La pause liturgie | « Hymne Te Joseph » de la solennité de saint Joseph

Publié le 19 Mar 2021
La pause liturgie | "Hymne Te Joseph" de la solennité de saint Joseph L'Homme Nouveau

Pour la solennité de saint Joseph, un moine vous propose de d’écouter (au bas de cet article) et comprendre en profondeur l’hymne « Te Joseph ». Une pause théologique et musicale pour découvrir un trésor de la liturgie.

Traduction

Que les armées des cieux vous célèbrent, Joseph, que tous les chœurs des chrétiens vous chantent, vous qui, éclatant par vos mérites, êtes uni par une chaste alliance à l’illustre Vierge.

Étonné de voir votre épouse enceinte d’un germe saint, dans l’angoisse, vous êtes touché par le doute. Un ange vous apprend que l’Enfant a été conçu par le souffle de l’Esprit d’en haut.

Vous serrez dans vos bras le Seigneur nouveau-né, vous le suivez dans sa fuite vers les terres lointaines d’Égypte. Perdu à Jérusalem vous le cherchez et vous le trouvez, mêlant les joies aux larmes.

Après la mort, un heureux sort consacre les autres et la gloire accueille ceux qui ont mérité la palme. Mais vous, de votre vivant, égal aux habitants du ciel, vous jouissez de Dieu, plus heureux par un sort merveilleux.

Ô Trinité souveraine, ayez pitié de nous qui vous supplions. Donnez-nous, par les mérites de saint Joseph, de monter aux cieux, afin que nous puissions enfin vous chanter sans cesse un cantique d’action de grâces.

Thème spirituel

Le répertoire grégorien possède aussi ses trésors pour enchanter notre dévotion envers les saints. L’hymne de saint Joseph en fait partie, elle est facile à retenir, facile à aimer, elle pourrait très bien accompagner les journées des fidèles et nourrir en eux une belle dévotion à saint Joseph. Chanter ce chant contribuerait sûrement à apaiser les mœurs et à enraciner aimablement l’habitude de la contemplation dans les âmes. C’est le but de ces hymnes, ce genre musical inventé par les Pères de l’Église pour lutter contre les hérésie naissantes et inoculer la grande doctrine de l’Église dans les cœurs au moyen du chant. Notre hymne est relativement récente puisqu’elle n’a été composée que vers la fin du XVIIème siècle. Elle est l’œuvre d’un Carme espagnol, un certain Jean de la Conception (mort en 1700). Le pape Clément XI avait imposé en 1714 un nouvel office pour la fête de saint Joseph, nouvel office qui était l’œuvre de ce frère Carme et qui avait déjà été approuvé pour les Carmes, par le pape Clément X en 1671. Saint Joseph venait d’ailleurs d’apparaître quelques années auparavant, en 1660, dans un petit village de Provence appelé Cotignac, devenu depuis un sanctuaire ô combien aimable, dans un cadre vraiment merveilleux et demeuré pourtant très discret, dédié à saint Joseph d’une part et également à Notre-Dame de grâces, un tableau représentant Marie portant l’Enfant Jésus dans ses bras. La Sainte Famille est donc réunie au grand complet à Cotignac. Cotignac, c’est donc un peu Nazareth, c’est un lieu de prédilection pour puiser la vie spirituelle. On connaît la grande dévotion de sainte Thérèse d’Avila pour saint Joseph, à cette même époque. Elle a contribué à développer considérablement le culte de saint Joseph, dans son ordre et bien au-delà, si bien qu’on peut dire que tout le XVIIème siècle a aimé profondément saint Joseph. L’École Française a brillé notamment, dans le rayonnement de la carmélite d’Avila, par sa dévotion envers le chef de la sainte Famille. Et depuis, le culte de saint Joseph n’a plus cessé de croître dans l’Église. Le dogme christologique puis le dogme marial étant désormais bien établis dans l’Église, il est naturel de voir celle-ci se pencher toujours plus sur la figure du troisième membre de la sainte famille, cette petite trinité de la terre, dans le contexte de la société moderne où la famille est de plus en plus menacée, où le rôle du père en particulier est perdu de vue, au grand détriment de l’épouse et des enfants. Honorer saint Joseph, le contempler, se mettre à son école, c’est retrouver des valeurs essentielles de la vie familiale, c’est reconstruire en profondeur le tissu social. Beaucoup de petites familles aujourd’hui veulent vivre à plein cet idéal de la sainte Famille et l’on peut dire que le visage un peu nouveau de ces petites familles tient à la place retrouvée et approfondie du Père, serviteur de la vie et de l’amour, à l’image et à l’école de saint Joseph.

Il y a un très beau texte de Claudel sur saint Joseph, sur le grand bonheur de sa vie, dans la contemplation de celle qui a été placée à ses côtés et qui représente pour lui la sagesse et tous les trésors.

« Quand les outils sont rangés à leur place et que le travail du jour est fini ; quand du Carmel au Jourdain, Israël s’endort dans le blé et dans la nuit, Joseph entre dans la conversation de Dieu avec un grand soupir. Il a préféré la Sagesse, et c’est elle qu’on lui amène pour l’épouser. Il est silencieux comme la terre à l’heure de la rosée. Il est dans l’abondance et dans la nuit, il est bien avec la joie, il est bien avec la vérité : Marie est en sa possession. De nouveau il est dans le paradis avec Ève.

Te Joseph celebrent Partition

Commentaire musical

Notre hymne est donc récente, elle n’est pas, loin de là, tirée du fonds ancien du répertoire. Elle a pourtant beaucoup de charme. Sa mélodie et son texte s’harmonisent très bien dans une note contemplative bien marquée, celle du 1er mode, le mode de la paix. Il reste a donner un bref commentaire de chacune des cinq strophes de cette hymne.

La première strophe chante le mariage de saint Joseph avec la Sainte Vierge. C’est le plus beau titre de gloire de cet homme qui a été trouvé assez pur, assez saint, pour être aimé de la Mère de Dieu. Marie, c’est l’Immaculée : un cœur tout pur, une innocence absolue, sans ombre, une beauté parfaite. La laideur n’a aucune place, aucun droit. Une telle fleur, Dieu aurait pu se dire : Je vais la mettre à part (comme il le fait pour des fleurs moins précieuses).On n’aura même pas le droit de la regarder, encore moins de s’éprendre d’elle. C’est vrai que Dieu a caché Marie sur la terre. Il ne l’a révélée qu’une fois montée au ciel. Sinon les hommes ne l’auraient pas laissée vivre. Mais Dieu a néanmoins permis qu’un homme entre dans son intimité, il l’a voulu, mais alors on devine le degré de pureté de l’âme de Joseph : une pureté qui correspond à celle de l’Immaculée-Conception.

Entre ces deux êtres, un amour sans l’ombre du péché est né, enfin, dans l’histoire de l’humanité. C’est le mariage dans sa beauté restituée, une anticipation du mariage chrétien, une icône. Il s’agit d’un vrai mariage, même si l’union charnelle en est bannie. Et la conception virginale de Jésus, est vraiment le fruit de leur foi, le fruit de ce mariage, le fruit béni de leur oui mutuel. Saint Joseph est le père virginal de Jésus.

La deuxième strophe mentionne le doute de Joseph, son effroi, son angoisse, à la vue de la grossesse de son épouse qui ne lui a rien dit. Il ne faudrait pas voir dans ce doute, dans cette angoisse, un soupçon de la part de Joseph à l’égard de Marie. Saint Jérôme a parfaitement résolu la question. Il dit en substance : comment Joseph pourrait-il être appelé juste (c’est-à-dire saint) alors qu’il se ferait complice du péché de son épouse en ne la diffamant pas publiquement ? Le silence de Joseph, sa résolution de répudier Marie en cachette, est la preuve que Joseph choisit plutôt de s’éloigner d’un mystère qu’il ignore, qui le dépasse, et même qui le remplit d’effroi. Il se sent comme Moïse devant le buisson ardent qui brûle mais ne ses consume pas. Cette strophe relate aussi l’heureux dénouement de cette grande épreuve de saint Joseph, grâce à l’intervention de l’ange : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés[1]. »

La troisième strophe nous montre en un saisissant raccourci les joies et les peines de saint Joseph. Il a eu l’insigne privilège de serrer l’Enfant Jésus dans ses bras de père. Cette joie ineffable de la vie cachée a été néanmoins traversée d’épreuves : la fuite en Égypte, la perte de Jésus à l’âge de douze ans à Jérusalem. L’ombre de la croix se profilait déjà dans le cœur de Marie et de celui qui partageait tout avec elle.

La quatrième strophe fait allusion à la vie et à la mort de Joseph. Il est le patron de la bonne mort parce qu’il est mort en présence du Sauveur et de la Reine des cieux. Mais il est aussi le patron de la bonne vie. Sur la terre il a vécu dans les conditions du ciel.

 

Hymne « Te Jospeh » à écouter ici.

 


[1]Matthieu, 1, 20-21.

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