Notre quinzaine : À la manière de Péguy, s’il le faut !

Publié le 01 Sep 2017
Notre quinzaine : À la manière de Péguy, s’il le faut ! L'Homme Nouveau

Les grandes manœuvres

Comme chaque année, nous aurions tous aimé que l’actualité prenne cet été des chemins de traverse et qu’enfin elle aborde les questions essentielles afin de nous reposer du matraquage médiatique habituel. Ce ne fut pas exactement le cas. Pour alimenter journaux, radios et télévisions, il y a eu le bras de fer entre la Corée du Nord et les États-Unis, les affrontements mortels de Charlottesville aux États-Unis et l’attentat contre nos militaires à ­Levallois-Perret et ceux de Barcelone et de Cambrils.

À son tour, la rentrée s’annonce chaude avec la Loi Travail, qui devrait être adoptée définitivement en conseil des ministres, à la fin du mois de septembre, avant d’être soumise à ratification des parlementaires en octobre prochain. En outre, le gouvernement entend également faire adopter la Procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes. L’heure est donc aux grandes manœuvres, dans une perspective libérale-libertaire qui s’inscrit parfaitement, tout en l’amplifiant, dans la logique du précédent quinquennat.

On pourrait désespérer devant une telle projection. Ce serait l’erreur. Ces projets semblent plutôt être les signes d’une modernité plus agonisante que sûre d’elle-même. Le doute s’est installé, les belles promesses n’ont pas été remplies, le monde meilleur n’est pas advenu, l’inquiétude ronge le plus souvent le cœur et les esprits.

Les attentats islamistes soulignent à leur manière ce retour au réel. À quoi bon vivre confortablement, englué dans le quotidien du matérialisme, si c’est pour risquer de mourir, victime d’une voiture transformée en engin de mort afin d’imposer le règne d’Allah à un Occident perverti ? Matérialisme et relativisme culturel, voire religieux, ne constituent pas une réponse adéquate aux menaces du moment. S’en rendre compte, c’est déjà opérer ce retour au réel si nécessaire.

Euthanasie d’hier et d’aujourd’hui

Il peut être profitable de lire parfois la presse bobo. Dans son numéro du 17 août dernier, L’Obs consacrait tout un dossier aux médecins nazis et à leurs folles expérimentations. Ceux qui ont lu le livre de Götz Aly, Les Anormaux (Flammarion) ou celui de Frédéric Rouvillois, Crime et utopie. Une nouvelle enquête sur le nazisme (Flammarion), deux livres présentés dans nos colonnes, n’ont certes pas appris grand-chose. Götz Aly a détaillé et expliqué le plan d’éradication des « inutiles » lancé par les nazis et leur programme d’euthanasie, plus connu sous son nom de code Aktion T4. Pour sa part, Rouvillois a montré combien le nazisme s’inscrivait dans une certaine modernité, rencontrant un accueil enthousiaste chez une majorité de médecins allemands. Selon Götz Aly, « 45 % des médecins ont même adhéré au parti nazi ».

Au milieu des horreurs rapportées par L’Obs, il y a cette réaction d’une femme dont une grande partie de la famille a été supprimée en raison de malformations génétiques. Elle-même n’a pas voulu avoir d’enfant. Mais quand des médecins lui ont proposé le diagnostic préimplantatoire, qui permet justement de déceler les anomalies génétiques et de supprimer les embryons défectueux conçus après une fécondation in vitro, elle a refusé. « Pas question, explique-t-elle. C’est de l’eugénisme. Et ça montre à quel point nous ne sommes pas si différents des médecins nazis. »

Il faut bien l’admettre, notre société n’est pas si différente que nous voudrions le croire des folies nazies. Certes, les critères raciaux ne sont pas à l’œuvre. Certes, les modes opératoires sont plus raffinés, plus discrets et visent au respect de l’individu et de ses droits plutôt qu’à une politique de régénération de la société. Mais, après ? Notre confort, individuel et collectif, est visé. L’aspect économique n’est pas absent non plus. Les « inutiles » du temps d’Hitler sont devenus les « fardeaux » d’aujourd’hui, dans un monde qui se mire chaque jour dans son propre reflet, cherchant à répercuter les critères de la perfection plastique imposée par l’air du temps.

Face aux urgences

Il y a donc urgence à défendre la vie. Celle de l’embryon comme celle du vieillard. Celle du pauvre, de la veuve et de l’orphelin, qui ne sont pas seulement des échos du passé (le Moyen Âge), mais aussi des réalités d’aujourd’hui, aux visages multiples et différents. Le nombre de pauvres augmente, comme celui des femmes abandonnées sur le chemin de l’existence sans parler des enfants privés de Dieu et de la vérité. Si nous ne pouvons pas à nous seuls transformer le monde qui nous entoure, nous pouvons continuer à proclamer le Christ et les principes de vérité qui permettront de le sauver. En cette rentrée, L’Homme Nouveau entend bien poursuivre cette tâche. À la manière de Péguy s’il le faut : « Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires ! » (Lettre du provincial).

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneÉditorial

Le sourire comme distinction spécifique

L'éditorial du Père Danziec | Le sourire est une force, c'est une maîtrise de soi qui transcende passions et contrariétés par une bonne humeur conquérante et imperturbable. Ni aveugle ni grincheux, le chrétien de 2024 doit mener son âme de façon semblable à celle des premiers chrétiens.

+

sourire chrétien
ÉditorialSociété

L’incendie de Saint-Omer, symbole d’un réveil nécessaire

L'Éditorial de Maitena Urbistondoy | L’incendie de la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais), dans la nuit du 1er au 2 septembre, a ravivé des souvenirs douloureux dans les esprits, notamment celui de Notre-Dame de Paris. Alors que la reconstruction de cette dernière touche à sa fin, cet autre drame nous rappelle que notre patrimoine religieux demeure fragile. Ces monuments, témoins d’une histoire chrétienne millénaire, sont bien plus que de simples édifices architecturaux. Leur disparition progressive, que ce soit par négligence ou vandalisme, met en lumière une question bien plus profonde : la perte de nos racines spirituelles.

+

incendie saint-omer
Éditorial

Notre quinzaine : Retrouver une hygiène de l’âme

Éditorial du Père Danziec | « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre », écrivait Blaise Pascal. Faits pour l’au-delà mais englués dans l’immédiat, telle est la triste condition de milliards d’hommes perdus dans les contradictions internes de la postmodernité. L’heure de la rentrée et de la reprise, après la période estivale, peut nous donner l’occasion d’une résolution vitale : préserver la santé de notre sensibilité, de notre volonté et de notre intelligence. Retrouver en somme une véritable hygiène de vie.

+

hygiène de l'âme smartphone
Éditorial

Notre quinzaine : La vérité à tout prix !

L'édito de Philippe Maxence | À l’approche d’une nouvelle rentrée, faut-il revenir sur les grands faits d’un été particulièrement chargé ? À vrai dire, la question n’est pas seulement rhétorique. Si nous n’y prenons garde, la pesanteur des événements peut, en effet, nous entraîner dans les bas-fonds du désespoir, nous masquant ainsi la réalité dans sa totalité et sa complexité, laissant surtout l’Ennemi triompher en utilisant jusqu’à notre indignation face au scandale du mal.

+

vérité blasphème
Éditorial

Notre quinzaine : L’enjeu de véritables vacances

Édito du Père Danziec (n° 1812) | À l’heure où vous tiendrez ce magazine entre vos mains, les mois chauds et sympathiques des vacances se seront de nouveau installés. Voici venu le temps de nous délasser des labeurs et des fatigues de l’année académique ! Comment donc ne pas vous souhaiter, chers lecteurs de L’Homme Nouveau, de véritables semaines d’été reposantes ! Car oui, le repos est sacré !

+

vacances
ÉditorialLettre Reconstruire

Retrouver le sens de la vérité

Lettre Reconstruire n° 38 (Juillet 2024) | Éditorial | Dans les moments de trouble comme nous en vivons actuellement, dans les périodes d’accélération dans les remises en cause de tous ordres, il faut au moins, individuelle­ment et familialement, se raccrocher aux points de repère certains aux plans naturel et surnaturel. Contre le doute, il faut entretenir en soi la recherche permanente de la vérité.

+

france 4684488 1280 vérité