L’effet domino : cherche prophète pour annoncer ce qui est pire encore que la GPA

Publié le 18 Nov 2019
L’effet domino : cherche prophète pour annoncer ce qui est pire encore que la GPA L'Homme Nouveau

On nous avait promis que la gestation par (et pour) autrui (GPA) ne ferait pas partie des points discutés pour l’élaboration de la nouvelle loi de bioéthique. On nous a répété jusqu’à l’épuisement que l’on ne peut établir de lien nécessaire entre la libéralisation de la procréation médicalement assistée (PMA) et la GPA. On nous a promis que la France n’était pas de ces pays qui permettent la location d’utérus. On nous a accusés d’agiter des peurs, tout ça pour freiner l’avancée de l’égalité des droits et par homophobie primaire. On nous a dit, l’air innocent, étonné même, que le fait qu’un Marc-Olivier Fogiel, père adoptif de deux filles acquises par GPA aux États-Unis, fasse la tournée des plateaux télévisés et s’affiche en Unes des journaux pour faire la promotion de son livre-témoignage avant d’être placé à la tête de BFMTV ne voulait rien dire, rien de rien.

Naïveté ou mauvaise foi de ceux qui s’acharnent à nier, depuis plus de quarante ans maintenant, que s’autoriser à avorter une vie humaine conduit nécessairement, et à plus ou moins long terme, à sa chosification et donc à sa commercialisation ? À vrai dire, la mauvaise foi serait justement de penser qu’il ne s’agit que de naïveté de la part de ceux qui entretiennent l’illusion de ces causes qui ne seraient pas suivies des effets que nous annonçons et dénonçons. Mais que ces gens soient aveugles ou malhonnêtes, hélas, là n’est pas la question. 

Comme nous pouvions nous en douter, la GPA a été discutée à l’Assemblée nationale de manière à peine déguisée. Dans la nuit du 3 au 4 octobre, un amendement a été voté qui prévoyait la retranscription de la filiation des enfants nés à l’étranger par GPA, c’est-à-dire l’inscription d’un lien de parenté, par l’administration française, entre les parents commanditaires et l’enfant. Certains titres de presse ont feint l’étonnement avec un sens théâtral qui force le respect. « À la surprise générale, la GPA est apparue dans le débat sur la loi de bioéthique », titrait par exemple Le Monde du 4 octobre dernier. Pas très à l’aise, malgré tout, avec cette entourloupe et sans doute, pour faire mine de tenir (un peu) leurs promesses, les députés ont soumis cet amendement à un second vote le 9 octobre suivant et l’ont rejeté… Tandis que le garde des Sceaux et ministre de la Justice Nicole Belloubet expliquait qu’une circulaire serait bientôt publiée pour « simplifier les procédures d’adoption », annonçant donc, pour qui sait lire entre les lignes de la justice française, que ce qui ne pouvait être établi par le vote des députés le serait par un moyen détourné. 

La GPA, donc, c’est fait. Et si la prestation doit encore être délocalisée dans des pays plus permissifs, elle est néanmoins reconnue en France. Bien sûr, ceux qui voudraient pouvoir louer des utérus locaux récriminent mais ce n’est que l’affaire de quelques années. C’est, plutôt, l’affaire de quelques années si les choses suivent leur cours. Il nous appartient d’œuvrer pour faire dévier ce cours mais également, même si le rôle n’est vraiment pas fameux, d’être encore et toujours ceux qui crient dans le désert pour analyser et annoncer les conséquences de cette révolution anthropologique qui se déploie. Nous leur avions dit pour le PACS, pour le mariage homosexuel, pour la PMA « pour toutes », pour la GPA et nous devons dire encore. Mais quoi ? 

Quelques affaires, encore assez rares pour l’instant, permettent déjà d’établir avec une quasi-certitude la suite des évènements. Si la parentalité est fondée désormais sur le désir, tient-elle encore quand ce désir disparaît ? Que serait un droit si on n’a pas le droit de ne plus en profiter ? Déjà, certains parents commanditaires ont pu finalement refuser d’adopter un enfant né par GPA au motif qu’il était porteur de trisomie 21. Mais faut-il absolument qu’il y ait malfaçon pour rendre un produit qui ne convient pas ? Par ailleurs, la frontière entre les générations et l’âge naturel de la procréation ont-ils encore un sens quand on peut congeler ses gamètes pour les utiliser au moment voulu et être parent biologique de plusieurs dizaines d’enfants en faisant des dons de gamètes ? L’inceste « à l’ancienne », pour dire les choses crûment, restera peut-être mal vu pendant encore longtemps. Il sera en revanche autorisé pourvu qu’il soit orchestré par les experts de la procréatique dans l’ombre des laboratoires. Les militantes pour l’avortement qui hurlaient « un enfant si je veux, quand je veux » auraient enfin gain de cause si l’on pouvait procréer avec n’importe qui et n’importe quand et, surtout, se défaire de l’enfant en cas de changement de projet parental. Enfin quoi ? On peut tout de même avoir envie d’un enfant un jour et, six mois plus tard, se dire qu’on préférerait se lancer dans l’élevage de chats, non ?

Notre dernier numéro est diponible sur notre boutique en ligne.

Ce contenu pourrait vous intéresser

Éditorial

Ne pas se résigner !  

Éditorial de Philippe Maxence | À l’heure où nous nous apprêtons à reprendre des forces après l’épuisement de l’année, il nous faut non seulement prier pour le Pape et l’Église, mais également prendre la résolution ferme et constante de ne jamais nous résigner à la diminution de la foi, à la perte de l’espérance et au refroidissement de la charité.

+

enfant tablette NadineDoerle résigner
Éditorial

Des paroles et des actes

L'Éditorial du Père Danziec | Il n’y a pas que la noblesse qui oblige. L’Église oblige par la vérité dont elle est la gardienne. Ce trésor, à saisir et à communiquer, doit d’abord être reçu et assimilé. Contre la dictature du relativisme et le poison de l’indifférentisme religieux, intégrer que Notre-Seigneur est la Voie, la Vérité et la Vie relève d’une impérieuse nécessité. Spécialement pour la jeunesse !

+

Sv Petr Vatican statues 1 résigner
Éditorial

Un pontificat qui commence

Éditorial de Maitena Urbistondoy | Léon XIV, en se plaçant dans la filiation de Léon XIII, s’inscrit dans un héritage doctrinal clair auquel beaucoup de fidèles aspirent. À l’heure où l’euthanasie est sur le point d’être légalisée en France, où le nom du Christ est refoulé dans la sphère privée, l’unité des catholiques devient urgente. Une unité non pas simplement ecclésiale, mais aussi politique. Ce n’est pas par compromission que l’Église a formé l’Europe, mais par sa foi. C’est cette foi qui a adouci les mœurs et élevé les institutions.

+

Léon XIV pontificat
Éditorial

Loi naturelle et politique selon saint Thomas d’Aquin

L'essentiel de Joël Hautebert | Alors que le débat sur l’euthanasie illustre une fois de plus la rupture croissante entre droit positif et loi naturelle, l’ouvrage de don Jean-Rémi Lanavère (csm) sur saint Thomas d’Aquin rappelle que la loi politique, loin de s’opposer par principe à la loi naturelle, en est l’expression concrète. Une invitation à redécouvrir le rôle structurant de la politique dans l’ordre moral.

+

Pour saint Thomas d’Aquin, la politique doit découler de la loi naturelle.
Éditorial

Le Christ et l’Église, mariés pour la vie

L'éditorial du Père Danziec | L’Église, c’est elle qui nous sauve et non pas qui que ce soit qui se trouverait en mesure de sauver l’Église. On ne sauve pas l’Église, on la sert. De tout son cœur et de toute son âme. On ne change pas l’Église, on la reçoit. Intégralement et sans accommodement de circonstance. Tout le mystère de l’Église gît dans l’équation et la convertibilité de ces deux termes : le Christ et l’Église. Ainsi, la formule « Hors de l’Église, point de salut» ne signifie réellement pas autre chose que : « Hors du Christ, point de salut ».

+

christ et église
ÉditorialFrançois

Notre quinzaine : que demandez-vous à Dieu ?  

Éditorial de Philippe Maxence | La nouvelle du décès de François n’a surpris personne. Depuis plusieurs mois, nous savions qu’il était malade et qu’il pouvait, d’un moment à l’autre, rendre son âme à Dieu. En attendant de pouvoir en faire un bilan, nous devons d’abord prier pour le repos de l’âme de François ainsi que pour l'Église.

+

dieu