Évangile, nous le savons, veut dire « Bonne Nouvelle ». Pas n’importe quelle bonne nouvelle, cependant. Pas celle d’une réussite financière ou professionnelle, ni même, plus strictement humaine, celle que nous apporte le courrier du matin, envoyé par une vieille cousine.
La Bonne Nouvelle de l’Évangile, si l’on me pardonne cette redondance, est celle de Jésus-Christ et elle le concerne d’abord en personne : Dieu s’est incarné pour nous sauver. Une nouvelle proprement inouïe, qui dépasse l’entendement humain, à laquelle il ne faut d’ailleurs pas s’habituer. Au contraire, il faut la goûter chaque jour comme « la » nouveauté absolue. On sait, à ce sujet, le jugement définitif de Bernanos sur « les âmes habituées ».
La bonne nouvelle de Pâques 2025
Cette « Bonne Nouvelle » est justement celle que nous avons célébrée dans la nuit de Pâques, la mort vaincue par la Résurrection du Christ et qui ouvre les portes du Ciel aux âmes qui mettent leurs pas dans ceux du Fils de Dieu. Comment au sujet de cette nuit, unique parmi toutes les nuits du monde, passer sous silence la bonne nouvelle de cette année : l’augmentation du nombre de baptêmes d’adultes en France ?
Ils sont plus de 10 000 adultes et plus de 7 000 adolescents à avoir reçu la grâce du baptême dans la nuit de Pâques. Un chiffre global (17 795 exactement) en hausse de 45 % par rapport à… l’an dernier. Depuis 2016, les chiffres oscillaient entre 5 000 et 6 000 baptêmes d’adultes et d’adolescents par an, avec une légère baisse en 2021. Depuis 2022, nous assistons, au contraire, à une hausse constante, qui est particulièrement importante cette année.
Corrélativement, les chiffres des baptêmes d’enfants continuent à baisser. On baptisait ainsi un bébé sur deux en l’an 2 000 contre un sur trois en 2024. Un signe très visible de la déchristianisation de la société française et de sa sécularisation avancée.
La foi des nouveaux baptisés ne peut que nous interroger. Beaucoup témoignent de leur ignorance du Christ et de l’Évangile, d’une éducation éloignée de l’Église et de toute considération spirituelle. Ils ne sont pas toujours capables d’expliquer ce qui les a conduits au Christ, souvent une simple attirance, non préméditée.
La bonne nouvelle des conversions de musulmans
4 % des nouveaux baptisés de cette année viennent de l’islam. Assurément, ils pourraient être beaucoup plus nombreux si l’Église de France prenait au sérieux l’annonce explicite de Jésus-Christ aux masses musulmanes qui habitent en France. Alors que l’on parle tant de l’accueil de l’étranger et du respect de l’autre, peu de choses semble être faite pour aller les évangéliser. Les Missionnaires de la Miséricorde divine, qui se sont donné notamment cette tâche pour mission, devraient être largement concurrencés. Ce n’est pas le cas ! La moisson est (sur)abondante mais les ouvriers peu nombreux !…
Un contexte contraire
L’augmentation du nombre de baptisés en France est d’autant plus surprenante que l’Église catholique traverse aujourd’hui une crise profonde et qu’elle est par ailleurs attaquée pour les manquements de certains des siens à ses propres exigences. Après la mise en cause des prêtres (et donc du sacerdoce), accusés d’être de manière « systémique » des pervers sexuels, nous assistons aujourd’hui au même type de discours à l’encontre des membres de l’enseignement catholique.
L’affaire Bétharram, du nom de cet établissement sous contrat dans les Pyrénées-Atlantiques, a lancé le mouvement qui touche aujourd’hui d’autres unités scolaires. Le 14 avril dernier, sur France Info, le ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, n’a pas hésité à commenter en toute « impartialité » : « C’est monstrueux, çà émerge d’un peu partout ».
Hasard ? Dans le même temps, l’enseignement dit public, qu’il vaudrait mieux rebaptiser « étatique », s’effondre sous le double coup de l’incapacité de transmettre et de l’insécurité grandissante. Il y a évidemment d’heureuses exceptions. Résultat : à Paris, ce sont dix classes d’établissements catholiques qui doivent fermer, accusées notamment par un élu communiste de favoriser « l’entre-soi et le séparatisme ».
Je ne développe pas ici davantage ce sujet qui exigerait pourtant une réponse ferme de l’épiscopat français plutôt que sa pratique de l’alignement systématique, héritée de la politique du Ralliement.
Constatons simplement une réalité. Malgré nos péchés personnels et collectifs, malgré la haine contre l’Église catholique, la grâce ne cesse d’agir, empruntant parfois des chemins inattendus, pour conduire à Jésus-Christ, le seul Sauveur, et à son Église, sainte et immaculée, malgré ses membres pécheurs. « Tout est grâce » affirmait sainte Thérèse. Nous sommes, là, au cœur de la Bonne Nouvelle.
>> à lire également : 140 ans d’adoration ininterrompue à Montmartre : un souffle de prière pour le monde