On a célébré en juin dernier l’emblématique bataille de Waterloo. Elle avait déjà inspiré nombre de peintres et d’écrivains. Marquant la fin de l’épopée napoléonienne, elle suscita en 1970 le grand film Waterloo, gigantesque reconstitution historique servie par une pléiade d’acteurs prestigieux et tournée par le grand réalisateur russe Sergueï Bondartchouk.
«Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
la pâle mort mêlait les sombres bataillons ».
Quand on pense que Victor Hugo passa plusieurs jours sur le champ de bataille alors qu’il écrivait Les Misérables, on peut se demander comment il a pu pondre un quatrain qui réussit la performance d’être superbe à l’oreille, grotesque dans les termes et complètement faux dans la description.
Je n’insisterai pas sur l’image douteuse d’une onde qui se met à bouillir dans une urne remplie à ras bord, pour préciser que Waterloo est tout sauf un cirque.
Après avoir repris nos esprits, nous allons évoquer la dernière bataille de Napoléon au travers du plus grand film qui ait été consacré aux guerres de l’Empire : Waterloo, tourné en 1970 par Sergueï Bondartchouk.
Né en 1920, mort en 1994, Bondartchouk fut un grand réalisateur du cinéma soviétique. C’est ainsi que dans les années soixante, il s’attaqua au monstre sacré du roman russe : Guerre et Paix. Il en tira un film d’une beauté formelle à couper le souffle. Le succès mérité de cette réalisation eut pour effet secondaire le tournage de Waterloo.
Le film des superlatifs
Le producteur Dino de Laurentiis approcha en effet les Soviétiques et signa un accord historique : le cinéma brejnévien allait collaborer avec la racaille capitaliste par excellence pour réaliser un film qui allait présenter deux particularités.
Tout d’abord, il serait international, ce qui constituait une grande première pour les Moscovites.
Ensuite il serait tourné en Russie, ce qui constituait une grande première pour…