L’importance de l’histoire

Publié le 30 Jan 2019
L'importance de l'histoire L'Homme Nouveau

Le Pape  reçu des participants à un congrès sur l’histoire de l’Église. L’histoire n’est plus à la mode, depuis que modernistes, marxistes et révolutionnaires ont coupé ses racines, en supprimant la mémoire, source et ferment de la tradition. Les enfants sans mémoire n’ont plus de repère et peuvent « gober » tout ce qu’on leur dit. Le Pape, lui, montre bien l’importance de l’histoire de l’Église qui est maîtresse de vie. Il s’appuie sur son exemple personnel : le Père Martina lui avait conseillé de lire la magistrale histoire des papes de Pastor (37 volumes). En montrant le développement progressif des dogmes, au cours des siècles, l’histoire fournit les éléments de la théologie positive, point de départ de la théologie spéculative. Le canoniste y apprend la marche et les progrès de la constitution et de la législation ecclésiastiques. L’apologiste y trouve l’une des preuves les plus claires et les plus solides de la source divine du christianisme. Tout, en effet, témoigne en faveur de son institution divine : l’admirable rapidité avec laquelle l’Église s’est propagée en dépit des obstacles ; sa stabilité plus de vingt fois séculaire, comme aussi son étonnante vitalité et son inépuisable fécondité dans le bien, avec notamment ses immenses services caritatifs. Au point de vue du culte, c’est l’aspect liturgique étudiant l’histoire des sacrements, des offices et des prières publiques, etc. L’Église devient ainsi l’Église en prière. Enfin, au point de vue de la vie religieuse et morale de ses membres, elle manifeste la sainteté : Dieu dans ses conseils de justice et de miséricorde donne ou soustrait les saints aux diverses époques, en sorte que, si l’on peut ainsi parler, le thermomètre de la sainteté est un témoin irrécusable de la condition plus ou moins normale d’une période de temps ou d’une société. Cela n’est pourtant pas à prendre à la lettre : le XVIIIe siècle, dit des Lumières, eut un nombre impressionnant de saints canonisés. Quant au XXe et au XXIe, ils ont plus de martyrs que tous les autres siècles de l’Église réunis.

Pourtant bien peu savent cette histoire, n’ayant pas été hélas éduqués pour cela. Il est vrai que cette étude n’est pas facile si elle veut rester partiale et ne pas tomber dans la passion stérile, mais bien au contraire rester un témoignage vrai du passé, sans cacher les ombres ni les lumières, devenant ainsi un chemin pour le présent mais aussi pour l’avenir. Pour être un bon historien ecclésiastique, il faut avant tout être fidèle au Christ, Parole de Dieu incarnée, et à l’Esprit Saint âme de l’Église. Sans cette fidélité, il sera impossible de respecter les faits dans la vérité, en s’éloignant de toute mondanité. Cela suppose l’humilité bien soulignée par le Pape. Il faut en effet savoir quelquefois avouer son ignorance. Est-ce possible et pourquoi ? Parce que l’Église à la fois divine et humaine demeure un mystère qui d’ailleurs se trouve confronté à d’autres mystères : mystère du péché ou de l’ivraie et mystère de la grâce ; mystère de la liberté et de son mauvais usage ; mystère finalement de la Croix se résumant dans le double mystère de l’amour et de l’iniquité. Ces mystères nous font comprendre la tâche difficile de l’historien qui voudra rester impartial, et cela d’autant plus que tous les hommes, tant ceux qui ont fait l’histoire que ceux qui l’écrivent, mis à part la nature humaine de Notre Seigneur Jésus-Christ et la Vierge Marie, gardent en eux les séquelles du péché originel, même si celui-ci est détruit par le baptême.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS 
AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DE L’ASSOCIATION 
ITALIENNE DES PROFESSEURS D’HISTOIRE DE L’ÉGLISE (AIPSC)

Salle du Consistoire
Samedi 12 janvier 2019

Chers frères et sœurs!

Je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie pour votre visite, très appréciée. Je remercie le président pour son introduction, en particulier de nous avoir rappelé l’antique devise «historia magistra vitae», une maxime très significative et liée à votre enseignement important et généreux.

On m’a dit qu’un ami de vos «pères fondateurs» et de votre association, le père jésuite Giacomo Martina, éminent historien de l’Eglise, longtemps enseignant à la Grégorienne et professeur de beaucoup d’entre vous, avait pour habitude de rappeler à ses étudiants que l’histoire est certainement maîtresse de vie, mais qu’elle a aussi bien peu d’élèves!

Des «élèves» au sens large, vous en avez en revanche beaucoup — comme vous le disiez, père —: vous en avez dans les séminaires, dans les universités pontificales, dans les congrès, dans les rencontres d’étude, et aussi à travers à la revue que vous m’avez offerte. Vous apportez donc une aide valable à l’étude de l’histoire et à son enseignement: merci pour ce service et pour ce témoignage passionné.

En effet, l’histoire, étudiée avec passion, peut et doit enseigner beaucoup à l’aujourd’hui, si désagrégé et assoiffé de vérité, de paix et de justice. Il suffirait que, à travers elle, nous apprenions à réfléchir avec sagesse et courage aux effets dramatiques et mauvais de la guerre, des nombreuses guerres qui ont tourmenté le chemin de l’homme sur cette terre. Et nous n’apprenons rien!

L’Italie — et en particulier l’Eglise italienne — est si riche des témoignages du passé! Cette richesse ne doit pas seulement être un trésor à protéger jalousement, mais doit nous aider à marcher dans le présent vers l’avenir. L’histoire de l’Eglise, de l’Eglise italienne, représente en effet un point de référence essentiel pour tous ceux qui veulent comprendre, approfondir et aussi bénéficier du passé, sans le transformer en un musée ou, pire, en un cimetière de nostalgie, mais pour le rendre vivant et bien présent à nos yeux.

Mais — comme vous me l’enseignez — au centre de l’histoire il y a une Parole qui ne naît pas écrite, qui ne nous vient pas des recherches de l’homme, mais qui nous est donnée par Dieu et est témoignée avant tout par la vie et au sein de la vie. Une Parole qui agit dans l’histoire et la transforme de l’intérieur. Cette Parole est Jésus Christ, qui a marqué et racheté si profondément l’histoire de l’homme qu’il a marqué le passage du temps d’un avant Lui et d’un après Lui.

Et le plein accueil de son action salvatrice et miséricordieuse devrait faire de l’historien croyant un étudiant encore plus respectueux des faits et de la vérité, délicat et attentif dans la recherche, témoin cohérent dans son enseignement. Cela devrait l’éloigner de toutes les mondanités liées à la présomption de savoir, comme l’aspiration à la carrière ou à la reconnaissance académique, ou bien la conviction de pouvoir juger soi-même les faits et les personnes. En effet, la capacité d’entrevoir la présence du Christ et le chemin de l’Eglise dans l’histoire nous rendent humbles, et nous détournent de la tentation de nous réfugier dans le passé pour éviter le présent. Et cela a été l’expérience de tant et tant de spécialistes qui ont commencé, je ne dis pas athées, mais un peu agnostiques, et qui ont trouvé le Christ. Parce que l’histoire ne pouvait pas se comprendre sans cette force.

Chers frères et sœurs, voici donc mon souhait: que votre enseignement qui n’est pas facile et votre témoignage, contribuent à faire connaître le Christ, pierre angulaire, qui œuvre dans l’histoire et dans la mémoire de l’humanité et de toutes les cultures. Et qu’Il vous donne toujours de goûter sa présence salvatrice dans les faits, dans les documents, dans les événements, qu’ils soient grands ou petits. Je dirais surtout dans les faits des humbles, des petits, qui sont eux aussi des acteurs de l’histoire. Et cela sera vraiment la voie maîtresse pour avoir près de soi des élèves peut-être peu nombreux, mais des élèves vraiment bons, généreux et préparés.

Je ne voudrais pas terminer sans rappeler le père Giacomo Martina, que j’ai mentionné, et évoquer l’expérience que j’ai eue avec lui. Il m’a été présenté par un jésuite argentin, pas italien, le père Ugo Vanni: ils étaient amis. Puis je suis allé trouver le père Martina, qui conseillait toujours des choses concrètes: «Lisez ceci. Lisez cela…». Et ainsi, je me suis enthousiasmé à la lecture de l’histoire, et j’ai eu aussi la patience de lire toute l’histoire des Papes de von Pastor, grâce à ces conseils. Trente-sept volumes! Et cela m’a fait du bien.

Je vous remercie encore pour cette rencontre et je vous bénis de tout cœur, vous et votre travail. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.  

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