L’auteur, théologien et philosophe orthodoxe français, fin connaisseur des Pères de l’Église et des maladies spirituelles, s’attaque ici à une pathologie épidémique, celle qu’induisent désormais, à la suite de la télévision dont les dangers sont connus depuis longtemps, Internet, les jeux vidéo, le téléphone portable, les réseaux sociaux et les objets connectés. Le diagnostic est sévère : s’appuyant sur les études et les essais les plus récents des deux côtés de l’Atlantique, l’auteur montre comment l’addiction à ces nouveaux médias appauvrit en chacun son humanité, que ce soit dans la santé physique ou psychique, dans la déconstruction du temps et de l’espace, dans la vie privée, en diminuant les compétences intellectuelles, et aussi dans les relations interpersonnelles tout comme dans la vie spirituelle. On peut discuter telle ou telle affirmation, mais le constat fait mouche la plupart du temps. Il y manque seulement une grille d’auto-évaluation, car face à cette nouvelle peste on peut dire avec La Fontaine : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » ; et qui pourrait prétendre n’être pas concerné ?
En conclusion de ce diagnostic accablant, les thérapies n’occupent qu’une dizaine de pages dans cet ouvrage et les prophylaxies guère plus, comme si l’auteur, qui ne cache pas sa préférence (sans grande illusion, y compris envers lui-même) pour le refus total des nouveaux médias, se résignait à un usage qu’il tente de rendre ascétique et raisonné.

Jean-Claude Larchet, Malades des nouveaux médias, Cerf, 330 p., 24 €.