Durant tout le Carême et, pour la forme extraordinaire, dès le temps de la septuagésime (c’est-à-dire les trois semaines qui précèdent le premier dimanche de Carême), l’alléluia est supprimé à la messe et remplacé par le trait. L’Église, en cette période de pénitence, s’interdit le cantique de la joie chrétienne, mais elle ne peut cependant se priver de chanter. Alors elle ne se contente pas de réciter le psaume qu’elle substitue à l’alléluia, elle le chante. C’est un besoin pour elle car elle aime, et le chant liturgique est l’expression privilégiée de son amour.
Le trait est probablement le chant le plus ancien de la messe. Cela se remarque assez aisément car il consiste en une simple psalmodie sans refrain et légèrement ornée. Or la psalmodie est à l’origine de la prière de l’Église qui l’a recueillie de la liturgie synagogale. La structure du trait est exactement calquée sur celle de la récitation psalmique. Les deux côtés du chœur alternent les versets séparés par des doubles-barres sur la portée grégorienne. L’allure est légère, le tempo fluide. Le début des phrases mélodiques est davantage en élan ; les fins de phrases, plus ornées, s’élargissent modérément en de belles cadences. Cette alternance vivante provoque l’effet d’un bercement qui est aussi celui de la psalmodie récitée ou chantée. La mélodie, ici plus que jamais, est servante du texte et s’efface devant lui. Ce qui ne l’empêche pas de s’exprimer, comme ici sur le premier mot Domine, avec beaucoup de liberté et de complaisance.
Pour entendre cet Trait
Ce billet est extrait du dernier numéro de L’Homme Nouveau
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