La pauvreté chez les jeunes

Publié le 27 Fév 2012
La pauvreté chez les jeunes L'Homme Nouveau

Alors que le nombre de mal-logés a explosé en France depuis dix ans (3, 6 millions aujourd’hui, selon la Fondation Abbé-Pierre), les jeunes de 18 à 25 ans sont les plus touchés par la pauvreté, souligne le Secours Catholique dans son dernier rapport annuel, en constatant une hausse régulière des personnes ayant eu recours à ses services, dont une majorité de familles. Il faudrait ajouter à cette pauvreté juvénile la pauvreté infantile, sur laquelle s’est penché également un colloque à l’Assemblée nationale (le 21 novem­bre 2011). Selon une étude réalisée avec les données de la CAF (sur les moins de 18 ans vivant dans une famille dont les revenus sont inférieurs à 942 euros par mois et par unité de consommation), 1 140 000 mineurs vivent démunis dans trois régions françaises (Île-de-France, Rhône-Alpes et ­Provence-Alpes-Côte d’Azur).

Jeune pauvre

Près d’1,5 million de personnes ont ainsi bénéficié en 2010 de l’aide du Secours Catholique (+2,3 % par rapport à 2009), dont 702 000 enfants. Les familles représentent 52,7 % des situations. Malgré une hausse du niveau de vie moyen des ménages accueillis par l’association (par rapport à 2009), cela « n’est pas suffisant pour qu’ils puissent sortir de l’extrême pauvreté. Plus de 90 % des ménages rencontrés vivent au-dessous du seuil de pauvreté », note le rapport. Autre constat : pour la première fois, la proportion de personnes ayant un niveau d’études supérieures (39,8 %) est plus importante que celle n’ayant pas dépassé le primaire (36,6 %). Cela démontre que « même le niveau d’études supérieures ne met pas à l’abri de la pauvreté », souligne Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours Catholique. Il s’inquiète également de la hausse des demandes d’aide alimentaire (53,3 % contre 49,4 % en 2009).

Les 18-25 ans représentent 12 % des bénéficiaires, une proportion plus importante que dans la population française (près de 10 %), précise le rapport. Ils « sont aujourd’hui les plus touchés par la pauvreté, bien plus que les personnes âgées », assure Bernard Thibaud, estimant que près d’un jeune sur cinq est concerné. Il en explique ainsi les raisons : « Le passage du jeune à l’âge adulte est devenu plus difficile car les trois facteurs qui soutenaient son autonomie (la famille, l’emploi, le logement) sont fragilisés. La pauvreté croissante des jeunes est d’abord liée à la pauvreté des familles. Les familles en difficulté gardent tout autant que les autres leurs enfants avec elles tant qu’ils ne sont pas indépendants, mais cette prise en charge pèse lourdement sur le budget quand elles ne perçoivent plus d’allocations familiales pour eux. »

Plus d’un tiers de ces jeunes (36,1 %) vit dans des « substituts de logement » (hôtel, amis, centre d’hébergement, abris de fortune, caravane…). Peu accèdent à des logements sociaux. Ils rencontrent de vraies difficultés à stabiliser leur vie professionnelle, ont peu de ressources (784 euros/mois en moyenne) et des contrats de travail précaires, insiste le Secours Catholique. Par ailleurs, 30,5 % des 18-25 ans rencontrés sont sans ressource et 40,2 % au chômage.

« Ils sont notre avenir mais, pour l’heure, le futur qui leur est accordé prend les couleurs indéfinies des queues alimentaires aux Restos du Cœur. Nous pensions connaître les pauvres : vieux, désocialisés, tirant la porte sur leurs vies de chiens, leurs désillusions et leurs hivers sans fin. Nous pensions les connaître pour les croiser et nous nous trompions. Les pauvres, les vrais, sont invisibles et ce sont eux. Les jeunes, nos enfants ou leurs exacts contemporains. Nos rejetons, du verbe rejeter. Nos descendants dans le sens d’une pente qui semble chaque jour plus difficile à remonter », résume avec une ironie mordante Denis Daumin (La Nouvelle République du Centre-Ouest) à l’approche des élections.

Cet article est extrait du dernier numéro de L’Homme Nouveau 

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