Si le rétrécissement matérialiste de la France fut anticipé par Balzac, ce sont des écrivains bien contemporains et souvent des étrangers qui, frappés par l’indissolubilité du lien entre sa grandeur et le christianisme, secouent la torpeur de notre confort intellectuel et nous parlent de la puissance de nos héros et de la richesse de notre patrimoine. « Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d’une vie future sur laquelle l’édifice social est appuyé depuis dix-huit cent ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L’avenir, qui nous attendait par-delà le requiem, a été transposé dans le présent » (1). Ces mots ne sont pas écrits par un auteur contemporain, morigénant à bon droit l’esprit ambiant mais par Honoré de Balzac, en 1833, dans Eugénie Grandet. D’après lui, la grande question posée en son temps au législateur était : « Que payes-tu ? au lieu de dire : Que penses-tu ? Quand cette doctrine aura passé de la bourgeoisie au peuple, que deviendra le pays ? » (2). Aujourd’hui, une longue série d’indices concordants confirme l’inquiétude prophétique de l’illustre romancier. Ce « Que payes-tu ? » peut être décliné avec bien des nuances d’un bout à l’autre de l’éventail des manières de concevoir son existence. « Que payes-tu ? » Je me contrefiche du bien commun et je réagis, je manifeste lorsque mon bien-être matériel est en jeu. « Que payes-tu ? » Je ne soutiens pas les évolutions révolutionnaires dites progressistes, mais je ne bouge pas tant que je peux mener ma vie privée comme je l’entends, cultiver mon jardin et protéger mon patrimoine. J’accepte même, plus ou moins discrètement, de pratiquer, dans l’exercice de mon métier, des choses que ma conscience réprouve, en distinguant adroitement et malignement mes convictions profondes et mes obligations de citoyen. Ce passage d’Eugénie Grandet nous rappelle surtout le lien étroit entre « l’édifice social » et le spirituel sur lequel il s’adosse. Ce n’est pas pour rien que la Révolution et ses épigones ont voulu se doter des attributs de la sacralité et du divin : la guerre sainte des droits de l’homme, le catéchisme républicain ou positiviste, le divin social, la religion de l’avenir, de la science ou du progrès ! Mais les temps actuels démontrent l’échec radical de ces religions séculières et immanentistes incapables de juguler la montée de l’islam qu’elles ont favorisé, d’entretenir le sens du sacrifice au profit d’un intérêt commun supérieur, aujourd’hui foulé aux pieds. Ajoutons encore que l’analyse de Balzac, pour notre pays, n’évoque…
Le nouveau Jubilé, ouvert le 24 décembre à Rome
Au cours de la messe de minuit, le Pape a ouvert la porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Nous nous retrouvons donc dans une Année sainte, centrée cette fois sur l’espérance, le Pape nous invitant à devenir des pèlerins de l’espérance : « le Jubilé s’ouvre pour que soit donnée à tous l’espérance, l’espérance de l’Évangile, l’espérance de l’amour et l’espérance du pardon ». Les jeunes trouvent naturels les jubilés. Ceux-ci sont d’ailleurs inscrits dans la Bible et depuis Jean-Paul II, les années saintes tant ordinaires qu’extraordinaires n’ont cessé de se succéder, culminant dans le jubilé du deuxième millénaire.