> L’esprit de la liturgie
Les textes de ce 16e dimanche après la Pentecôte ou ceux de la solennité de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui tombe le même jour cette année, incitent à regarder les pauvres comme le Christ et à retrouver la simplicité des enfants dans la vie spirituelle, deux moyens de nous rapprocher de Dieu.
Le Riche et le pauvre Lazare, telle est la parabole qui forme l’évangile de ce dimanche, dans le Missel romain de 1970. « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères » (Lc 16, 19-31). Tous deux moururent. Lazare fut accueilli dans le sein d’Abraham et le riche, qui méprisait le pauvre homme, « au séjour des morts, [où] il était en proie à la torture » (v. 23).
Selon Benoît XVI, « le riche incarne l’utilisation injuste des richesses de la part de celui qui les utilise pour un luxe effréné et égoïste, pensant uniquement à sa propre satisfaction, sans se soucier le moins du monde du mendiant qui se trouve à sa porte. Le pauvre en revanche incarne la personne dont Dieu seul s’occupe. (…) Dieu n’oublie pas celui qui est oublié de tous ; celui qui ne vaut rien aux yeux des hommes est précieux aux yeux du Seigneur.
Le récit montre comment l’iniquité terrestre est renversée par la justice divine. Après la mort, Lazare est accueilli dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire dans la béatitude éternelle, alors que le riche finit en enfer (…). Ce nouvel état de chose [est] sans appel et définitif. C’est donc pendant sa vie qu’il faut se repentir. Le faire après ne sert à rien » (Angélus du 30 septembre 2007).
C’est à un regard de foi sur les pauvres que nous appelle saint Vincent de Paul (†1660), fêté justement ce 27 septembre dans le Missel romain de 1970 :
« Bien souvent, ils n’ont presque pas la figure ni l’esprit de personnes raisonnables. Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres ; qu’il n’avait presque pas la figure d’un homme en sa Passion, et qu’il passait pour fou dans l’esprit des Gentils, et pour pierre de scandale dans celui des Juifs. (…) Qu’il fait beau voir les pauvres, si nous les considérons en Dieu et dans l’estime que Jésus-Christ en a faite ! » (in Liturgie des Heures [27 sept.]).
Deux passages différents de l’évangile seront proclamés ce dimanche. En ce 16e dimanche après la Pentecôte, tout d’abord, Jésus se comporte en maître du sabbat en guérissant un malade puis donne une leçon d’humilité (Lc 14, 1-11) : « Quiconque s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé » (v. 11).
Plus largement, sans doute sera célébré ce jour, en France, la solennité de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne secondaire. Et l’évangile de la messe est tout naturellement consacré à l’enfance spirituelle (Mt 18, 1-4) : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (v. 3).
« Le Christ aime l’enfance, commente saint Léon († 461), lui qui a commencé par être enfant, par le corps et par l’esprit. Le Christ aime l’enfance, maîtresse d’humilité, idéal d’innocence, exemple de douceur. Le Christ aime l’enfance : il y oriente la conduite des aînés, il y ramène l’âge des vieillards et il incline à suivre son exemple ceux qu’il veut élever au royaume éternel » (Sermon 37).
Mais il tient à préciser :
« Il ne s’agit pas pour nous de retourner aux jeux de l’enfance ni à ses commencements imparfaits. Il faut lui prendre ce quelque chose qui convient même à l’âge mûr : que les émotions passent rapidement, et que le retour à la paix s’accomplisse promptement ; et qu’on n’ait aucune mémoire des offenses, aucun désir des dignités : qu’on aime la vie commune, qu’on trouve l’égalité toute naturelle. » (Ibid.)
Que la communion eucharistique, en cette fête, « allume en nous ce feu d’amour céleste qui poussa sainte Thérèse à s’offrir à [Dieu] en victime de charité pour les hommes » (postcommunion).
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