> Dossier : « Liberté d’expression : un principe absolu ? »
La liberté d’expression si revendiquée en Europe a été malmenée aux États-Unis ces derniers temps. Les citoyens américains aux vues conservatrices vont-ils, sous Trump, retrouver le droit de s’exprimer librement sur les réseaux sociaux ? Focus sur un pays en plein bouleversement.
Un vent de liberté souffle aux États-Unis. Le politiquement correct, en quelques semaines, a clairement changé de camp. Alors que des rafales de décrets présidentiels s’abattent sur le Bureau ovale depuis le 20 janvier pour tenter de régénérer dans divers domaines un pays meurtri, il semblerait que les principaux acteurs de Big Tech, ces rapaces milliardaires de la Silicon Valley qui semaient le wokisme tous azimuts, se voient soudain contraints de tempérer leurs élans un brin totalitaires et de rendre la parole aux voix de bon sens naguère bâillonnées. Qui l’eût cru, on aura le droit, désormais, de soutenir en public qu’un homme est un homme et qu’une femme est une femme sans se retrouver plongé de force dans les oubliettes virtuelles. Washington veillera à protéger ce droit.
Une arme contre les ennemis politiques
Un des décrets de Trump vise justement à éliminer « l’immense pouvoir » du gouvernement fédéral qui a été brandi sous le régime Biden, par l’intermédiaire de réseaux sociaux complices, « comme une arme pour persécuter des ennemis politiques ». « Je suis bien placé pour le savoir », a lancé Trump. En 2021, n’avait-il pas créé son propre réseau, Truth Social, afin de donner la parole aux voix dissidentes qui ont fini par le réélire ? Le décret ordonne au ministère de la Justice d’établir un rapport des abus commis sous Biden, et précise que la censure gouvernementale est « intolérable dans une société libre ». L’étiquetage systématique de vues non progressistes comme « désinformation » ou « mésinformation » va se payer cher. Mark Zuckerberg, le dirigeant de Meta, qui contrôle Facebook, Instagram et WhatsApp, vient d’être condamné à verser 25 millions de dollars de dédommagements à Trump pour suspension de ses comptes Facebook il y a quatre ans. Sans rancune, apparemment. Car ce même Zuck, comme on l’appelle familièrement ici, dans une saisissante volte-face, est apparu tout contrit juste après l’entrée de Trump à la Maison Blanche, pour expliquer au monde entier qu’il était allé « trop loin ». Selon lui, ces dernières années, « le gouvernement…