L’Etat islamique, un rêve arabe

Publié le 20 Sep 2014
L’Etat islamique, un rêve arabe L'Homme Nouveau

Jour après jour, l’État islamique occupe le devant de la scène et suscite des analyses contrastées. Et d’abord sur son appelation. Est-il oui ou non un État ? Thomas Flichy de La Neuville, spécialiste du Moyen-Orient, apporte ici son anlyse.

Le droit romain face à la réalité musulmane

L’on ne peut qu’être frappé par l’incapacité absolue des analystes occidentaux à déchiffrer la nature profonde de l’Etat islamique. Des hommes politiques, pétris de droit romain se sont plus à poser une analyse juridique sur ce phénomène nouveau. A leurs yeux, l’Etat islamique, ne serait pas un Etat au sens du droit international mais bien une organisation criminelle. Il importerait, par conséquent de s’attaquer à lui par des mesures techniques, et en premier lieu par des frappes aériennes. Mais l’Etat islamique n’est il qu’une organisation criminelle ?  

Plus qu’un État

Il est bien plus que cela : c’est un rêve arabe. Un rêve éveillé, qui sème la mort. Mais avant tout une aspiration fantasmagorique à la puissance retrouvée après les humiliations subies. Il n’est que de voir défiler les images de propagande des films qu’il produit. La minorité djihadiste encadre les foules par le biais d’exercices rôdés d’autosuggestion. Il suffit de scander le mot de califat pour qu’il devienne réalité. Ce Califat promet à des foules extatiques l’avènement de Dieu parmi les hommes. Dans ce contexte, les exécutions d’otages ne sont en rien perçues comme des actes criminels mais bien comme des actes d’expiation, en raison des crimes commis par l’Occident contre Dieu.

Sentiment national

D’autre part, la plus plupart des adhérents à l’Etat islamique sont animés par un sentiment national très fort, qui dépasse souvent leurs aspirations religieuses. Ils se perçoivent déjà comme les victimes d’un complot imaginaire entre les Etats-Unis, l’Iran et la Syrie. Mais lorsqu’un peuple marche en rêve, les bombardements sont en général sans effet. Surtout lorsqu’ils sont téléguidés par des élites somnambules.  

Thomas Flichy de La Neuville est professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux, à l’Ecole Navale puis à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il est spécialiste de la diplomatie au XVIIIe siècle et auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique. Son dernier livre, en collaboration avec Olivier Hanne, vient de paraître : La dette ou le crépuscule des peuples, Editions de l’Aube, septembre 2014.

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