Les cinquante ans de Presbyterorum ordinis

Publié le 09 Déc 2015
Les cinquante ans de Presbyterorum ordinis L'Homme Nouveau

En recevant les participants au congrès organisé par la Congrégation pour le clergé à l’occasion des cinquante ans des décrets conciliaires sur les prêtres (Presbyterorum ordinis) et sur les séminaires (Optatam totius) le 20 novembre, le Pape vient de rappeler la doctrine inchangeable de l’Église sur le sacerdoce ministériel qui diffère « essentiellement et non pas seulement en degré » du sacerdoce commun des baptisés. Ces deux décrets ont été publiés le même jour et ils doivent toujours être lus et médités ensemble, parce qu’ils ont tous les deux la même fin : la formation et la sanctification des prêtres. C’est pourquoi, comme le rappelle ici le Pape, Benoît XVI en 2013 avait attribué à cette Congrégation pour le clergé tout ce qui touche les séminaires qui dépendaient auparavant de la Congrégation pour l’éducation catholique.

Toute vocation sacerdotale demeure un don. En s’appuyant sur l’épître aux Hébreux, le Pape, à son habitude, développe trois points. Tout d’abord, le prêtre est pris d’entre les hommes. Jésus lui-même, le Souverain Prêtre du Nouveau Testament, était prêtre en tant qu’homme. Homme, le prêtre subit l’influence de son milieu. Aussi n’insisterons-nous jamais assez sur le rôle premier de la famille dans les vocations. Et le Pape attire l’attention sur les mères qui ont, ici aussi, un rôle essentiel. Pensons simplement à la mère de saint Jean Bosco ou à celle de saint Pie X. Chaque prêtre a son histoire. Il peut être comme saint Paul ou saint Augustin un converti, mais bien souvent sa vocation a éclos dès le jeune âge dans une ambiance familiale favorable. Un prêtre ne perdra jamais ses racines. Sauf grâces exceptionnelles, il restera tel que sa famille, son éducation et la culture ambiante l’ont façonné. Ce point est très important et on ne le constate que trop dans notre monde déboussolé.

Au service des hommes

Deuxièmement, le prêtre est au service des hommes. On a déjà eu l’occasion de parler de cette notion chrétienne fondamentale qu’est le service. Être au service des hommes, c’est être, à la suite du Bon Pasteur, un berger fidèle qui a souci de toutes les brebis à lui confiées. Le prêtre ne devra pas agir en fonctionnaire, mais il devra répandre partout la miséricorde du Seigneur, sans pour autant tomber dans un laxisme nocif, équilibre qui n’est pas si facile. Une marque infaillible caractérise les bons prêtres : la joie. La rigidité excessive et l’éloignement des brebis rendent le pasteur introverti et égoïste.

Enfin, le prêtre séjourne au milieu des autres hommes. Il doit être abordable et prêt de ses ouailles. Le Pape en profite alors pour recommander aux évêques d’être très près de leurs prêtres. Comme toujours, il agrémente son discours de faits expérimentés et vécus qui illustrent l’importance de ses paroles. Il insiste aussi sur la formation des prêtres. Un prêtre, s’il doit bien sûr quitter le séminaire et les études, ne devra jamais arrêter sa formation. S’il ne reste pas fidèle, en particulier, à la lectio divina, à la récitation du chapelet et à la célébration digne de la messe, il déchoira rapidement. Tout en insistant ainsi sur la formation des séminaristes, le Pape recommande particulièrement aux évêques le discernement des vocations. Dieu sort toujours du bien d’un mal. Comme l’avait remarqué Benoît XVI, du grand mal qu’a causé la crise des prêtres commencée dès l’après-Concile, Dieu a permis que l’on prenne davantage conscience de l’importance du discernement. Puisse le Pape être écouté ! Confions tous les prêtres à la Vierge Marie, Mère du Souverain Prêtre et de tous les prêtres.

 

Le discours du Pape : 

Je vous fais à chacun mes cordiales salutations et remercie de tout cœur le cardinal Stella, et la Congrégation pour le clergé, de m’avoir invité à ce congrès, 50 ans après la promulgation des décrets conciliaires Optatam totius et Presbyterorum ordinis. (…)

Il ne s’agit pas d’une « évocation historique ». Ces deux décrets sont une semence que le Concile a jetée dans le champ de la vie de l’Église ; au cours des cinq dernières décennies, elle a poussé, elle est devenue une plante vigoureuse, avec certainement quelques feuilles sèches, mais surtout beaucoup de fleurs et de fruits qui embellissent l’Église d’aujourd’hui. Ce congrès a retracé le chemin parcouru, révélant tous ses fruits et bâtissant une réflexion ecclésiale opportune sur le travail qui reste à faire dans ce domaine si vital pour l’Église. Et il en reste, du travail !

Optatam totius et Presbyterorum ordinis ont été évoqués ensemble, comme les deux moitiés d’une même réalité : la formation des prêtres, initiale ou permanente, mais qui constitue pour eux une seule et même expérience sur leur chemin de disciples. Ce n’est pas par hasard si le pape Benoît, en janvier 2013 (Motu proprio Ministrorum institutio) a donné une forme concrète, juridique, à cette réalité, en confiant également à la Congrégation pour le clergé les compétences sur les séminaires. De cette façon, le dicastère peut commencer à s’occuper de la vie et du ministère des prêtres dès leur entrée au séminaire, veillant à ce que les vocations soient promues et protégées et qu’elles s’épanouissent dans la vie de saints prêtres. Le chemin de sainteté d’un prêtre commence au séminaire !

Un don de Dieu

Comme la vocation au sacerdoce est un don que Dieu fait à quelques-uns pour le bien de tous, je voudrais partager avec vous quelques réflexions, en partant justement des relations entre les prêtres et les autres personnes. Je suivrai le chapitre n. 3 de Presbyterorum ordinis, où se trouve comme un petit abrégé de théologie sur le sacerdoce, tiré de la Lettre aux Hébreux : « Pris du milieu des hommes et établis en faveur des hommes, dans leurs relations avec Dieu, afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés, les prêtres vivent donc au milieu des autres hommes comme des frères au milieu de leurs frères. »

Considérons ces trois moments : « pris du milieu des hommes », « établis en faveur des hommes », présents « au milieu des autres hommes ».

Le prêtre est un homme qui naît dans un certain contexte humain ; il y apprend les premières valeurs, il s’imprègne de la spiritualité de son peuple, il s’habitue aux relations. Les prêtres aussi ont leur histoire, ce ne sont pas des « champignons » qui poussent soudainement dans une cathédrale le jour de leur ordination. Il est important que les formateurs et les prêtres eux-mêmes se souviennent de cela et, tout au long de leur formation, ne perdent pas de vue leur histoire personnelle. Le jour de leur ordination, je dis toujours aux prêtres, aux nouveaux prêtres : rappelez-vous où vous avez été pris, du troupeau, n’oubliez pas votre maman et votre grand-mère ! C’est ce que disait Paul à Timothée, et je le dis moi aussi aujourd’hui. Cela veut dire qu’on ne peut pas faire un prêtre comme si sa formation se faisait dans un laboratoire. Non, la formation commence en famille, avec la « tradition » de la foi et avec toute l’expérience de la famille. La formation doit donc être personnalisée car c’est la personne, concrète, qui est appelée à devenir disciple et prêtre, mais en ayant toujours conscience que seul Jésus Christ est le Maître que l’on suit et auquel on est configuré.

Le terreau familial

Je voudrais rappeler, dans cette perspective, le grand « centre pastoral des vocations » qu’est la famille, église domestique et premier lieu fondamental de formation humaine, où peut germer chez les jeunes le désir d’une vie conçue comme un chemin vocationnel, à parcourir avec efforts et générosité.

En famille et dans tous les autres contextes communautaires – école, paroisse, associations, groupes d’amis – nous apprenons à être en relation avec des personnes concrètes. Nous sommes façonnés par nos relations avec elles et nous devenons ce que nous sommes aussi grâce à elles.

Un bon prêtre, par conséquent, est avant tout un homme doté de sa propre humanité, qui connaît sa propre histoire, avec ses richesses et ses blessures, qui a appris à faire la paix avec elle, atteignant cette sérénité intérieure que l’on trouve chez les disciples du Seigneur. La formation humaine est donc une nécessité pour les prêtres, afin qu’ils apprennent à ne pas se laisser dominer par leurs limites, mais à mettre à profit leurs talents.

Un prêtre en paix avec lui-même saura répandre la sérénité autour de lui, même dans les moments pénibles, il saura transmettre la beauté d’être en relation avec le Seigneur. Il est par contre anormal qu’un prêtre soit souvent triste, nerveux, ou dur de caractère ; ça ne va pas et ça ne fait de bien ni au prêtre ni à son peuple. Si tu es malade, névrosé, va chez le médecin ! Médecin de l’esprit et médecin du corps : ils te donneront des pilules qui feront du bien, aux deux ! Mais s’il vous plaît, que les fidèles ne paient pas la névrose des prêtres ! Ne frappez pas les fidèles; soyez de cœur avec eux, près d’eux.

Nous, prêtres, nous sommes des apôtres de la joie, nous annonçons l’Évangile, c’est-à-dire « la bonne nouvelle » par excellence. Certes, ce n’est pas nous qui donnons sa force à l’Évangile – certains le croient –, mais nous pouvons favoriser ou entraver la rencontre entre l’Évangile et les personnes. Notre humanité est le « vase d’argile » dans lequel nous conservons le trésor de Dieu, un vase dont nous devons prendre soin, pour bien transmettre son précieux contenu.

Issus des hommes

Un prêtre ne saurait perdre ses racines. Il reste un homme du peuple et de la culture qui l’ont engendré ; nos racines nous aident à nous rappeler qui nous sommes et où le Christ nous a appelés. Nous, prêtres, nous ne tombons pas du ciel, mais sommes appelés, appelés par Dieu, qui nous prend « du milieu des hommes », pour nous établir « en faveur des hommes ». Permettez-moi une anecdote. Dans mon diocèse, il y a des années… Non, pas dans le diocèse, non, dans la Compagnie, il y avait un brave prêtre, vraiment brave, un jeune, deux ans de sacerdoce. Il est entré en crise, en a parlé avec le père spirituel, avec ses supérieurs, avec les médecins, et il a dit : « Je m’en vais, je n’en peux plus, je m’en vais. » Et pensant à ces choses – je connaissais la maman, des gens simples – je lui ai dit : « Pourquoi ne vas-tu pas voir ta mère et en parler avec elle ? » Il y est allé, a passé toute la journée avec sa maman et il est revenu changé. Sa mère lui a donné deux « gifles » spirituelles, lui a dit trois ou quatre vérités, l’a remis en place, et il a poursuivi son chemin. Pourquoi ? Parce qu’il est allé à la racine. D’où l’importance de ne pas couper ses racines. Au séminaire, il faut prier mentalement… Oui, bien sûr, il faut apprendre… Mais d’abord prie comme ta maman t’a appris, et puis avance. Car la racine est là, toujours, la racine de la famille ; comme tu as appris à prier lorsque tu étais petit, avec les mêmes mots, commence à prier comme ça. Et tu continueras alors à prier.

Et maintenant le second passage : « en faveur des hommes ».

Ceci est un élément fondamental de la vie et du ministère des prêtres. Pour répondre à la vocation de Dieu, on devient prêtres pour servir nos frères et sœurs. Les images du Christ que nous prenons comme références pour le ministère sacerdotal sont claires : Il est le « Grand Prêtre », en même temps proche de Dieu et proche des hommes ; Il est le « Serviteur » qui lave les pieds et se rend proche des plus faibles ; Il est le « Bon Pasteur » qui ne pense qu’à prendre soin de son troupeau.

Ce sont les trois images que nous devons avoir à l’esprit en pensant au ministère des prêtres, envoyés auprès des hommes pour les servir et leur apporter la miséricorde de Dieu, pour leur annoncer sa Parole de vie. Nous ne sommes pas prêtres pour nous-mêmes, et notre sanctification est strictement liée à celle de notre peuple, notre onction à son onction : tu es oint pour ton peuple. Savoir et se rappeler que nous sommes « établis pour le peuple » – peuple saint, peuple de Dieu –, aide les prêtres à ne pas penser à eux-mêmes, à avoir de l’autorité mais sans être autoritaires, fermes mais pas sévères, joyeux mais pas superficiels, somme toute, des pasteurs, pas des fonctionnaires. Aujourd’hui, les deux lectures de la messe montrent clairement la capacité du peuple à se réjouir, quand le Temple est remis en état et purifié, et l’incapacité, par contre, des chefs des prêtres et des scribes, à se réjouir quand Jésus chasse les marchands du Temple. Un prêtre doit apprendre à se réjouir, il ne doit jamais perdre, c’est mieux dit comme cela, sa capacité à la joie : s’il la perd c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et je vous le dis sincèrement, j’ai peur de m’endurcir, j’ai peur. Sur les prêtres rigides… Loin d’eux ! Ils mordent ! Je pense à l’expression de saint Ambroise, au IVe siècle : « Là où il y a miséricorde il y a l’Esprit de Jésus. Là où il y a rigidité, il n’y a que ses ministres. » Le ministre sans le Seigneur devient rigide et c’est un danger pour le peuple de Dieu. Des pasteurs, pas des fonctionnaires.

Le peuple de Dieu et l’humanité entière sont les destinataires de la mission des prêtres, vers laquelle tend tout le travail de formation. Qu’elle soit humaine, intellectuelle ou spirituelle, il s’agit de trois champs de formation qui convergent tous, naturellement, vers cette pastorale, à laquelle les prêtres fournissent des outils, des vertus et des dispositions personnelles. Quand tout cela s’équilibre et se mêle à un beau zèle missionnaire, dans la vie du prêtre, il est en mesure de remplir la mission que le Christ a confiée à son Église.

Au milieu des hommes

Enfin, ce qui est sorti du peuple, doit rester avec le peuple ; le prêtre est toujours « au milieu des autres hommes », il n’est pas un professionnel de la pastorale ou de l’évangélisation, qui vient et fait ce qu’il doit faire – peut-être bien même, mais comme un métier – et puis s’en va vivre une vie séparée. On devient prêtre pour demeurer au milieu des gens : être proche d’eux. Et permettez-moi, frères évêques, cela demande aussi que nous soyons proches de nos prêtres. Cela vaut aussi pour nous ! Que de fois entendons-nous nos prêtres se plaindre : « Mais, j’ai appelé l’évêque parce que j’ai un problème… Le secrétaire, la secrétaire, m’a dit qu’il est très occupé, qu’il est en tournée, qu’il ne peut pas me recevoir avant trois mois… » Deux choses. La première. Un évêque est toujours occupé, grâce à Dieu, mais si toi, évêque, tu reçois l’appel d’un prêtre et que tu ne peux pas le recevoir parce que tu as trop de travail, prends au moins ton téléphone et appelle-le pour lui demander : « C’est urgent ? Pas urgent ? Quand, viens tel jour… », comme ça il sent que tu es proche de lui. Il y a des évêques qui, dirait-on, s’éloignent des prêtres… Être proche, au moins un coup de fil ! Par amour, l’amour d’un père, d’un frère. Et l’autre chose. « Non, j’ai une conférence dans telle ville et je dois faire un voyage en Amérique, et puis… » Mais, écoutez, le décret de résidence de Trente est encore en vigueur ! Et si tu ne veux pas rester dans le diocèse, démissionne, et fais le tour du monde en faisant un autre apostolat très bon. Mais si tu es évêque de tel diocèse, restes-y. Ces deux choses : proximité et résidence. Bon, mais ça c’est pour nous, évêques ! On devient prêtre pour demeurer au milieu des gens.

Si vous saviez le bien que les prêtres peuvent faire naître surtout par leur proximité et leur tendresse, leur amour pour les personnes. Ni philanthropes, ni fonctionnaires, les prêtres sont des pères et des frères. La paternité d’un prêtre fait beaucoup de bien.

La proximité, entrailles de miséricorde, regard d’amour : faire vivre l’expérience de la beauté d’une vie vécue selon l’Évangile et l’amour de Dieu qui se concrétise aussi au travers de ses ministres. Dieu ne refuse jamais. Et là je pense au confessionnal. On peut toujours trouver des chemins qui permettent de donner l’absolution. Bien accueillir. Mais il arrive que l’absolution soit impossible. Il y a des prêtres qui disent : « Non, je ne peux pas te donner l’absolution pour ça, va-t-en. » Ce n’est pas la bonne manière. Si l’absolution n’est pas possible, explique en disant : « Dieu t’aime beaucoup, il t’aime vraiment. Il y a tant de chemins pour arriver à Dieu. Je ne peux pas te donner l’absolution, mais je te donne ma bénédiction. Reviens, reviens toujours ici, à chaque fois je te donnerai la bénédiction en signe d’amour de Dieu. » Et cet homme ou cette femme s’en va plein(e) de joie parce qu’il ou elle a trouvé l’icône du Père, qui ne refuse jamais ; d’une manière ou de l’autre ils ont eu son étreinte.

Là où est ton trésor…

Un bon examen de conscience pour un prêtre c’est aussi cela ; si le Seigneur revenait aujourd’hui, où me trouverait-il ? « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6,21). Et mon cœur où est-il ? Au milieu des gens, priant avec et pour les gens, partageant leurs joies et leurs souffrances, ou plutôt au milieu des choses du monde, des affaires terrestres, de mes « espaces » privés ? Un prêtre ne peut avoir d’espace privé, car il est toujours ou avec le Seigneur ou avec le peuple. Je pense à ces prêtres que j’ai connus dans ma ville, quand les répondeurs téléphoniques n’existaient pas encore, ils dormaient avec le téléphone sur leur table de nuit. Les gens pouvaient les appeler à n’importe quelle heure, et ils se levaient pour aller donner l’onction : personne ne mourait sans les sacrements ! Pas même dans le repos ils n’avaient d’espace privé. On appelle ça du « zèle apostolique ». La réponse à la question « où est mon cœur ? » peut aider chaque prêtre à donner une direction à sa vie et à son ministère, à les diriger vers le Seigneur.

Le Concile a laissé à l’Église de « précieuses perles ». Comme le marchand de l’Évangile de Matthieu (13,45), aujourd’hui allons à leur recherche, pour tirer un nouvel élan, de nouveaux outils qui aident à la mission que le Seigneur nous confie.

Je voudrais ajouter autre chose à ce que je dis dans mon texte – excusez-moi ! – cela concerne le discernement vocationnel, l’admission au séminaire. S’intéresser à la santé du garçon, celle de l’esprit et celle du corps, à sa santé physique et psychique. Un jour, je venais tout juste d’être nommé maître des novices, en 1972, je suis allé porter à la psychologue les résultats d’un test de personnalité, un test tout simple que l’on faisait passer comme un des éléments du discernement. C’était une brave femme et un bon médecin aussi. Elle me disait : « Celui-ci a tel problème mais cela peut aller s’il fait comme ça… » Cette femme était aussi une bonne chrétienne, mais dans certains cas elle était inflexible : « Non, celui-ci ne peut pas. — Mais docteur, ce garçon est si gentil. — Oui, maintenant il est gentil, mais sachez qu’il y a des jeunes qui savent inconsciemment – ils n’en ont pas conscience – qu’ils ont des problèmes psychiques. Ils se cherchent alors des structures fortes pour les protéger et leur permettre d’avancer. Et tout va bien jusqu’au moment où ils se sentent bien établis et là commencent les problèmes. — Je trouve ça un peu étrange… »

Et je n’oublierai jamais sa réponse, la même que celle du Seigneur à Ézéchiel : « Père, ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il y avait tant de policiers tortionnaires ? Ils entrent jeunes, ont l’air sains, puis dès qu’ils ont pris un peu d’assurance, la maladie commence à sortir. Police, armée, clergé… voilà les institutions fortes que recherchent ces malades inconscients. Et tant de maladies finissent par sortir. » C’est curieux. Quand je m’aperçois qu’un jeune est trop rigide, trop fondamentaliste, je n’ai pas confiance ; il y a derrière quelque chose que lui-même ignore. Mais quand il se sent sûr… Ezéchiel 16, je ne me souviens plus du verset, mais c’est quand le Seigneur dit à son peuple tout ce qu’il a fait pour lui : il l’a trouvé le jour de sa naissance, puis lui a donné des vêtements, l’a épousé… « Puis tu t’es confiée dans ta beauté et tu t’es prostituée. » C’est une règle de vie, une règle de vie. Les yeux grands ouverts sur la mission dans les séminaires ! Les yeux grands ouverts !

Je suis persuadé que les résultats des travaux de ce congrès – animé par tant de rapporteurs de renom, provenant de régions et de cultures différentes – seront pour l’Église d’une grande utilité pour actualiser les enseignements du Concile, apportant une contribution à la formation des prêtres, ceux qui y sont et ceux que le Seigneur voudra nous donner afin qu’ils soient de bons prêtres, de plus en plus configurés à Son image, pas des fonctionnaires ! Et merci de votre patience.

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