Le Pape invite à la prière

Publié le 13 Sep 2015
Le Pape invite à la prière L'Homme Nouveau

La prière doit retrouver sa place dans chaque famille chrétienne, a redit avec insistance le Pape François lors de l’audience générale du 26 août dernier Place Saint-Pierre. Ce don de l’Esprit s’apprend  en effet en famille dès le plus jeune âge, afin que chacun soit protégé par l’amour de Dieu qui surpasse toute chose.

Les rares interventions estivales du Pape nous incitent à nous tourner vers l’allocution de l’audience générale de mercredi dernier consacrée à la prière en famille, thème développé par tous les papes modernes, surtout depuis Pie XI. Le Pape François part d’une constatation générale : les gens ne prient plus. Ce reproche grave nous est souvent adressé par les musulmans : « Votre Dieu n’est pas vrai puisque vous ne priez pas ». Beaucoup, pourtant, regrettent sincèrement cette profonde lacune. Car la prière est notre réponse d’amour au Seigneur. Si nous aimons, naturellement nous prierons, car la prière est « la langue de Dieu ». Cette prière doit être d’abord une grande action de grâce envers Dieu et sa Providence qui nous accompagne tous sur le chemin de la vie par des voies d’amour et de tendresse, même si ces voies ne sont pas toujours celles que nous aurions choisies.

Un langage d’amour

La prière est un langage d’amour, mais si Dieu n’allume pas l’incendie par le feu de son Esprit Saint, nous n’aurons jamais le véritable esprit de prière. Saint Paul l’avait déjà remarqué bien avant le Pape François (cf. Rm. 8). Pour prier vraiment, il faut beaucoup d’amour et beaucoup d’affection. Et voilà pourquoi la prière des enfants est si précieuse auprès de Dieu. Là encore, le Pape François ne dit pas de nouveautés, mais notre monde actuel a un besoin urgent de réentendre ces vérités. Un siècle avant lui, saint Pie X, en permettant aux petits enfants de recevoir la sainte communion, prévoyait déjà qu’il y aurait beaucoup de saints parmi eux. Dans les familles chrétiennes, le cœur des enfants devient une véritable église. Ayant davantage de temps pour prier, ils pallient, dans le mystère de la communion des saints, les défections des parents surchargés. Cependant, ceux-ci peuvent et doivent intégrer la prière à leurs multiples occupations. Il n’est pas interdit de prier en faisant la cuisine ou en faisant le ménage. On sait les consignes de sainte Thérèse d’Avila à ses sœurs : celui qui fait la volonté de Dieu avec beaucoup d’amour prie. Et le Pape d’avoir à ce propos comme toujours une parole humoristique. Il y a de fait beaucoup de travail dans une famille et il faudrait des journées de 48 heures. Les parents apprennent vite à faire des équations et, dit le Pape, « beaucoup de mamans pourraient remporter le prix Nobel pour cela ».

La prière permet non seulement de rester dans le cœur à cœur avec Dieu, mais encore elle est source de paix. Et le Pape rappelle ici que les familles ne sont finalement que la reproduction pour aujourd’hui de l’évangile de Marthe et Marie. Qu’elles choisissent donc la meilleure part. Le Pape en vient alors à préciser les prières indispensables que nous devons faire en famille, spécialement la prière du matin et du soir, les bénédictions de table – il renouvelle là sa demande de Laudato si – et, bien sûr, la récitation du chapelet. Il réitère aussi son invitation à lire chaque jour en famille un passage de l’Écriture, surtout des Évangiles. Chacun doit avoir un évangile dans sa poche. Il ne faut pas oublier que la lectio divina est le premier jalon qui nous conduira, par la méditation et la prière, à la véritable contemplation. Demandons à Marie, Reine de la famille, Notre Dame de la prière de l’Ile-Bouchard ou Notre Dame du Rosaire de Fatima, de vivre intensément le mystère de la prière. Et pour cela, commençons, comme le demande le Pape, à bien faire le signe de croix.

Les propos du Pape : 

Après avoir réfléchi sur la manière dont la famille vit les temps de la fête et du travail, nous prenons à présent en considération le temps de la prière. La plainte la plus fréquente des chrétiens concerne précisément le temps : « Je devrais prier davantage…; je voudrais le faire, mais souvent je n’ai pas le temps ». Nous l’entendons sans cesse. Le regret est sincère, assurément, car le cœur humain cherche toujours la prière, même sans le savoir ; et s’il ne la trouve pas, il n’est pas en paix. Mais pour qu’ils se rencontrent, il faut cultiver dans son cœur un amour « chaleureux » pour Dieu, un amour affectif.

Nous pouvons nous poser une question très simple. C’est une bonne chose de croire en Dieu de tout son cœur, d’espérer qu’Il nous aide dans les difficultés, de ressentir le devoir de Lui rendre grâce. Tout cela est juste. Mais aimons-nous un peu le Seigneur ? La pensée de Dieu nous émeut-elle, nous émerveille-t-elle, nous attendrit-elle ?

Le langage de l’amour

Pensons à la formulation du grand commandement, qui soutient tous les autres : « Tu aimeras Yahvé, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (Dt 6, 5 ; cf. Mt 22, 37). La formule utilise le langage intensif de l’amour, en le transposant à Dieu. Voilà, l’esprit de prière habite avant tout là. Et s’il habite là, il y habite tout le temps et n’en sort jamais. Réussissons-nous à penser à Dieu comme à la caresse qui nous tient en vie, avant laquelle il n’existe rien ? Une caresse de laquelle rien, même pas la mort, ne peut nous détacher ? Ou bien pensons-nous à lui seulement comme le grand Être, le Tout-Puissant qui a fait toute chose, le Juge qui contrôle chaque action ? Tout cela est vrai, naturellement. Mais ce n’est que quand Dieu est Celui pour qui tous ceux que nous aimons éprouvent de l’affection, que le sens de ces mots prend sa plénitude. Alors nous nous sentons heureux, et aussi un peu perdus, car Il pense à nous et surtout Il nous aime ! Cela n’est-il pas impressionnant ? Cela n’est-il pas impressionnant que Dieu nous caresse avec un amour de Père ? C’est si beau ! Il pouvait simplement se faire reconnaître comme l’Être suprême, donner ses commandements et attendre les résultats. En revanche, Dieu a fait infiniment plus que cela. Il nous accompagne sur le chemin de la vie, Il nous protège, Il nous aime.

Si l’affection pour Dieu n’allume pas le feu, l’esprit de la prière ne réchauffe pas le temps. Nous pouvons aussi multiplier nos paroles, « comme le font les païens » dit Jésus ; ou bien également exhiber nos rites « comme le font les pharisiens » (cf. Mt 6, 5.7). Un cœur habité par l’affection pour Dieu fait devenir prière également une pensée sans mots, ou une invocation devant une image sacrée, ou un baiser envoyé vers l’Église. C’est beau quand les mamans enseignent à leurs petits enfants à envoyer un baiser à Jésus ou à la Vierge. Combien de tendresse se trouve en cela ! À ce moment le cœur des enfants se transforme en lieu de prière. Et c’est un don de l’Esprit Saint. N’oublions jamais de demander ce don pour chacun de nous ! C’est parce que l’Esprit de Dieu a cette manière spéciale de dire dans nos cœurs « Abba », « Père », qu’Il nous enseigne à dire « Père » précisément comme le disait Jésus, d’une manière que nous ne pourrions jamais trouver seuls (cf. Ga 4, 6). « C’est en famille que l’on apprend à demander et à apprécier ce don de l’Esprit ». Si on l’apprend avec la même spontanéité avec laquelle on apprend à dire « papa » et « maman », on l’a appris pour toujours. Quand cela se produit, le temps de toute la vie familiale est enveloppé au sein de l’amour de Dieu, et cherche spontanément le temps de la prière.

En famille

Le temps de la famille, nous le savons bien, est un temps compliqué et rempli de personnes, d’affaires et de préoccupations. Il y en a toujours peu, il ne suffit jamais, il y a tant de choses à faire. Celui qui a une famille apprend vite à résoudre une équation que même les grands mathématiciens ne savent pas résoudre : en vingt-quatre heures, il réussit à faire ce qui demande le double du temps ! Il y a des mamans et des papas qui pourraient remporter le prix Nobel pour cela. De 24 heures ils réussissent à en faire 48 : je ne sais pas comment ils font, mais ils se bougent et le font ! Il y a tellement de travail dans une famille !

L’esprit de la prière restitue le temps à Dieu, sort de l’obsession d’une vie à laquelle il manque toujours le temps, retrouve la paix des choses nécessaires, et découvre la joie de dons inattendus. De bonnes guides pour cela sont les sœurs Marthe et Marie, dont parle l’Évangile que nous avons écouté ; elles apprirent de Dieu l’harmonie des rythmes familiaux : la beauté de la fête, la sérénité du travail, l’esprit de la prière (cf. Lc 10, 38-42). La visite de Jésus, qu’elles aimaient bien, était leur fête. Mais un jour, Marthe apprit que le travail de l’hospitalité, bien qu’important, n’est pas tout, mais qu’écouter le Seigneur, comme le faisait Marie, était la chose vraiment essentielle, la « meilleure part » du temps. La prière jaillit de l’écoute de Jésus, de la lecture de l’Évangile. N’oubliez pas, il faut tous les jours lire un passage de l’Évangile. La prière jaillit de l’intimité avec la Parole de Dieu. Cette intimité existe-t-elle dans notre famille ? Avons-nous un évangile à la maison ? L’ouvrons-nous quelques fois pour le lire ensemble ? Le méditons-nous en récitant le chapelet ? L’Évangile lu et médité en famille est comme un bon pain qui nourrit le cœur de tous. Et le matin et le soir, et quand nous nous mettons à table, apprenons à dire ensemble une prière, avec beaucoup de simplicité : c’est Jésus qui vient parmi nous, comme Il allait dans la famille de Marthe, Marie et Lazare. Il y a une chose qui me tient beaucoup à cœur et que j’ai constatée dans les villes : il y a des enfants qui n’ont pas appris à faire le signe de la croix ! Mais toi maman, papa, apprends à ton enfant à prier, à faire le signe de la croix : cela est l’un des beaux devoirs des mamans et des papas !

Dans la prière de la famille, dans ses moments forts et dans ses passages difficiles, nous sommes confiés les uns aux autres, pour que chacun de nous en famille soit protégé par l’amour de Dieu! 

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