L’humanisme politique de saint Thomas

Publié le 03 Fév 2025
saint Thomas
> Lettre Reconstruire n° 43 (janvier 2025) | La Bibliothèque politique et sociale

  En 1939 paraissait au Canada le livre d’un prêtre dominicain, le père Louis Lachance intitulé L’humanisme politique de saint Thomas d’Aquin. Le titre pouvait étonner par l’association des termes « humanisme » et « poli­tique », celle-ci étant perçue généralement comme un mal nécessaire. Avant de mourir en 1963, le père Lachance avait accepté de réviser son texte mais il ne put entièrement achever ce travail. Finalement l’ouvrage fut réédité en 1964, à la fois en France et au Canada. Après avoir longtemps été indisponible, il a connu une très belle réédition en 2014 chez l’éditeur belge Quentin Moreau.

Un instrument de travail

Le livre du père Lachance est moins un essai sur la philosophie politique de saint Thomas qu’un ouvrage de travail, un instrument de travail. Il aborde la question politique à travers l’étude des relations entre individu et État, question largement débattue par les néothomistes pendant la Seconde Guerre mondiale et après celle-ci. Derrière Aristote et saint Thomas, le père Lachance insiste sur le fait que « l’homme est par nature un animal social » et il s’emploie à éclairer la portée de cette affirmation et les limites qu’elle comporte. Le choix du titre de son ouvrage découle directement de cette affirmation de départ : « la société politique n’est-elle pas, écrit-il, sur le plan naturel, la seule qui soit capable de réaliser, avec une certaine plénitude, les fins de la nature humaine» C’est dans ce sens qu’il qualifie « d’humanisme » la pensée politique de l’Aquinate, dans la mesure où celle-ci prend en compte intégralement les exigences de la nature humaine. D’une écriture très condensée, exigeant une lecture de bout en bout pour percevoir dans ses pleins effets le développement du discours, cet ouvrage n’est pourtant pas de pure théorie. C’est ainsi que l’auteur écrit, par exemple : « Si le régime est mauvais, il faut le réformer, et s’il est irréformable, il faut voir à le remplacer par un meilleur. Si cela est immédiatement impossible, c’est une raison de plus de s’empresser de créer des conditions qui puissent rendre le changement possible. »  


Louis Lachance, L’humanisme politique de saint Thomas d’Aquin, Quentin…

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