Depuis 2020, le Mali est aux mains du colonel Assimi Goïta, autoproclamé président et général d’armée. Ces derniers jours, la situation a encore escaladé avec la suppression de tous les partis politique et l’enlèvement de leurs leaders.
Le 13 mai dernier au soir, issu du putsch militaire du 19 août 2020, un ministre du gouvernement malien lisait à la télévision un décret qui ordonnait la dissolution de tous les partis politiques du pays. D’abord vice-président de la Transition, l’organe officiel du pouvoir militaire, le colonel Assimi Goïta avait été coopté par ses pairs prétoriens. Il se déclara d’abord dans un rôle secondaire, cherchant à calmer le mécontentement des gouvernements étrangers, inquiets pour leur part de ce retour aux mœurs des années passées, quand les armes se substituaient aux suffrages des citoyens. Il promit un retour au processus démocratique dans les six mois. Puis, le 24 mai 2021, initiant un second coup d’État, le colonel Goïta prenait le titre de président. Il s’affranchissait ainsi des apparences et, en décembre de la même année, un collège qui lui était acquis proposait de prolonger la période de transition de cinq ans.
Une escalade de promotions
Goïta souscrivait à la suggestion mais promettait un référendum constitutionnel en janvier 2024. Cependant, la période de transition prenait fin le 26 mars 2024 sans qu’aucune consultation électorale n’eût été organisée. Mieux, le 16 octobre, Goïta s’octroyait le grade de général d’armée, avec cinq étoiles, devenant l’officier le plus gradé du pays. Le 20 novembre, il limogeait le Premier ministre d’un gouvernement de façade, Choguel Kokalla Maïga, un civil qu’il remplaçait par un autre général fraîchement nommé, le général Abdoulaye Maïga. Seule perdurait la représentativité clanique, les « Maïga » étant un clan tribal incontournable du pays. On était en pleine dérive autoritaire. Les 28 et 29 avril 2025, le régime chercha à se donner un semblant de légitimité en convoquant des assises nationales de notables. Mais la plupart des partis politiques les boudèrent. Cette assemblée sans mandat, mais sous influence, invita pourtant Goïta à accepter le titre de président de la République, pour une période de cinq ans renouvelables, et à dissoudre les partis. Croyant encore la légitimité de la rue capable de faire reculer Goïta et s’impatientant, le 3 mai, des centaines de Maliens osaient le défier en manifestant dans les rues de la capitale, Bamako, aux cris de « Vive la démocratie » et…