Journée nationale pour la Vie : entretien avec Virginie Raoult-Mercier

Publié le 29 Mai 2015
Journée nationale pour la Vie : entretien avec Virginie Raoult-Mercier L'Homme Nouveau

La Journée nationale pour la Vie, portée par Choisir la Vie, les Associations familiales catholiques (AFC) et l’Évangile de la Vie, aura lieu le 31 mai prochain, jour de la fête des mères. L’occasion de rappeler la valeur inestimable de toute vie humaine.

Entretien avec Virginie Raoult-Mercier. Propos reccueillis par Adélaïde Pouchol.

Une journée pour la Vie, pour quoi faire ?

À l’heure où la vie, dans notre société, n’est bien souvent vue que sous l’angle utilitaire, justifiant ainsi la suppression, par l’avortement ou l’euthanasie, de toute personne subjectivement reconnue comme « inutile » parce que diminuée en raison d’un handicap, d’une maladie ou encore sous l’angle égocentrique d’un désir ou d’un projet parental, il est impérieux de restaurer la grandeur et la beauté de la maternité, la valeur de la vie humaine, de toute vie humaine dès la conception. C’est une journée où chacun peut se sentir appelé à promouvoir l’accueil de tout enfant à naître et à œuvrer concrètement pour défendre celui-ci.

La vie, c’est un thème très large. Cette journée porte-t-elle un message plus spécifique ?

Le slogan spécifique à cette journée est « Fêter les mères, c’est accueillir la Vie! », ce qui signifie que nous souhaitons au travers de cette journée aborder exclusivement le thème de la maternité et du début de vie. Sensibiliser le grand public, les médias, les politiques à l’accueil de la vie, c’est vouloir également qu’un changement de regard s’opère sur la maternité. La maternité n’est pas forcément synonyme de contraintes, de souffrances comme notre société aujourd’hui tente de nous le faire croire. Elle peut être une véritable chance et si souvent même une espérance.

Peut-on espérer qu’une journée de mobilisation ait de l’impact ?

La Journée pour la Vie n’a pas vocation à s’inscrire dans une démarche d’efficacité, de recherche de résultats, mais est avant tout une Journée de sensibilisation au respect de la vie. En effet, nous vivons dans une société de « l’image ». Plus que jamais, les partisans de la culture de mort ont su user des moyens de communication par l’image pour assurer la promotion de l’avortement, de la contraception (Campagne annuel du Planning familial et de l’Association nationale des Centres d’interruption de grossesse et de contraception (ANCIC) sur la contraception dans le métro parisien, Ligne Azur sur Internet pour promouvoir l’avortement, etc.). Nous devons, à notre tour, pour promouvoir la culture de vie, utiliser les outils de communication de nos adversaires, à savoir l’image, le visuel. Nous croyons qu’une parole échangée lors de cette Journée, un tract, une affiche, quelques colonnes dans la presse, sont susceptibles d’éveiller les consciences sur la beauté de la vie et son respect à tous les stades du développement.

Qui est à l’origine de cette Journée ?

Cette journée a été instaurée par saint Jean-Paul II. En effet, à la suite du Consistoire des cardinaux du monde entier qui se déroula à Rome du 4 au 7 avril 1991, Jean-Paul II, quatre ans plus tard, écrivait au n. 85 de son encyclique Evangelium vitæ : «  … Je propose que soit célébrée, tous les ans, dans les différents pays, une Journée pour la Vie (…). Il est nécessaire que cette journée soit préparée et célébrée avec la participation active de toutes les composantes de l’Église locale. Son but est de susciter, dans les consciences, dans les familles, dans l’Église et dans la société civile, la reconnaissance du sens et de la valeur de la vie humaine à toutes ses étapes et dans toutes ses conditions, en attirant spécialement l’attention sur la gravité de l’avortement et de l’euthanasie. »

Depuis 1995, le Conseil permanent de l’Épiscopat français a proposé que la journée de la fête des mères puisse être aussi une Journée pour la Vie. Depuis 2000, l’association Choisir la Vie en partenariat avec les Associations familiales catholiques et plus récemment Famille Missionnaire de l’Évangile de la Vie, s’attache à faire de cette journée une journée de promotion de la vie et de témoignage de la grandeur de la maternité et de la valeur de la vie humaine dès sa conception. Nous souhaitons de tout cœur que cette journée puisse être, d’année en année, de plus en plus relayée par d’autres associations.

La culture de mort telle qu’elle existe aujourd’hui irrigue bien des domaines de la société. Quelles vous semblent être les mesures les plus urgentes à adopter pour la combattre ?

Aujourd’hui, il me paraît urgent de laisser la place à la vérité. La culture de mort se plaît à user d’un vocable volontairement mensonger pour masquer la réalité des atteintes à la vie. Ainsi en est-il du terme d’interruption volontaire de grossesse employé au lieu et place de l’avortement, de celui de « sédation profonde » pour évoquer l’euthanasie, de l’« amas de cellules » désignant l’enfant dans le sein de sa mère…

Il nous faut dénoncer l’avortement en toute vérité, dans sa réalité, y compris la plus sordide. Je ne crois malheureusement plus beaucoup dans le seul pouvoir des mots, dans l’exposé didactique des raisons éthiques, morales, religieuses, pour lesquelles nous sommes opposés à toute atteinte à la vie. Il convient, aujourd’hui, d’oser montrer, dévoiler la réalité de l’avortement. À l’objection selon laquelle cela serait porter atteinte aux femmes, je répliquerai que la force de la vérité rend pleinement libre.

Au-delà des actions de mobilisation ponctuelles, comment peut-on défendre la vie au quotidien ?

Nous pouvons défendre la vie au quotidien en portant, à chaque instant, auprès de notre entourage, de nos amis et au sein de notre milieu professionnel, témoignage de la valeur inestimable de l’enfant à naître, du caractère unique et irremplaçable de chacun d’entre eux. Être témoins de la vie, c’est en effet savoir encore nous émerveiller devant l’annonce d’une maternité quelles que soient les conditions dans lesquelles celle-ci va se dérouler, c’est aussi recentrer toujours notre attention, notre discours sur l’enfant, sa beauté, sa fragilité… Trop nombreux sont les défenseurs de la vie qui pensent que tout est « inutile » et qui finissent par baisser les bras parce qu’ils ne voient pas le fruit de leurs actions. Faire est important mais être l’est encore plus. Nous défendons et agissons pour la vie certes, mais nous sommes également des défenseurs de la vie. Toute notre vie, tout notre être doivent être empreints de cette vérité qui doit nous habiter. Si nous portons au plus profond de nous cette vérité, je reste persuadée que nos paroles, nos vies, seront de vrais témoignages d’une force incommensurable.

Comment participer à la Journée nationale pour la Vie (JNV) ?

En préparation de la journée, il est possible de coller des affiches dans les paroisses ou chez les commerçants, distribuer des tracts, des ballons JNV aux enfants, en parler à son curé en lui présentant la plaquette JNV, « liker » la page Facebook et relayer l’évènement sur les réseaux sociaux.

Le jour même, toutes les initiatives, les bonnes idées sont les bienvenues ! Ainsi, par exemple, il est possible d’inclure une intention de prière lors de la prière universelle de la messe du 31 mai, réaliser une quête au profit des maisons d’accueil pour femmes enceintes en difficulté ou proposer votre aide aux AFC locales, organiser vous-même des manifestations (conférences, expositions sur le thème de la maternité, etc.), diffuser les livrets d’information à destination des femmes enceintes en difficulté et des tracts « SOS femmes enceintes » de l’antenne d’écoute de Choisir la Vie.

Commande des tracts par mail à info@choisirlavie.fr ou par téléphone au 01 45 53 56 80.

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