L’été en musique avec… Frédéric Chopin

Publié le 09 Août 2017
L'été en musique avec… Frédéric Chopin L'Homme Nouveau

« Un Polonais dans son cœur et un citoyen du monde par son talent ». En fait, Chopin (1810-1849), pianiste virtuose et compositeur unique par son lyrisme et son génie de la mélodie, nous a légué une musique belle et pure.

Né la même année que Schumann, à Zelazowa Wola, près de Varsovie, Frédéric Chopin descendait d’un père français venu de la Lorraine, et d’une mère polonaise. Déjà virtuose du piano à l’âge de 9 ans, le jeune Chopin se met très rapidement à composer pour cet instrument et à donner des concerts dans toute l’Europe. Parti à 20 ans pour une de ces tournées des capitales européennes, il ne retournera jamais chez lui après les insurrections de ses compatriotes contre l’envahisseur russe. Partout il connaît le succès et dans la Nouvelle Gazette Musicale, Schumann écrit à propos d’un de ses récitals: « Chapeau bas, Messieurs, voici un génie! » Il devient également la coqueluche des salons parisiens, se lie d’amitié avec Delacroix, et mène une vie mondaine, entouré de courtisans qui cherchent à lui faire oublier ses angoisses.

Appels au secours

En effet, son œuvre musicale est comme un appel au secours: le beau jeune homme aux traits délicats souffre de maux qu’il enfouit dans ses partitions. D’abord, de l’amour déçu, de l’exil de sa terre natale et enfin de la maladie qui lui sera fatale. Chopin fut malheureux en amour, ayant été refusé par deux jeunes filles polonaises, après quoi il tombe entre les bras de la virile et despotique George Sand, qui lui procure sa maternelle protection. Cette liaison dure neuf ans et inflige des scrupules à son âme pour cette union «que le Ciel n’avait pas bénie». Lui est sincère, mais Madame Sand, dit-on, représente surtout une sorte d’antagonisme positif dont Chopin avait besoin pour avancer. Après leur rupture, le musicien s’installe définitivement à Paris où il meurt de tuberculose pulmonaire à l’âge de 39 ans.

À la source du bonheur…

Dans son œuvre consacrée principalement au piano seul, Chopin se montre indépendant face au romantisme allemand en vogue et l’on parle déjà, à son insu, de musique française. Outre ses deux beaux concertos avec orchestre, on redécouvre toujours les thèmes récurrents de sa vie dans ses Polonaises et Mazurkas; puis trois Sonates, dont la célèbre marche funèbre, des Ballades et Études, des Scherzos, des Préludes, des Valses et des Nocturnes, des Rondos et des Impromptus, des Fantaisies et des Variations, bref, de quoi occuper à vie les interprètes et les auditeurs des récitals de piano. Un musicologue écrivit :

« L’homme de génie émerveille et consterne – il n’est pas des nôtres. Il est vraiment un dieu tombé qui se souvient des cieux. »

Exilé non seulement de sa Pologne natale qu’il idéalise dans sa musique, Chopin l’est aussi du paradis perdu qu’il retrouva au dernier moment. En effet, un biographe raconte comment Chopin, sur son lit de mort, reçut la visite du père Jelowicki, un ami d’enfance. Le bon prêtre qualifie d’impiété l’état d’abandon dû aux mauvaises fréquentations dans lequel se trouve l’ami. Il lui demande de lui donner un « cadeau » – son âme – que Chopin lui accorde de bon cœur. L’abbé le confesse et lui donne les derniers sacrements, malgré la colère de son entourage. C’est enfin lui qui rapporte ces dernières paroles du mourant apaisé: « Je suis déjà à la source du bonheur. » On joua le Requiem de Mozart à ses funérailles et son cœur fut confié à un coffret destiné à l’église Sainte-Croix de Varsovie. Ainsi donc, l’effet de cette musique si belle et sincère conduisit-elle son propre auteur à la vérité. Pour nous, elle ne peut que nous toucher en plein cœur. L’invention mélodique si variée de ce magicien du clavier nous enchante encore en nous rappelant qu’au-delà des vicissitudes de cette vie si difficile, on avance sur le chemin du pays décrit par ces harmonies célestes auquel nous sommes tous destinés.

cabaud

Pour aller plus loin :
Judith Cabaud
En route vers l’infini, musique et foi (portraits de musiciens)
Éditions de L’Homme Nouveau, 268 pages, 19 €

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