Missionnaire en 2025 : « Le Congrès Mission, une œuvre de communion » (1/5)

Publié le 29 Oct 2025
congrès mission
À l’approche du Congrès Mission (7-9 novembre 2025), L’Homme Nouveau inaugure une série CM23 Lille AGM congrès missiond’entretiens avec des acteurs engagés dans l’annonce de la foi. Pour Anne-Geneviève Montagne, directrice chez Anuncio et membre du comité de pilotage du Congrès, cette rencontre nationale est avant tout un lieu de prière et d’unité, où l’Esprit-Saint rassemble ceux qui cherchent à annoncer le Christ dans un monde en quête de sens.

 

| Vous êtes aujourd’hui responsable de la programmation du Congrès Mission. Quel est précisément votre rôle ?

Je suis engagée dans l’équipe d’organisation du Congrès depuis le départ et j’ai notamment coordonné en direct les 6 premières éditions entre 2015 et 2020.

 

| Vous étiez donc là à la création. Comment est née l’idée du Congrès Mission ?

C’est une question toujours intéressante, parce que quand on relit la genèse du projet, on se rend compte qu’il existe plusieurs versions, ce qui est plutôt bon signe. Cela montre que l’idée n’est pas née d’un seul esprit, mais de la convergence de plusieurs intuitions qui ont jailli au même moment.  

Il y a eu, en réalité, deux mouvements. Le premier vient du Festival Anuncio, qui se terminait historiquement par un grand week-end à Montmartre. Une année, l’équipe s’est dit : « Et si nous restions dans le Sud à la fin du festival pour y fêter la mission ? Et plus tard, en septembre, nous organiserons un autre week-end à part, une grande fête missionnaire ouverte à tous, pas seulement aux missionnaires d’Anuncio. »

Et puis, il y avait un autre mouvement. En accompagnant de nombreuses paroisses dans leur démarche missionnaire, nous constations que l’Esprit Saint faisait naître un désir de renouveau, mais que beaucoup de personnes se sentaient seules, isolées, parfois découragées.  

En partageant ce constat avec un ami religieux, Raphaël Cornu-Thénard entend cette phrase : « Il faudrait organiser le Grenelle de la mission, un rassemblement de tous ceux qui veulent être missionnaires, qu’ils le soient déjà ou qu’ils désirent le devenir. »
C’est de là qu’est née l’idée du premier Congrès Mission, en 2015, à Montmartre. Nous étions environ 600, avec 18 ateliers, rien à voir avec l’ampleur d’aujourd’hui. Mais la vision était déjà là : se rassembler pour se connaître, se mettre en réseau, réfléchir ensemble à la manière d’annoncer le Christ dans la société actuelle, et se former à la mission.  

 

| Quel bilan tirez-vous de ces dix années d’existence ?

Mon premier bilan, c’est que Dieu est fidèle… et créatif ! Cette aventure n’a jamais été uniforme. Le Congrès Mission a évolué au fil des années : quand nous sommes partis en région, quand nous avons choisi un format plus local, et cette année encore, en investissant un lieu profane, avec une programmation nouvelle, même si nous conservons un héritage commun.  

Je dirais que le Seigneur ne donne jamais une « formule toute faite ». Il nous invite à poursuivre la même vision, faire connaître et aimer le Christ, mais sous des formes différentes, qui s’adaptent à la société et aux besoins nouveaux des missionnaires.  

Au début, nous avons été presque surpris par l’enthousiasme, par la vitesse à laquelle le feu a pris. Et nous avons découvert quelque chose d’inattendu : le Congrès Mission est devenu une œuvre de communion.  

 
Le fait de se tourner ensemble vers la mission a entraîné des rapprochements, des collaborations nouvelles à l’intérieur même de l’Église, entre des mouvements qui ne se connaissaient pas ou se regardaient parfois à distance. Nous n’avions pas imaginé faire un “événement d’œcuménisme catholique”, mais c’est un peu ce qui s’est produit. Il manquait un lieu pour se rencontrer, pour se parler, pour constater que nous avons le même désir : annoncer l’Évangile, même si nous le faisons de manières très différentes.  

 

| Pourquoi avoir choisi cette année l’Accor Arena de Bercy ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Il y a plusieurs raisons. Après l’édition précédente à Paris, nous avons ressenti le besoin d’une unité de lieu. Nous étions devenus trop nombreux pour tenir dans une seule église, et nous étions éclatés aux quatre coins de la capitale.
Et puis, après l’édition 2024, déployée dans 140 villes, nous avons voulu que la proposition nationale soit différente.   

L’image qui s’est imposée à nous, c’est celle du Cénacle. Il nous faut un espace pour crier ensemble vers le Ciel, pour manifester notre désir d’être saisis par Dieu afin qu’il fasse quelque chose de nouveau dans notre pays. Être ensemble, dans un même lieu, d’un seul cœur, pour une même prière : viens, change-nous, fais ton œuvre en nous. C’est pour cela que nous disons : un seul lieu, un seul Dieu, un seul cœur.  

 

| Le thème reste : « Comment annoncer l’Évangile ? » Qu’est-ce qui change d’une année sur l’autre ?

C’est la question universelle du Congrès Mission, celle qui ne se résout jamais complètement. Elle reste toujours actuelle, parce que le contexte évolue sans cesse.

Aujourd’hui, il y a un afflux de catéchumènes : cela change la donne. L’annonce de l’Évangile ne se fait pas de la même manière lorsqu’on s’adresse à des gens qui frappent à la porte de l’Église, comme c’est souvent le cas maintenant, plutôt qu’à un monde indifférent.

Il y a aussi la question de la paix. Il y a cinq ans, nous ne nous posions pas la question d’un “Évangile de la paix dans un monde en feu”. Le monde l’était déjà, bien sûr, mais moins visiblement pour nous.

Chaque époque appelle à reposer la question de la mission. L’évangélisation, c’est un travail, un chantier sans cesse à reprendre.

  

| Comment expliquez-vous, justement, que dans un contexte de déchristianisation, on observe un afflux de jeunes et de nouveaux baptisés ?

Je ne prétends pas avoir la réponse, mais j’ai quelques intuitions.

D’abord, je crois que la vérité rend libre. Le travail de vérité dans l’Église, notamment autour des abus, aurait pu décourager, mais paradoxalement, il attire. Là où il y a de la lumière, les gens viennent.

Ensuite, le contexte anxiogène joue son rôle. Quand tout va bien, le matérialisme triomphant endort la recherche spirituelle. La crise, elle, pousse chacun à se demander : « Sur quoi est-ce que je construis ma vie ? »

Enfin, je crois que les efforts missionnaires des vingt dernières années portent leurs fruits. Ce n’est pas toujours visible sous la forme « je parle à quelqu’un, il vient à la messe », mais cela a créé un climat nouveau. De plus en plus de gens osent simplement dire qu’ils sont chrétiens. Un maillage de témoins s’est tissé dans tout le pays.  

| Pour ceux qui n’y sont jamais allés, comment se déroule concrètement le Congrès Mission ?

C’est vrai qu’à première vue, cela peut ressembler à une « foire à la mission », avec des stands et beaucoup d’effervescence. Mais c’est bien plus que cela.

Le Congrès propose différents espaces : des plénières dans l’arène, des tables rondes, une pépinière, un village missionnaire… Chacun fait un peu son Congrès à la carte, selon ses besoins ou son état de vie.  

Le vendredi soir, tout le monde se réunit pour une grande soirée commune.

Le samedi, la journée alterne entre le village, la messe, les tables rondes et plusieurs temps de plénière. Après chaque grande intervention, il y a un temps d’activation : une question concrète est posée pour réfléchir en petits groupes à trois ou quatre, afin de voir comment le message entendu résonne dans sa propre vie.

Les plénières mêlent témoignages, interventions et moments spirituels : des personnes converties, des missionnaires engagés au loin comme sœur Paësie, auprès des enfants des rues d’Haïti, ou Karine Salomé dans des camps de réfugiés, mais aussi des témoins du quotidien, missionnaires dans leur quartier ou leur paroisse.

Et puis, il y a le village missionnaire : une centaine de stands, des associations, communautés, mouvements… Ce foisonnement crée une espérance immense. Même après dix ans à préparer l’événement, je découvre encore de nouveaux acteurs, de nouvelles idées. Cela suscite un désir d’engagement, mais aussi une créativité pastorale : les gens repartent avec l’envie de lancer quelque chose chez eux.  

 

| Avez-vous des exemples de projets nés du Congrès Mission ?

Certains témoignent avoir rencontré au Congrès la personne avec laquelle ils ont ensuite monté un projet commun. J’espère que des initiatives sont nées du Congrès… nous avons parfois des témoignages en ce sens : une mission cimetière pour la Toussaint, une crèche de Noël missionnaire…

Je dirais plutôt que le Congrès sert d’accélérateur de croissance et permet un effet démultiplicateur d’initiatives déjà existantes. La « Communion Priscille et Aquila », le parcours « Venez & Voyez », le parcours « La joie de l’Évangile » se sont propagés, je pense, notamment grâce au Congrès. Ce sont souvent des projets simples, duplicables, qui trouvent au Congrès un écho et une visibilité. Et même si tout ne naît pas directement sur place, il y a un effet de pollinisation spirituelle très fort.  

 

| À qui s’adresse le Congrès Mission ?

Le Congrès s’adresse à tous les adultes, quel que soit leur cheminement spirituel. Nous avons même conçu des invitations spécifiques pour les catéchumènes et les néophytes. En revanche, il n’existe pas de programme pour les enfants.
L’idée, c’est que chacun puisse “monter dans la barque”, qu’il soit déjà engagé ou qu’il débute dans la foi.

Le Congrès propose plusieurs journées thématiques : pour les couples (sur le mariage comme sacrement missionnaire), pour les prêtres (sur la fraternité sacerdotale), pour les consacrés, les catéchistes, ou encore les équipes de sanctuaires. Il y aura aussi une journée sur la collaboration prêtres-laïcs, parce qu’il n’est pas toujours simple de travailler ensemble !  

Pour les plus “débutants”, la plénière du samedi matin offrira une catéchèse sur le salut : comment Dieu nous sauve, de manière accessible mais solide.

Et la pépinière, nouveauté de cette année, est un espace de discernement pratique. Nous avons collecté une centaine de fiches d’initiatives missionnaires venues de toute la France. Les participants arrivent avec une problématique concrète par exemple « comment rejoindre les 15-16 ans en milieu rural », et des facilitateurs les aident à identifier des projets existants, à les adapter à leur réalité locale et à imaginer leurs propres réponses.

L’objectif, ce n’est pas de copier-coller, mais de développer une intelligence pastorale : comprendre que l’annonce de l’Évangile doit toujours être incarnée dans un lieu, un peuple, un contexte particulier. 

 

| Vous parliez aussi d’une grande soirée pour les 18-25 ans. À quoi ressemblera-t-elle ?

Ce sera un grand moment, samedi soir. Le thème : la foi dans l’épreuve, le combat spirituel. Il y aura des témoignages, deux prédications l’une par Sœur Annick Marie Antoine, l’autre par l’abbé Grosjean et des interventions de sportifs autour du thème du combat et de la discipline. La soirée se conclura par un temps d’adoration animé à la fois par Glorious, une chorale grégorienne et une chorale chaldéenne : une belle image de la diversité de l’Église.  

L’après-midi, les jeunes se retrouveront dans quatre églises parisiennes pour des temps spécifiques : un rendez-vous jeunesse populaire à Saint-Eustache avec FIDE, un temps inter-scouts à Saint-Gervais réunissant les trois grands mouvements, un temps de pastorale étudiante à Saint-Étienne-du-Mont animé par le Chemin Neuf et les Jésuites, et un dernier temps paroissial avec Notre-Dame de Chrétienté et Misericordia autour de la tradition.  

Tous se retrouveront ensuite sur le parvis de Notre-Dame de Paris, avant une grande marche vers Bercy. L’idée, c’est de manifester que tous les jeunes, quel que soit leur milieu ou leur sensibilité, sont appelés à être missionnaires.   

  

| Qu’aimeriez-vous que les participants retiennent de cette édition ?  

Nous avons lancé un chemin de 40 jours de jeûne et de prière pour préparer le Congrès. Pas un jeûne total (nous devons aussi travailler !) mais une démarche spirituelle commune, soutenue dans un petit groupe WhatsApp, pour se porter mutuellement dans la prière.

Notre désir, c’est que ce Congrès ne soit pas seulement un bel événement, mais une théophanie, une manifestation de Dieu. Que chacun, en repartant, puisse dire : Dieu a agi dans ma vie.

Nous réfléchissons beaucoup à la mission, mais au fond, tout cela n’a qu’un sens : que les cœurs soient transformés. Nous ne sommes pas missionnaires par contrainte, mais par débordement du cœur. Et seul Dieu peut donner ce feu-là.  

 

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Maitena Urbistondoy

Maitena Urbistondoy

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