Léon XIII et l’origine du pouvoir civil (II)

Publié le 15 Juil 2022
rerum novarum

Dans l’encyclique Diuturnum Illud, le pape Léon XIII évoque aussi bien la question des différents régimes politiques que celle de l’obéissance aux lois. Un sujet très actuel.   L’unicité de l’origine du pouvoir implique-t-elle un seul mode de désignation ? Léon XIII a rappelé fermement que tout pouvoir vient de Dieu. Les catholiques iront donc « chercher en Dieu le droit de commander et le font dériver de là comme de sa source naturelle et de son nécessaire principe. » De ce principe découle-t-il le fait que l’autorité civile soit incarnée dans une seule personne, le souverain ? Pas nécessairement, répond Léon XIII, reprenant là la distinction classique héritée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin des différents types de régimes dont la bonté découle de leur capacité à atteindre la fin de la politique. C’est d’ailleurs ce qu’il rappelle explicitement : « rien n’empêche que l’Église n’approuve le gouvernement d’un seul ou celui de plusieurs, pourvu que ce gouvernement soit juste et appliqué au bien commun. Aussi, la justice étant préservé, il n’est point interdit aux peuples de se donner telle forme politique qui s’adaptera mieux ou à leur génie propre, ou à leurs traditions et à leurs coutumes. » L’opposition de Léon XIII et de l’Église aux démocraties modernes de « droit nouveau » ne vient pas du refus du mode de désignation des dirigeants mais de leur refus de reconnaître l’origine divine du pouvoir, à savoir la souveraineté divine. Le Pape le martèle d’ailleurs dans la suite de son encyclique : « si l’on veut déterminer la source du pouvoir dans l’État, l’Église enseigne avec raison qu’il la faut chercher en Dieu. » Doit-on obéir aux autorités civiles ? Il découle logiquement que, l’autorité civile venant de Dieu, le respect et l’obéissance lui sont dus. En fonction du bien commun qui reste toujours premier, les autorités ont le pouvoir de demander l’obéissance des citoyens. Il en découle que le refus d’obéir aux lois est une faute contre la justice et qu’il s’agit d’un péché. Peut-on refuser d’obéir aux autorités ? La réponse de Léon XIII est claire : « ceux qui administrent la chose publique doivent pouvoir exiger l’obéissance dans des conditions telles que le refus de soumission soit pour les sujets un péché. » Plus loin, il précise encore : « les citoyens, se sentant pressés par le devoir, devront nécessairement s’interdire l’indocilité et la révolte, persuadés…

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