Le Pape s’adresse aux cardiologues

Publié le 10 Sep 2016
Le Pape s'adresse aux cardiologues L'Homme Nouveau

Le Pape a reçu des cardiologues réunis en congrès à Rome le 31 août. Le cÅ“ur humain est tout un symbole en lui-même et le Verbe Incarné en avait un : le Sacré CÅ“ur, source de miséricorde et symbole d’un Dieu qui a aimé le monde au point de lui envoyer son Fils unique. Le Pape parle du symbolisme du cÅ“ur, mais il ne s’en sert pas pour donner une solution éthique aux greffes du cÅ“ur, dont d’ailleurs il ne parle pas. Il fait cependant mention de la nécessité d’être fidèle aux normes éthiques enseignées par le Magistère de l’Église. On a eu d’ailleurs déjà l’occasion, à propos d’un discours de Benoît XVI, de soulever le problème éthique que posent les greffes en général et celles du cÅ“ur en particulier. Il n’y a pas lieu d’y revenir, mais remarquons encore une fois qu’en ce qui concerne l’éthique médicale le point de repère incontournable demeure Pie XII sur lequel tous ses successeurs se sont appuyés.

Le grand principe de Pie XII

Le cardiologue prend donc soin de l’un des organes principaux de l’homme, parce qu’il est la source de sa vie et aussi de ses affections. Le médecin n’a pas le droit de profiter de sa science pour aller contre le grand principe éthique défendu par Pie XII et ses successeurs, à savoir la dignité de la personne humaine et le respect de la vie, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Au contraire, la recherche médicale doit toujours être guidée par ce principe qui tient compte de la complexité de la nature et du corps humains. Citant le Concile, le Pape rappelle que défendre la vie, c’est obéir à l’intention première du Créateur. L’homme, en effet, a été créé à l’image de Dieu ; en conséquence on ne peut pas faire n’importe quoi avec le corps humain qui entre dans un plan qui transcende le simple plan naturel. C’était déjà le grand enseignement de saint Paul. C’est la raison pour laquelle la seule science naturelle et physique ne pourra jamais comprendre totalement l’homme. Le médecin et le savant devront donc toujours tenir compte de cette donnée essentielle de la création de l’homme telle qu’elle nous est révélée par la Genèse. On ne peut pas soigner l’homme sans le considérer dans sa totalité : physique et spirituelle. Seul le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme, comme nous l’enseigne saint Jean. En conséquence, l’homme de science et, en particulier le médecin, devront toujours respecter le mystère entier de la personne humaine. Le médecin devra par conséquent refuser d’obéir aux lois qui iraient à l’encontre de cette donnée originelle. Il ne devra jamais se laisser vaincre, quelles que soient les pressions, par ceux qui voudraient lui faire taire la vérité pour étouffer cette dernière. Et le Pape cite à propos la phrase de saint Paul aux Romains : « la colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui tiennent la vérité captive dans l’injustice Â».

Malgré les ombres des temps, le Pape reste optimiste, comme le montre son encouragement final. Il ne veut finalement voir que le positif de la recherche médicale qui effectivement mérite d’être soutenue et bénie : diminuer la douleur des hommes et accroître leur vie. Cela rejoint le serment d’Hippocrate. Si la médecine respecte ces consignes papales, qui ne sont en fait que l’application de la loi naturelle, alors l’heure de la science sera celle de Dieu et en conséquence elle apportera à tous les hommes l’espérance de jours meilleurs. Puisse le CÅ“ur Immaculé de Marie triompher de tous les obstacles qui s’opposent à la véritable recherche médicale.

Le discours du Pape

J’ai accueilli avec plaisir l’invitation de la présidence de la Société européenne de Cardiologie à être ici avec vous, à l’occasion de ce congrès mondial qui voit réunis des cardiologues de différents pays. Un remerciement particulier au professeur Fausto Pinto pour ses paroles de bienvenue. Dans la personne du président, j’entends vous remercier tous pour l’engagement scientifique de ces journées d’étude et de confrontation – il est très important de se confronter – mais surtout pour votre dévouement envers tant de malades. C’est un défi de se confronter avec chaque malade.

Vous vous occupez du soin du cÅ“ur. Quelle symbologie se cache dans ce mot et que d’attentent trouvent leurs réponses dans cet organe humain ! Entre vos mains passe le centre qui  bat dans le corps humain, c’est pourquoi votre responsabilité est grande ! Je suis certain que vous trouvant devant ce livre de la vie qui porte en lui encore tant de pages à découvrir, vous vous approchez avec appréhension et un sentiment de crainte.

Le magistère de l’Église a toujours affirmé l’importance de la recherche scientifique pour la vie et la santé des personnes. Aujourd’hui encore, l’Église non seulement vous accompagne sur ce chemin si ardu, mais elle s’en fait la promotrice et entend vous soutenir parce qu’elle comprend que ce qui est dédié au bien effectif de la personne est toujours une action qui provient de Dieu.  La nature, dans toute sa complexité, et aussi l’esprit humain, sont des créatures de Dieu. Le chercheur peut et doit les investiguer, sachant que le développement des sciences philosophiques et empiriques et des compétences pratiques qui servent le plus faible et le malade est un service important qui s’inscrit dans le projet divin. L’ouverture à la grâce de Dieu, faite au moyen de la foi, n’affaiblit pas la raison, au contraire, elle la pousse à avancer, à une connaissance de la vérité plus ample et utile pour l’humanité.

Être pur

Nous savons toutefois que le scientifique aussi, dans sa découverte, n’est jamais neutre. Il porte avec lui son histoire, sa façon d’être et de penser. Pour chacun existe la nécessité d’avoir une sorte de purification qui, tout en éloignant les toxines qui enveniment la raison dans sa recherche de vérité et de certitude, incite à regarder avec une plus grande intensité l’essence des choses. Nous ne pouvons pas nier, en effet, que la connaissance, même la plus précise et scientifique, a besoin de progresser en posant les questions et en trouvant les réponses sur l’origine, le sens et la finalité de la réalité, en incluant l’homme. Toutefois, les seules sciences, naturelles et physiques, ne suffisent pas pour comprendre le mystère que chaque personne contient en soi. Si l’on regarde l’homme dans sa totalité – permettez-moi d’insister sur ce thème – on peut avoir un regard d’une intensité particulière sur les plus pauvres, les plus démunis et marginalisés pour que vos soins les rejoignent aussi, ainsi que l’assistance et l’attention des structures de santé publiques et privées. Nous devons lutter pour qu’il n’y ait pas de « rejetés Â» dans cette culture du rejet qui nous est proposée.

Par votre précieuse activité, vous contribuez à guérir le corps malade et, en même temps, vous avez la possibilité de vérifier qu’il existe des lois inscrites dans la nature même, sur lesquelles personne ne peut mettre la main mais que l’on peut seulement « découvrir, utiliser et ordonner Â» pour que la vie corresponde toujours plus aux intentions du Créateur (cf. Conc. Oecum. Vatican II, Constitution Gaudium et spes, 36). C’est pourquoi il est important que l’homme de science, tandis qu’il se mesure au grand mystère de l’existence humaine, ne se laisse pas vaincre par la tentation d’étouffer la vérité (cf. Rm 1,18).

Je vous redis mon estime pour votre travail – j’ai moi aussi été entre les mains de certains d’entre vous – et je demande au Seigneur de bénir la recherche et les soins médicaux, afin qu’à tous puisse parvenir le soulagement de la douleur, une meilleure qualité de vie et un sens accru de l’espérance, ainsi que cette lutte de tous les jours pour qu’il n’y ait pas de « rejetés Â» dans la vie humaine et dans la plénitude de la vie humaine. Merci beaucoup.

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