Le pape met les points sur les « i » concernant la messe, commentaire d’un moine

Publié le 15 Nov 2017
Le pape met les points sur les "i" concernant la messe, commentaire d'un moine L'Homme Nouveau

Lors de son allocution du 8 novembre, après avoir terminé par l’évocation du paradis la série d’audiences du mercredi consacrées à l’espérance, le Pape aborde le Sacrement par antonomase : l’Eucharistie, qui est au cœur même de la vie de l’Église, car elle contient vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang de Notre Seigneur. Cette série d’audiences s’annonce particulièrement importante et non pas seulement intéressante. Il est en effet fondamental de rappeler à tous les chrétiens la valeur infinie de la messe et sa signification profonde. Ce qui caractérise la religion chrétienne, c’est précisément la rencontre personnelle avec un Dieu personnel. De l’un de ses paroissiens qui passait des heures devant le tabernacle, le Curé d’Ars s’est entendu dire cette phrase magnifique : « Il m’avise et je l’avise ». Immense est le nombre des chrétiens à travers le monde et durant les deux millénaires de christianisme qui furent des passionnés de l’Eucharistie et qui, de saint Tarcisius jusqu’aux martyrs des goulags, versèrent leur sang pour être des témoins du Sacrement de l’Amour. Le Pape cite comme exemple des martyrs d’Afrique du Nord durant la persécution de Dioclétien. L’Eucharistie fut pour eux, comme elle devrait l’être pour nous, gage de la vie éternelle. Il est difficile d’ailleurs de trouver un mot pour contenir tout ce qu’est l’Eucharistie. Ce dernier mot veut dire en grec action de grâces et elle l’est de fait. C’est une action de grâce envers la Très Sainte Trinité pour tous les dons qu’elle verse par ce sacrement dans les âmes. Et la première des grâces, c’est l’union à Dieu, union qui est transformation. La communion au Corps du Christ procure l’effet inverse de la manducation des autres aliments. Quand on absorbe ces derniers, ils se transforment en nous ; pour l’Eucharistie c’est le contraire. Nous devenons Celui que nous consommons.

L’Eucharistie est le Sacrement du sacrifice de la Croix. Participer à la messe, c’est donc revivre le sacrifice même du Christ, comme le rappelait Jean-Paul II à des jeunes : « Aller à la messe c’est aller au calvaire pour y rencontrer son Rédempteur ». On l’oublie trop de nos jours et cela est très grave. Le Pape le rappelle opportunément en insistant sur deux points. Toute messe commence par le signe de la Croix. Alors le Pape nous pose une question. Comment le faisons-nous ? Est-ce un simple geste de routine et trop confus dans notre esprit ou bien est-ce véritablement un acte de foi en la Rédemption acquise par le sang de notre Dieu ? Toute journée doit commencer par le signe de la Croix. Il orientera toute notre vie. C’est très important de se le rappeler. Aussi le Pape demande aux parents d’apprendre aux enfants à bien faire le signe de la Croix. Il pose aussi une question sur les lectures, sans pourtant en donner la réponse, que l’on peut deviner facilement : les Saintes Écritures qui sont la révélation de Dieu nous enseignent l’amour infini de Dieu qui pour nous sauver a envoyé son Fils unique. Même lors des lectures, la Croix se trouve au centre de toutes nos messes. C’est par elle que nous sommes orientés vers le Seigneur et c’est par elle que nous pouvons élever nos cœurs. Et le Pape aborde alors le deuxième point lié au fait que la messe est le Sacrement du sacrifice de la Croix : la messe n’est pas un spectacle. Nous devons donc, durant la messe, élever nos cœurs et pas nos portables pour prendre des photos. Le Pape fait sienne ici une idée chère au cardinal Sarah. Que Marie nous fasse comprendre qu’aller à la messe, c’est aller vraiment à la rencontre du Christ crucifié et ressuscité.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 8 novembre 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses, qui portera le regard sur le «cœur» de l’Eglise, c’est-à-dire l’Eucharistie. Il est fondamental pour nous chrétiens de bien comprendre la valeur et la signification de la Messe, pour vivre toujours plus pleinement notre relation avec Dieu.

Nous ne pouvons oublier le grand nombre de chrétiens qui, dans le monde entier, en deux mille ans d’histoire, ont résisté jusqu’à la mort pour défendre l’Eucharistie; et ceux qui, aujourd’hui encore, risquent leur vie pour participer à la Messe du dimanche. En l’an 304, au cours des persécutions de Dioclétien, un groupe de chrétiens, d’Afrique du Nord, furent surpris alors qu’ils célébraient la Messe dans une maison et furent arrêtés. Le proconsul romain leur demanda, au cours de l’interrogatoire, pourquoi ils l’avaient fait, sachant que cela était absolument interdit. Et ils répondirent: «Nous ne pouvons pas vivre sans le dimanche», ce qui voulait dire: si nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre, notre vie chrétienne mourrait. 

En effet, Jésus dit à ses disciples: «Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour» (Jn 6, 53-54).

Ces chrétiens d’Afrique du Nord furent tués parce qu’ils célébraient l’Eucharistie. Ils ont laissé le témoignage que l’on peut renoncer à la vie terrestre pour l’Eucharistie, parce que celle-ci nous donne la vie éternelle, en nous faisant participer à la victoire du Christ sur la mort. Un témoignage qui nous interpelle tous et exige une réponse sur ce que signifie pour chacun de nous de participer au sacrifice de la Messe et de nous approcher de la Table du Seigneur. Cherchons-nous cette source «jaillissante d’eau vive» pour la vie éternelle? Qui fait de notre vie un sacrifice spirituel de louange et d’action de grâce et fait de nous un seul corps avec le Christ? Tel est le sens le plus profond de la sainte Eucharistie, qui signifie «action de grâce»: action de grâce à Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit qui nous englobe et nous transforme dans sa communion d’amour.

Au cours des prochaines catéchèses, je voudrais apporter une réponse à certaines questions importantes sur l’Eucharistie et la Messe, pour redécouvrir, ou découvrir, comment à travers ce mystère de la foi resplendit l’amour de Dieu.

Le Concile Vatican II a été fortement animé par le désir de conduire les chrétiens à comprendre la grandeur de la foi et la beauté de la rencontre avec le Christ. Pour cette raison, il était nécessaire avant tout de réaliser, sous la direction de l’Esprit Saint, un renouveau adapté de la liturgie, parce que l’Eglise vit constamment d’elle et se renouvelle grâce à elle.

Un thème central que les Pères conciliaires ont souligné est la formation liturgique des fidèles, indispensable pour un véritable renouveau. Et c’est précisément là également le but de ce cycle de catéchèses que nous commençons aujourd’hui: croître dans la connaissance du grand don que Dieu nous a donné dans l’Eucharistie.

L’Eucharistie est un événement merveilleux dans lequel Jésus Christ, notre vie, se fait présent. Participer à la Messe signifie «vivre encore une fois la passion et la mort rédemptrice du Seigneur. C’est une théophanie: le Seigneur se fait présent sur l’autel pour être offert au Père pour le salut du monde» (Homélie lors de la Messe, Maison Sainte-Marthe, 10 février 2014). Le Seigneur est là avec nous, présent. Souvent, nous allons là, nous regardons les choses, nous bavardons entre nous et le prêtre célèbre l’Eucharistie… et nous ne célébrons pas à ses côtés. Mais c’est le Seigneur! Si le président de la République ou une personne très importante dans le monde venait ici aujourd’hui, il est certain que nous serions tous près de lui, que nous voudrions le saluer. Mais réfléchis: quand tu vas à la Messe, c’est le Seigneur qui est présent! Et tu es distrait. C’est le Seigneur! Nous devons penser à cela. «Père, c’est que les Messes sont ennuyeuses» — «Mais que dis-tu, le Seigneur est ennuyeux?» — «Non, non, pas la Messe, les prêtres» — «Ah, que les prêtres se convertissent, mais c’est le Seigneur qui est présent!». Compris? Ne l’oubliez pas. «Participer à la Messe signifie vivre à nouveau la passion et la mort rédemptrice du Seigneur».

Essayons à présent de nous poser certaines questions simples. Par exemple, pourquoi fait-on le signe de la croix et l’acte de pénitence au début de la Messe? Et je voudrais ouvrir ici une autre parenthèse. Vous avez vu comment les enfants se font le signe de la croix? On ne comprend pas ce qu’ils font, si c’est le signe de la croix ou un dessin. Ils font comme cela [le Pape fait un geste confus]. Il faut enseigner aux enfants à bien faire le signe de la croix. C’est ainsi que commence la Messe, c’est ainsi que commence la vie, c’est ainsi que commence la journée. Cela veut dire que nous sommes rachetés par la croix du Seigneur. Regardez les enfants et enseignez-leur à bien faire le signe de la croix. Et ces lectures, pendant la Messe, pourquoi sont-elles là? Pourquoi lit-on trois lectures le dimanche et deux les autres jours. Pourquoi sont-elles là, que signifie la lecture de la Messe? Pourquoi les lit-on et quel rapport ont-elles avec la Messe? Ou encore, pourquoi à un certain moment, le prêtre qui préside la célébration dit-il: «Elevons nos cœurs?». Il ne dit pas: «Elevons nos téléphones portables pour prendre une photo!». Non, c’est une chose laide! Et je vous dis que je trouve cela très triste quand je célèbre ici, sur la place, ou dans la basilique, et je vois tant de portables levés, pas seulement ceux des fidèles, mais aussi de certains prêtres et également d’évêques. Mais tout de même! La Messe n’est pas un spectacle: c’est aller à la rencontre de la passion et de la résurrection du Seigneur. C’est pourquoi le prêtre dit: «Elevons nos cœurs». Qu’est-ce que cela veut dire? Rappelez-vous: pas de téléphones portables.

Il est très important de revenir aux fondements, de redécouvrir ce qui est l’essentiel, à travers ce que l’on touche et ce que l’on voit dans la célébration des sacrements. La question de l’apôtre saint Thomas (cf. Jn 20, 25), de pouvoir voir et toucher les blessures des clous dans le corps de Jésus, est le désir de pouvoir d’une certaine façon «toucher Dieu» pour y croire. Ce que saint Thomas demande au Seigneur est ce dont nous avons tous besoin: le voir, et le toucher pour le reconnaître. Les sacrements répondent à cette exigence humaine. Les sacrements, et la célébration eucharistique de façon particulière, sont les signes de l’amour de Dieu, les voies privilégiées pour le rencontrer.

Ainsi, à travers ces catéchèses que nous commençons aujourd’hui, je voudrais redécouvrir avec vous la beauté qui se cache dans la célébration eucharistique et qui, une fois dévoilée, donne tout son sens à la vie de chaque personne. Que la Vierge nous accompagne sur ce nouveau bout de chemin. Merci.

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