Le jeudi 13 juin, le Français Louis Arnaud était libéré des prisons iraniennes et rentrait en France. Son nom ne dit pas grand-chose au public. Touriste de passage en terre perse, il était pourtant détenu depuis deux ans par le régime iranien, arrêté avec des compagnons de voyage européens sous le prétexte qu’ils auraient participé à des manifestations de l’opposition locale. Cependant, alors que les autres étaient rapidement libérés, il passait en justice et écopait de cinq ans de prison ferme pour « propagande et atteinte à la sécurité de l’État ». D’un point de vue occidental, on se demande pourquoi. Le Quai d’Orsay estime qu’Arnaud et trois autres Français sont encore détenus comme « otages d’État », incarcérés arbitrairement pour exercer un « chantage» sur notre pays. Mais pour obtenir quoi ? Certes, les autorités iraniennes veulent dissuader les Occidentaux de s’approcher des manifestations anti-régime déclenchées par la mort de Mahsa Amini, décédée le 16 septembre 2022 entre les mains de la police. De toute évidence, elles craignent l’extension à leur pays, avec le soutien de l’étranger, des révolutions orange, comme autrefois en Ukraine ou en Géorgie.
Les contentieux France-Iran
Néanmoins, il existe aussi de nombreux contentieux entre la France et l’Iran. Ils vont du dossier nucléaire au rôle pervers joué par les groupes militaro-politiques alliés de l’Iran comme le Hezbollah libanais ou les Houthis yéménites. Sans oublier les ingérences de Téhéran frôlant la sédition au Maghreb, principalement au Maroc, jusqu’en Afrique noire et même chez nous en France [1]. Du reste, la France n’est pas seule sur la sellette. Au total, on compte une dizaine d’autres Occidentaux incarcérés. L’un d’eux pourrait être un droit commun. Mais la plupart, comme ce diplomate suédois de l’Union européenne, sont clairement détenus sous des prétextes fallacieux. Alors oui, l’accusation de prise d’otages portée par le Quai d’Orsay et rapportée plus haut ne nous apparaît pas excessive. On se demande donc pourquoi l’Iran ne s’en ouvre pas plus clairement en reconnaissant dans sa pratique l’utilisation de captifs à des fins politiques. Parce que les temps ont changé. C’était autrefois monnaie courante, à la guerre, que de réduire les vaincus à l’état d’otages. On voyait même là un moyen de forcer l’ennemi à appliquer les termes d’un traité de reddition en retenant chez soi ses enfants. C’était aussi un procédé pour arracher une rançon contre la libération des otages. Ainsi Guy de Lusignan, roi…