Lors de sa dernière catéchèse sur la vieillesse ce 4 mai, le Pape nous a donné l’exemple du vieillard Éléazar, le martyr du 2ème livre des Macchabées.
Les renégats juifs le poussent à sauver sa vie en lui proposant une dissimulation hypocrite, car leur vénération à son égard est mondaine. Ils entendent ainsi lui apporter des aliments permis par la loi tout en l’incitant à faire croire qu’il mange en réalité du porc, nourriture interdite par la loi, donnant ainsi à tous l’impression d’avoir obéi au roi sans avoir vraiment désobéi à Dieu. Ils semblent bien intentionnés, comme le sont beaucoup de nos contemporains, mais le refus qu’Éléazar opposera à leur stratagème les remplira d’une colère qui se révélera homicide. En effet, Éléazar ne se soumet pas à leur simulation. Il ne veut pas donner le mauvais exemple. Il crache alors la bouchée et marche fièrement au supplice. Il ne peut supporter qu’après une longue vieillesse vécue dans la fidélité à la Loi et donc à Dieu, on le fasse passer pour un renégat aux yeux des jeunes. Ses dernières paroles soulignent son acceptation volontaire de la mort et donc du martyre, par amour pour Dieu et obéissance envers lui. Il témoigne ainsi de sa fidélité par le don de sa vie et par son sang versé.
Ce récit, et le Pape à sa suite, dénonce l’hypocrisie religieuse. C’est un thème qui est cher au Saint-Père. Oui, il est vrai qu’à toutes les époques le pharisaïsme, cette hypocrisie religieuse et cléricale, a semé des graines d’ivraie satanique dans l’Église. Éléazar a eu le courage de refuser cette hypocrisie qu’une fausse amitié lui suggérait. Il ne considérait pas, comme le prétendaient ses interlocuteurs, que faire semblant de manger un aliment interdit par Dieu était un geste insignifiant et sans aucune portée morale. Il savait que Dieu scrute les cœurs et qu’en tout acte moral ce qui compte, c’est la pureté d’intention. La réponse calme et ferme du vieillard repose sur cet argument moral de haute portée : déshonorer la foi dans sa vieillesse pour gagner quelque supplément de vie n’est pas compatible avec l’exemple qu’une personne âgée doit donner aux jeunes. La personne âgée doit laisser aux jeunes l’héritage d’une foi pure et vraie, non pas aux yeux des hommes, mais au regard de Dieu. En écrivant ces lignes, je pense à la réponse que fit saint Paul VI à son ami Jean Guitton, qui le poussait à relâcher la morale contraceptive et à l’exprimer en des termes plus acceptables par ses contemporains. Le pape lui répondit : « Peu m’importe d’être populaire aux yeux des hommes, ce qui compte d’est d’être fidèle à l’Évangile, jusqu’au sang s’il le fallait. » Éléazar et Paul VI ont vécu dans la cohérence de leur foi. Ils ne sont pas tombés dans les pièges gnostiques de tous les temps. Par leur fidélité, ils firent honneur à la foi véritable qui n’accepte aucun compromis et oblige bien souvent à vivre à contre-courant de l’opinion publique. Et la gnose existe de nos jours. Faire semblant n’est pas croire. Nous devons être des chrétiens cohérents. Benoît XVI, en son temps, avait insisté sur le caractère non négociable de certaines vérités. Répondons par une foi véridique à tous ceux qui ironisent à son sujet ou la relativisent. Non ! On ne peut être à la fois croyant et biaiser sur telle ou telle vérité de foi. On ne peut pas renier sa foi chrétienne quand on s’exprime en citoyen. La foi n’est jamais inutile, elle n’est jamais nuisible. Elle est victoire, mais à la seule condition qu’en toute humilité, en toute fermeté et en toute vérité, nous la professions telle que nous l’avons reçue des Apôtres. Puisse la Vierge Marie, dont Jean-Paul II a comparé la foi à celle d’Abraham, nous aider à garder intact ce dépôt de la foi. Qu’avec Elle, professant une foi intègre qui pousse au changement de vie et à la purification de l’âme, nous devenions pour les jeunes qui nous regardent, de vrais témoins du Christ, en n’oubliant jamais que témoin veut dire martyr.