Après les guerres du XIXe siècle et son implication politique au XXe siècle, qu’est devenu le mouvement carliste ? Portrait de la résistance à la déchristianisation dans une Espagne désormais acquise au libéralisme avec l’aval de la plupart des évêques du pays, avec Antonio Capellán de la Riva, diplômé en sciences économiques.
Quel rôle la religion catholique a-t-elle joué dans votre pays depuis 1978 ?
Si, pour se comprendre rapidement, nous prenons comme référence la Conférence épiscopale espagnole, elle a joué un rôle fondamental dans la consolidation du régime anticatholique né en 1978. À quelques exceptions près, non seulement elle ne s’est pas opposée à la Constitution approuvée cette année-là, mais elle a été une force décisive pour que de nombreux Espagnols l’acceptent comme bonne. Sans sa contribution, il aurait été très possible que ce texte constitutionnel n’ait pas été approuvé et que l’Espagne n’ait pas été déchristianisée avec la rapidité et l’efficacité radicale qui a été réalisée. Aujourd’hui, certains évêques dressent un échafaudage contre les conséquences néfastes dudit régime ; mais seulement partiellement et de manière circonstanciée, puisqu’ils continuent à le louer comme bon et, dans de nombreux cas, à encourager les partis ennemis de la foi à voter, en faisant appel au fameux sophisme (précédemment condamné par l’Église) du moindre mal ; ou, tout simplement, en encourageant à participer aux processus électoraux, sans options catholiques, comme si cette participation était un devoir moral. Le plus frappant est peut-être que les dirigeants ecclésiastiques se sont condamnés à la marginalité, alors qu’en 1978 ils conservaient encore une énorme influence. Et ils continuent avec la même attitude, courant vers l’abîme et bousculant les autres.
Comment les catholiques espagnols se sont-ils positionnés par rapport à la transition vers la démocratie ?
En général, ils ont assimilé les changements assez rapidement. Cela peut s’expliquer en partie par la dégradation progressive survenue au cours des décennies précédentes. En fait, le régime de 1978 aurait été impossible sans le rôle du franquisme. On pourrait dire que, même s’il n’est pas aussi pervers que l’actuel, le franquisme était une sorte de démocratie chrétienne dictatoriale. D’autre part, le rôle susmentionné joué par la Conférence épiscopale et par une grande partie du clergé a largement étouffé l’éventuelle réaction de nombreux catholiques de bonne volonté. Il convient également de noter qu’un grand nombre, notamment les carlistes, s’y sont opposés et, dans le cas du carlisme, continuent de s’y…