile à faire accepter, notamment après le travail du Saint-Siège en amont de la conférence du Caire sur la population en 1994. Le HRP changea alors de discours pour se concentrer sur les droits de l’homme : utiliser la contraception fait partie de la « santé sexuelle et reproductive » normale à laquelle chacun aurait le droit. La crainte climatique joue également un rôle dans cette situation, avec de vraies campagnes idéologiques (« One planet, one child » : « le meilleur cadeau que l’on peut faire à son premier enfant est de ne pas en avoir de deuxième »). Qu’elle soit économique ou climatique, tout le…