Le Pape appelle les jeunes à la joie du don

Publié le 04 Mai 2016
Le Pape appelle les jeunes à la joie du don L'Homme Nouveau

Toute l’homélie du Pape pour le jubilé des jeunes de ce dimanche 24 avril est consacrée à la charité, à partir de la phrase du Discours après la Cène selon laquelle on reconnaît les disciples à l’amour qu’ils ont les uns pour les autres. Il s’agit vraiment du commandement de Jésus capable de fonder l’existence d’un chrétien et de caractériser son identité filiale. À ce commandement de l’amour, Jésus ajoute la promesse de l’assistance de l’Esprit Saint et le désir que le Père a de notre sanctification. Nous avons, en effet, accès au Père par le Fils, mais dans le Saint Esprit qui nous permet, grâce à ses dons, de pratiquer une vie sainte, c’est-à-dire digne des fils de Dieu. La sainteté n’est pas autre chose que la perfection de l’amour. Et il ne s’agit pas seulement du commandement du Seigneur, mais encore de son testament. C’est pourquoi les chrétiens, comme le rappelle le Pape aux jeunes, portent une grande responsabilité. Pour être reconnu comme véritable disciple du Christ, il n’y a qu’une carte de visite : la charité. Et les chrétiens, pour la première fois appelés de ce nom à Antioche, l’ont été précisément parce qu’ils s’aimaient.

Mais il ne s’agit pas de n’importe quel amour, mais bien de l’amour de charité qui est essentiellement une amitié. De celle-ci, Salluste donnait la définition suivante : « vouloir les mêmes choses et refuser les mêmes choses ». À la suite de Benoît XVI, le Pape rappelle que les commandements ne sont pas d’abord des interdits, mais au contraire des preuves de l’amour. L’amour se prouve par les œuvres et c’est pourquoi il est toujours concret. À sa manière, le Pape donne plusieurs exemples savoureux. Il ne s’agit pas d’être un héros de film, mais bien d’être un saint. Ou encore : « le bonheur n’est pas une “app” qu’on télécharge ». C’est pourquoi aussi l’amour est exigeant. Il refuse toute médiocrité. Sans citer Mère Teresa qui disait que l’amour fait toujours mal, le Pape rappelle qu’il n’y a pas d’amour sans effort et surtout sans pardon ; celui-ci n’est jamais facile même s’il ne se confond pas avec l’oubli. L’amour demande aussi l’action de grâces : merci. Nous ne remercierons jamais assez Jésus de qui nous recevons tout, à commencer par la fidélité. Le Seigneur est toujours là et, quand nous péchons, il nous attend au tribunal de la miséricorde. Il attend que nous disions oui. Nous sommes tous pécheurs ; le juste tombe sept fois par jours, dit l’Écriture. Mais si nous mettons notre confiance en Jésus, il nous relèvera toujours.

L’amour est aussi lié à la liberté. Mais ici prenons garde, car être libre, ce n’est pas faire tout ce qui passe par la tête. Il faut savoir dire non. Si on ne sait pas dire non, dit le Pape, on n’est pas libre. L’amour ne se commercialise pas et il faut savoir dire non aux facilités permissives de l’internet et d’une société sans Dieu. Disons non aux masques artificiels, mensongers. La vraie liberté est liée à la vérité. Les jeunes doivent grandir dans le véritable amour et donc dans la liberté authentique. C’est une responsabilité qui durera jusqu’à la mort. C’est pour cela que nous avons besoin de mettre notre confiance en quelqu’un de sûr. Et il n’y a pas plus sûr que Jésus. Saint Pothin et avant lui saint Polycarpe avaient rappelé à leurs juges que Jésus ne les avait jamais trahis. Pratiquons la charité à l’exemple de Marie et que les jeunes deviennent des champions de l’amour, des sportifs de Dieu. Ils ne le feront qu’en pratiquant les quatorze œuvres de miséricorde. Souvenons-nous toujours que le secret de l’amour reste et restera toujours le Seigneur qui nous a aimés jusqu’à la fin.

L’homélie du Pape

Chers jeunes garçons et filles, quelle grande responsabilité le Seigneur nous confie aujourd’hui ! Il nous dit que les gens reconnaîtront les disciples de Jésus à la façon dont ils s’aiment entre eux. L’amour, en d’autres termes, est la carte d’identité du chrétien, c’est l’unique « document » valide pour être reconnu disciples de Jésus. L’unique document valide. Si ce document expire et n’est pas renouvelé continuellement, nous ne sommes plus des témoins du Maître. Alors, je vous demande : voulez-vous accueillir l’invitation de Jésus à être ses disciples ? Voulez-vous être des amis fidèles ? Le vrai ami de Jésus se distingue essentiellement par l’amour concret ; pas l’amour « dans les nuages », non, l’amour concret qui resplendit dans sa vie. L’amour est toujours concret. Celui qui n’est pas concret et parle de l’amour fait un roman feuilleton. Voulez-vous vivre cet amour qu’il nous donne ? Vous voulez ou vous ne voulez pas ? Cherchons alors à nous mettre à son école, qui est une école de vie pour apprendre à aimer. Et c’est un travail de tous les jours : apprendre à aimer.

D’abord et avant tout, aimer, c’est beau, c’est la voie pour être heureux. Mais ce n’est pas facile, c’est exigeant, cela demande de l’effort. Pensons, par exemple, à ce qui se passe lorsque nous recevons un cadeau : cela nous rend heureux, mais pour préparer ce cadeau, des personnes généreuses ont consacré du temps et de l’énergie ; et ainsi en nous offrant quelque chose, ils nous ont donné également un peu d’eux-mêmes, quelque chose dont ils ont su se priver. Pensons aussi au don que vos parents et vos animateurs vous ont fait, en vous permettant de venir à Rome pour ce Jubilé qui vous est consacré. Ils ont tout planifié, organisé, préparé pour vous, et cela leur procurait de la joie, même si peut-être ils renonçaient à un voyage pour eux-mêmes. Voilà le concret de l’amour. Aimer, en effet, veut dire donner, non pas seulement quelque chose de matériel, mais quelque chose de soi-même : son propre temps, sa propre amitié, ses propres capacités.

Remercier le Seigneur

Regardons le Seigneur, qui est invincible en générosité. Nous recevons de lui de nombreux bienfaits, et chaque jour nous devrions le remercier… Je voudrais vous demander : remerciez-vous le Seigneur chaque jour ? Même si nous, nous l’oublions, lui, il n’oublie pas de nous offrir chaque jour un cadeau spécial. Il ne s’agit pas d’un cadeau à tenir matériellement en main et à utiliser, mais c’est un cadeau plus grand, pour la vie. Que nous donne le Seigneur ? Il nous donne sa fidèle amitié, qu’il ne nous retirera jamais. Le Seigneur est l’ami pour toujours. Même si tu le déçois et t’éloignes de lui, Jésus continue à t’aimer et à être proche de toi, à croire en toi plus que tu crois en toi-même. C’est le concret de l’amour que nous enseigne Jésus. Et cela est si important ! Car la menace principale, qui empêche de bien grandir, c’est lorsque tu ne comptes pour personne – c’est triste, cela –, lorsque tu vois que tu es mis à l’écart. Le Seigneur, au contraire, est toujours avec toi et il est content d’être avec toi. Comme il l’a fait avec ses jeunes disciples, il te regarde dans les yeux et t’appelle à le suivre, à « prendre le large » et à « jeter les filets » confiant en sa parole, c’est-à-dire à mettre en jeu tes talents dans la vie, avec lui, sans peur. Jésus t’attend patiemment, il attend une réponse, il attend ton « oui ».

Chers jeunes, à votre âge, émerge en vous, aussi d’une nouvelle manière, le désir d’aimer et d’être aimé. Si vous allez à son école, le Seigneur vous enseignera à rendre également plus belles l’affection et la tendresse. Il mettra dans votre cœur une intention bonne, celle d’aimer sans être possessif : d’aimer les personnes sans les vouloir comme vôtres, mais en les laissant libres. Parce que l’amour est libre ! Il n’y a pas de véritable amour qui ne soit pas libre ! Cette liberté que le Seigneur nous laisse quand il nous aime. Il est toujours proche de nous. Il y a toujours, en effet, la tentation de polluer l’affection par la prétention instinctive de prendre, d’« avoir » ce qui plaît ; et ça, c’est de l’égoïsme. Et aussi, la culture consumériste renforce cette tendance. Mais toute chose, si on l’étreint trop, se froisse, s’abîme : puis, on est déçu, gagné par un vide intérieur. Si vous écoutez sa voie, le Seigneur vous révélera le secret de la tendresse : prendre soin de l’autre personne, ce qui veut dire la respecter, la protéger et l’attendre. Et cela, c’est le concret de la tendresse et de l’amour.

La vraie liberté

Au cours de ces années de jeunesse, vous sentez aussi un grand désir de liberté. Beaucoup vous diront qu’être libres signifie faire ce qu’on veut. Mais ici il faut savoir dire des « non ». Si tu ne sais pas dire non, tu n’es pas libre. Celui qui est libre c’est celui qui sait dire oui et qui sait dire non. La liberté n’est pas pouvoir toujours faire ce qui me convient : cela enferme, rend distant, empêche d’être des amis ouverts et sincères ; ce n’est pas vrai que lorsque je me sens bien tout va bien. Non, ce n’est pas vrai. La liberté, en revanche, est le don de pouvoir choisir le bien : ça, c’est la liberté. Est libre celui qui choisit le bien, celui qui cherche ce qui plaît à Dieu, même si c’est pénible, ce n’est pas facile. Mais je crois que, vous les jeunes, vous n’avez pas peur des fatigues, vous êtes courageux ! Cependant c’est seulement par des choix courageux et forts qu’on réalise les plus grands rêves, ceux auxquels il vaut la peine de consacrer la vie. Des choix courageux et forts. Ne vous contentez pas de la médiocrité, de « vivoter » dans le confort et assis ; ne vous fiez pas à celui qui vous distrait de la vraie richesse, que vous êtes, en vous disant que la vie est belle uniquement lorsqu’on a beaucoup de choses : méfiez-vous de celui qui veut vous faire croire que vous avez de la valeur quand vous portez le masque des forts, comme les héros des films, ou quand vous endossez des habits dernier cri. Votre bonheur n’a pas de prix et ne se commercialise pas : il n’est pas une « app » qu’on télécharge sur un téléphone portable : même la version la plus actualisée ne peut vous aider à devenir libres et grands dans l’amour. La liberté, c’est autre chose.

En effet, l’amour est le don libre de celui qui a le cœur ouvert. L’amour est une responsabilité, mais une belle responsabilité qui dure toute la vie ; c’est l’engagement quotidien de celui qui sait réaliser de grands rêves ! Ah, malheur aux jeunes qui ne savent pas rêver, qui n’osent pas rêver ! Si un jeune de votre âge n’est pas capable de rêver, il est déjà à la retraite. L’amour se nourrit de confiance, de respect, de pardon. L’amour ne se réalise pas parce que nous en parlons, mais quand nous le vivons : il n’est pas une douce poésie à apprendre par cœur, mais un choix de vie à mettre en pratique ! Comment pouvons-nous grandir dans l’amour ? Le secret est encore le Seigneur : Jésus se donne à nous dans la Messe, il nous offre le pardon et la paix dans la Confession. Là, nous apprenons à accueillir son Amour, à le faire nôtre, à le diffuser dans le monde. Et quand aimer semble dur, quand il est difficile de dire non à ce qui est erroné, regardez la croix de Jésus, embrassez-la et ne lâchez pas sa main, qui vous conduit vers le haut et vous relève quand vous tombez. Dans la vie on tombe toujours, parce que nous sommes pécheurs, nous sommes faibles. Mais il y a la main de Jésus qui nous relève. Jésus nous veut debout ! Quelle belle parole disait Jésus aux paralytiques : « Lève-toi ! ». Dieu nous a créés pour être debout. Il y a une belle chanson que chantent les chasseurs alpins, quand ils montent sur les hauteurs. La chanson dit ceci : « Dans l’art de monter, l’important n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester tombé ! ». Avoir le courage de se relever, de se laisser relever par la main de Jésus. Et cette main vient souvent de la main d’un ami, de la main des parents, de la main de ceux qui nous accompagnent dans la vie. Jésus lui-même aussi est là. Levez-vous ! Dieu vous veut debout, toujours debout !

Je sais que vous êtes capables de gestes de grande amitié et de bonté. Vous êtes appelés à construire l’avenir ainsi : avec les autres et pour les autres, jamais contre quelqu’un ! On ne construit pas « contre » : cela s’appelle de la destruction. Vous ferez des choses merveilleuses si vous vous préparez dès à présent, en vivant pleinement votre âge si riche de dons, et sans avoir peur de l’effort. Faites comme les champions sportifs, qui atteignent de hauts objectifs en s’entraînant avec humilité et durement chaque jour. Que votre programme quotidien soit les œuvres de miséricorde : entraînez-vous-y avec enthousiasme pour devenir des champions de la vie, champions d’amour ! Ainsi, vous serez reconnus comme des disciples de Jésus. Ainsi vous aurez la carte d’identité de chrétien. Et, je vous assure : votre joie sera totale.

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