Du 5 au 8 avril, Emmanuel Macron a effectué une visite d’État en République populaire de Chine. Les interviews qu’il a données dans l’avion au retour lui ont valu des volées de bois vert émanant des sphères atlantistes, à commencer par la presse française, très alignée sur Washington. Créé par Anne Sinclair et proche du Monde, le Huffington Post français a été jusqu’à écrire, parlant du président Macron et de son voyage : « Pathétique, comme d’habitude », citant avec délectation les commentaires de Garry Kasparov, le champion d’échecs opposant de Poutine. Que s’est-il donc passé ? Tout a bien commencé. Emmanuel Macron s’était adjoint la présence d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. C’était donner de l’ampleur à sa représentation, l’élargissant à l’Europe. Il restait néanmoins le grand invité, le protocole de réception étant réservé aux seuls chefs d’État. Concernant l’Ukraine, on n’attendait aucun progrès. C’est l’intérêt de la Chine de voir la Russie devenir exsangue. Un service minimum a néanmoins été fait, promettant un hypothétique appel téléphonique de Xi Jinping, le président chinois, à Volodymyr Zelensky, son homologue ukrainien. Sur le plan de nos exportations, venus dans les bagages d’Emmanuel Macron, les représentants d’Airbus, d’EDF pour le nucléaire, CMA-CGM pour le transport maritime et quelques autres ont signé des contrats. Airbus va même doubler sa capacité en Chine. Nous connaissons néanmoins la perversité de ces pratiques : nous cédons de la technologie. Pour le dossier de Taïwan, le président français s’est bien gardé d’agacer son interlocuteur, même s’il a plaidé pour le maintien du statu quo. Certes, Xi Jinping n’a lancé ses manœuvres militaires autour de Taïwan qu’une fois son invité français parti. Un geste de courtoisie à la chinoise. Cependant, il les a quand même réalisées, avec 11 bateaux de guerre et 70 avions de l’armée de l’air. Sur le chemin du retour, Emmanuel Macron a tenté d’expliquer sa position dans une interview accordée aux Échos et à Politico. « S’il y a une accélération de l’embrasement du duopole, a-t-il dit parlant de la Chine et des États-Unis, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et deviendrons des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir ». On comprend le projet : faire de l’Europe une puissance indépendante. Problème, dans une logique atlantiste, Ursula von der Leyen pense clairement…
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