Le Rosaire, psautier de la Vierge

Publié le 26 Oct 2016
Le Rosaire, psautier de la Vierge L'Homme Nouveau

Le mois d’octobre est traditionnellement consacré au Rosaire. Surtout depuis saint Pie V et la bataille de Lépante, les papes à la suite des saints ne cessèrent de rappeler l’importance et l’efficacité de cette prière appelée « psautier de la Vierge ». Trois d’entre eux méritent d’être spécialement cités. Léon XIII, tout d’abord, qui inaugura en 1883 une série d’encycliques annuelles sur le Rosaire, série qu’il poursuivit presque jusqu’à sa mort. Paul VI, ensuite, qui dans Marialis cultus souligna, en harmonie avec Lumen Gentium, le caractère évangélique du Rosaire et son orientation christologique. Jean-Paul II, enfin, pape marial s’il en fut, poursuivant les directives de ses prédécesseurs, rappela la simplicité et la profondeur de cette prière qui porte tant de fruits. Il établit même, dans Rosarium Virginis Mariæ, une quatrième série de mystères dits « lumineux ». Sans les citer, mais en les évoquant tous au passage, le Pape François rappelle avec son originalité propre les grandes vérités sur le Rosaire.

Comme on le sait, le Rosaire permet de parcourir avec Marie les moments les plus importants de la vie Jésus, moments qui demeureront à tout jamais au cœur même de la Nouvelle et éternelle Alliance. Le Pape le précise ici pour chacun des mystères glorieux, en montrant leur place privilégiée pour contempler Marie comme miséricorde. Mais c’est également vrai de tous les autres mystères. Le Pape en donne la raison : « le Rosaire est la synthèse de l’histoire de la miséricorde de Dieu ». Et nous pouvons tous bénéficier de cette miséricorde si, en récitant cette prière, nous nous laissons façonner par la grâce et écrivons ainsi, à notre petite mesure, la grande histoire du salut. Dans l’Apocalypse, Marie mère de l’Église est la femme qui triomphe du démon. Il faut toujours en revenir là. En effet, en face de la Sainte Trinité, se dresse la trinité diabolique (Satan, la bête de la terre et la bête de la mer) ; en face de l’Église du Christ se dresse l’Antéchrist et ses suppôts formant la contre église ; enfin, en face de l’histoire du salut se situe la contre histoire diabolique si présente de nos jours. C’est pourquoi nous avons besoin de Marie qui a si bien mis en pratique la volonté de Dieu et n’a jamais dit oui à Satan. Dans la prière du Rosaire, nous la sentons constamment près de nous.

On fait d’ordinaire beaucoup d’objections contre la récitation du Rosaire, notamment celle de nous déconnecter de la vie et des préoccupations majeures de nos contemporains. Pour le Pape, cette fausse objection ne traduit pas la réalité. Loin de nous éloigner des difficultés des personnes concrètes, de leurs joies et de leurs espérances quotidiennes, le Rosaire nous les fait partager en profondeur en nous faisant entrer dans l’aujourd’hui du salut contemplé à la lumière des mystères du Christ et de la Vierge. Grâce à la récitation du Rosaire, nous sommes des évangélisateurs de notre monde détourné de Dieu. Par lui aussi, nous communiquons à nos contemporains les trésors de la tendresse, de la bonté et de la miséricorde divines. Par sa charité manifestée dans le mystère de la Visitation, Marie nous aide et nous bénit chaque jour. Par sa foi insigne, elle nous ouvre les portes du Cœur de son Fils et nous invite à le suivre en tout. Invoquons donc notre tendre mère avec le Rosaire, mais aussi avec la plus ancienne prière mariale connue : « Sub tuum praesidium ». Sous l’abri de votre miséricorde nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu…

Le discours du Pape

En cette veillée, nous avons parcouru à nouveau les moments fondamentaux de la vie de Jésus, en compagnie de Marie. Par l’esprit et le cœur, nous sommes allés aux jours de l’accomplissement de la mission du Christ dans le monde. La Résurrection en tant que signe de l’amour extrême du Père qui ramène tout à la vie et comme anticipation de notre condition à venir. L’Ascension en tant que partage de la gloire du Père, où notre humanité trouve également une place privilégiée. La Pentecôte, expression de la mission de l’Église dans l’histoire, jusqu’à la fin des temps, sous la conduite de l’Esprit Saint. Dans les deux derniers mystères, en outre, nous avons contemplé la Vierge Marie dans la gloire du Ciel, elle qui dès les premiers siècles a été invoquée comme Mère de la Miséricorde.

La prière du Rosaire est, par de nombreux aspects, la synthèse de l’histoire de la miséricorde de Dieu qui se transforme en histoire de salut pour tous ceux se laissent façonner par la grâce. Les mystères qui défilent devant nous sont des gestes concrets dans lesquels se déploie l’agir de Dieu envers nous. À travers la prière et la méditation de la vie de Jésus Christ, nous revoyons son visage miséricordieux qui vient à la rencontre de chacun dans les divers besoins de la vie. Marie nous accompagne sur ce chemin, indiquant le Fils qui rayonne de la miséricorde même du Père. Elle est vraiment l’Odigitria, la Mère qui indique le parcours que nous sommes appelés à faire pour être d’authentiques disciples de Jésus. Dans chaque mystère du Rosaire, nous la sentons proche de nous et nous la contemplons comme première disciple de son Fils, elle qui met en pratique la volonté du Père (cf. Lc 8, 19-21).

Dans l’histoire de tous les jours

La prière du Rosaire ne nous éloigne pas des préoccupations de la vie ; au contraire, elle nous demande de nous incarner dans l’histoire de tous les jours pour savoir saisir les signes de la présence du Christ parmi nous. Chaque fois que nous contemplons, un moment, un mystère de la vie du Christ, nous sommes invités à saisir comment Dieu entre dans notre vie, pour l’accueillir ensuite et le suivre. Nous découvrons ainsi la voie qui nous porte à suivre le Christ au service de nos frères. En accueillant et en assimilant certains événements  saillants de la vie de Jésus, nous participons à son œuvre d’évangélisation pour que le Règne de Dieu grandisse et s’étende dans le monde. Nous sommes disciples, mais aussi missionnaires et porteurs du Christ, là où il nous demande d’être présents. Par conséquent, nous ne pouvons pas enfermer en nous le don de sa présence. Au contraire, nous sommes appelés à communiquer à tous son amour, sa tendresse, sa bonté, sa miséricorde. C’est la joie du partage qui ne recule face à rien, parce qu’elle porte une annonce de libération et de salut.  

Marie nous permet de comprendre ce que signifie être disciple du Christ. Elle qui a été choisie depuis toujours pour être la Mère, a appris à être disciple. Son premier acte a été celui de se mettre à l’écoute de Dieu. Elle a obéi à l’annonce de l’Ange et a ouvert son cœur pour accueillir le mystère de la maternité divine. Elle a suivi Jésus, en se mettant à l’écoute de chaque parole qui sortait de sa bouche (cf. Mc 3, 31-35 ) ; elle a tout gardé dans son cœur (cf. Lc 2, 19) et est devenue une mémoire vivante des signes accomplis par le Fils de Dieu pour susciter notre foi. Cependant, il ne suffit pas d’écouter. C’est, certes, le premier pas, mais l’écoute doit ensuite se traduire en action concrète. Le disciple, en effet, met sa vie au service de l’Évangile.

La Vierge, modèle de compassion

C’est ainsi que la Vierge s’est rendue immédiatement chez Élisabeth pour l’aider pendant sa grossesse (cf. Lc 1, 39-56) ; à Bethléem, elle a mis au monde le Fils de Dieu (cf. Lc 2, 1-7) ; à Cana, elle a pris soin de deux jeunes mariés (cf. Jn 2, 1-11) ; sur le Golgotha, elle n’a pas reculé face à la douleur mais elle est restée aux pieds de la croix de Jésus et, volontairement, elle est devenue Mère de l’Église (cf. Jn 19, 25-27) ; après la Résurrection, elle a encouragé les Apôtres réunis au Cénacle dans l’attente de l’Esprit Saint, qui les a transformés en hérauts courageux de l’Évangile (cf. Ac 1, 14). Toute sa vie durant, Marie a réalisé ce qu’il est demandé à l’Église d’accomplir en mémoire perpétuelle du Christ. Dans sa foi, nous voyons comment ouvrir la porte de notre cœur pour obéir à Dieu ; dans son abnégation, nous découvrons combien nous devons être attentifs aux besoins des autres ; dans ses larmes, nous trouvons la force pour consoler ceux qui souffrent. Dans chacun de ces moments, Marie exprime la richesse de la miséricorde divine, qui exauce chacun dans ses besoins quotidiens.

Invoquons ce soir notre tendre Mère du ciel, avec la prière la plus ancienne, par laquelle les chrétiens s’adressaient à elle, surtout dans les moments difficiles et du martyre. Invoquons-la avec la conviction d’être secourus par sa miséricorde maternelle, afin que, Elle, la « glorieuse et bénie », puisse nous protéger, nous aider et nous bénir chaque jour de notre vie.

« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie ».

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