Depuis le Ralliement (1892), les évêques français ne se déterminent plus en fonction du bien commun ni de l’enseignement de l’Église, mais au regard de l’idéologie ambiante.
Une parole neutralisée
Bien qu’officiellement non liés à l’État, comme l’Église l’était clairement sous la monarchie, ils sont obligés de consentir à ne pas déplaire aux gouvernants du moment au risque de voir se lézarder le fragile édifice qui maintient l’Église dans la société. Leur parole est neutralisée. Au fil du temps, leur pensée l’a été aussi, à quelques exceptions près sur lesquels le bon peuple catholique se raccroche pour ne pas désespérer. De la majorité des évêques français, déférence mise à part, on pourrait reprendre le propos de Thierry Le Luron à propos de son personnage Adolf Benito Glandu : « pétainiste sous Pétain, Gaulliste sous le général, et socialiste du 10 au 11 mai ».
L’Église, quelle doctrine ?
À part ceux qui vivent dans des réflexes préconciliaires, la plupart des laïcs catholiques ne suivent les recommandations politiques épiscopales que dans la mesure où elles correspondent à leur propre choix. Dans un discours à l’hypocrisie typiquement ecclésial, beaucoup d’évêques invitent sans le dire à voter pour Emmanuel Macron en mettant en avant l’Union européenne, canonisée de facto, ou l’accueil de l’étranger, oubliant d’un même mouvement les dangers de la GPA/PMA, du transhumanisme, la défense de la famille, de la vie, de l’école catholique. Quand ils dénoncent Marine Le Pen, ce n’est même pas en raison de son laïcisme, de son jacobinisme et d’autres points noirs de son programme au regard de la doctrine sociale de l’Église, mais uniquement en reprenant les propos à la mode.
Georges Bernanos, qui manque cruellement aujourd’hui, a qualifié cette attitude d’un mot : la grande peur des bien-pensants.
Pour aller plus loin sur le Ralliement :
Le Ralliement de Léon XIII, Roberto de Mattei, éditions du Cerf.
Notre entretien avec Roberto de Mattei sur son livre.