Le déni de l’enfant

Publié le 16 Déc 2013
Le déni de l’enfant L'Homme Nouveau

Après le déni de grossesse, le déni d’enfant. La justice va-t-elle suivre ces théories négationnistes dans son jugement du couple corrézien ayant dissimulé l’existence de leur petite-fille ou chercher à éclaircir les zones d’ombre de cette affaire et sanctionner l’inacceptable ?

Déni de grossesse ?

Un couple corrézien a été mis en examen fin octobre deux jours après la découverte dans un coffre de voiture de leur bébé, privé de soins et apparemment dissimulé à tous depuis sa naissance ! Un cas qui « défie l’imagination », a-t-on dit. Le « néonaticide » en moins, ce cas s’apparente au syndrome inquiétant du soi-disant « déni de grossesse » qui défraie la chronique depuis quelques années (cf. L’HN du 27 février 2010). C’est ce que n’a pas craint d’affirmer Chrystèle ­Chassagne-Delpech, l’avocate de la mère :

« On est complètement dans le déni de grossesse, totalement. On est dans le déni dès lors que cette femme n’a pas eu conscience de son état de grossesse, de l’accouchement non plus. Aujourd’hui elle réalise… ».

La découverte

La fillette a été trouvée déshydratée, nue, sale, apparemment fiévreuse, dans un couffin placé dans le coffre d’une voiture que la mère avait amenée à un garage à Terrasson (Dordogne), à 10 km de leur village de Brignac-la-Plaine (Corrèze). Les employés avaient été alertés par « des bruits bizarres, comme des gémissements », venant de l’arrière. Ils avaient ouvert le coffre horrifiés, devant une mère inconsciente, semble-t-il, de la gravité de ce qu’elle avait fait…

Depuis sa naissance le bébé aurait été caché « à tous points de vue, c’est-à-dire auprès des proches, des membres de la famille, du voisinage et de l’état-civil », selon le procureur de Brive, Jean-Pierre Laffite, qui a souligné le caractère « exceptionnel » du cas. La mère (45 ans), d’origine portugaise et sans emploi, a déclaré aux enquêteurs avoir accouché seule, dissimulé l’enfant à son compagnon (40 ans). Lui-même portugais, artisan du bâtiment au chômage, a assuré ignorer son existence… Ils sont poursuivis pour privation de soins et d’aliments par ascendant au point de compromettre l’état de santé, violences volontaires habituelles sur mineur de moins de 15 ans, et dissimulation ayant entraîné atteinte à l’état-civil d’un enfant. Les « violences » visées sont de nature psychologique ou environnementale, précise-t-on de source judiciaire, en soulignant l’absence « d’indication de violence physique ». La petite fille (qui n’avait donc pas d’identité) présentait des retards importants notamment de la taille, du poids et de capacités incompatibles avec son âge, estimé entre 15 et 23 mois. Elle ne parle pas et nécessitera « une prise en charge extrêmement lourde sur le plan éducatif pour compenser ses carences », a précisé le procureur.

Trois autres enfants du couple, une fille de 4 ans et des garçons de 9 et 10 ans, normalement scolarisés et qui n’avaient « jamais attiré l’attention », ont été confiés aux services sociaux de Corrèze. Le couple encourt une peine de prison maximale de 10 ans.

Une thèse fumeuse

Rappelons que, selon la théorie fumeuse du « déni de grossesse » répandue par le professeur Israël Nisand : « Il ne suffit pas d’être enceinte pour attendre un enfant. S’il n’y a pas de parole, il n’y a pas d’enfant, il y a de la tumeur humaine. » Cette logique nominaliste du « projet » et du « rejet » est précisément celle du « droit à l’IVG » mais aussi celle du stockage et du triage des embryons surnuméraires.

Une nouvelle infraction

Dans cet esprit négationniste du « déni de grossesse », l’avocate de Véronique Courjault (trois bébés mis au congélateur !) avait demandé l’introduction d’une infraction spécifique dans le Code pénal : le « néonaticide », afin de différencier « les mères qui tuent à la naissance des mères qui tuent un enfant » ! La mère a simplement oublié ici de tuer directement son nouveau-né : péché par omission par lequel ­elle est aujourd’hui paradoxalement plus coupable aux yeux de notre société de consommation avec sa culture du rebus, comme dit le Pape François. Au déni de grossesse s’ajoute le déni de naissance, dans le même et terrible déni de l’enfant comme personne. Un déni de réalité tragiquement révélateur de la schizophrénie de notre culture de mort. Mais on peut continuer encore très loin dans cette spirale infernale. Un Nisand ne ­pourrait-il pas dire en effet : Il ne suffit pas d’accoucher pour avoir un enfant… Au secours, ils sont devenus fous dangereux !

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéÉducation

Écoles hors contrat : un modèle qui s’impose

Les écoles hors contrat n’ont jamais été aussi nombreuses qu’à la rentrée 2024 malgré les difficultés administratives et financières qu’elles peuvent rencontrer. Dans un contexte de crise de l’éducation, elles bénéficient notamment de leurs méthodes pédagogiques et de leurs bons résultats académiques.

+

hors contrat école
SociétéÉducation

Christian Espeso : un directeur injustement sacrifié au nom de la laïcité

Le 11 septembre 2024, Christian Espeso, directeur de l’établissement catholique Immaculée Conception à Pau, a été suspendu pour trois ans par l'Inspection académique des Pyrénées-Atlantiques. Accusé d'atteinte à la laïcité pour des pratiques religieuses au sein de son école, cette décision suscite de vives réactions. Soutenu par la communauté éducative, il se prépare à engager une bataille juridique contre cette sanction qu'il juge infondée.

+

directeur Christian Espeso
Société

Financement de l’idéologie « woke » : un fardeau injustifiable

Entretien | Aboutissement d’une enquête de deux ans dans les comptes des entreprises et des institutions françaises, l’ouvrage de Wandrille de Guerpel et Emmanuel Rechberg, Le Vrai Coût du progressisme, démontre comment les finances des entreprises et de l’État sont siphonnées au profit du progressisme, à l’insu des citoyens et à leur détriment. Un constat brutal. Entretien avec Wandrille de Guerpel.

+

financement progressisme
Société

Incendie dévastateur à l’église de Saint-Omer

Dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024, un incendie a ravagé l'église de l'Immaculée-Conception à Saint-Omer, entraînant l'effondrement de son clocher et des dégâts importants. Un suspect a été arrêté, soulevant des inquiétudes sur la protection du patrimoine religieux en France. 

+

incendie saint-omer
SociétéLectures

Itinéraire vers la vérité

Dans le roman d’une vie retracée, le père Jean-François Thomas guide son personnage principal de la douleur du veuvage à sa propre fin, en suivant un chemin héroïque vers l’abandon.

+

itinéraire vers la vérité