Notre quinzaine : Contre l’Église, un procès politique

Publié le 24 Mar 2016
Notre quinzaine : Contre l'Église, un procès politique L'Homme Nouveau

Le scandale du péché

Les affaires de pédophilie qui éclaboussent depuis plusieurs années l’Église salissent sa robe immaculée. Avec les profanations du corps même du Christ, il n’y a certainement pas de pire scandale. En touchant indûment aux corps des enfants, c’est leur âme qui est salie, bafouée, violée, détruite le plus souvent, s’il n’y avait la miséricorde de Dieu.

Crime, la pédophilie est le fruit du péché, de ce péché que notre société, libérale-libertaire, nie avec tant d’insistance depuis des décennies. Après s’être tout d’abord cachée derrière les voiles mondains d’une morale de façade, plus kantienne que chrétienne, plus assujettie au devoir social qu’à la pratique des vertus en vue du bien, la société moderne a jeté aux orties toutes ses défenses immunitaires au nom d’un mot d’ordre, devenu le seul horizon indépassable de la pensée et de la conduite des hommes : jouir sans entrave. Le mal se trouve désormais du côté des limites, des barrières, des règles ; le bien, c’est désormais de pouvoir agir à sa guise, au gré de ses envies, de ses passions, de ses désirs, de ses pulsions. Le point culminant aura été de réduire la société à n’être que le régulateur de ces désirs individuels afin que, dans le grand bal des monades déchaînées, chacun puisse aller aussi loin que possible dans ses envies.

Un fruit de la crise dans l’Église

Et l’Église dans tout cela ? Il faut bien convenir qu’elle a été beaucoup plus touchée par le péché et sa diffusion massive opérée par l’esprit révolutionnaire qu’on a bien voulu le croire et le dire. Au cœur de la crise profonde qu’elle vit, et qui s’est traduite de manière plus visible dans la crise du catéchisme, de la liturgie ou de la doctrine, il y a cette négation, sinon théorique, du moins pratique, du péché. À force de réduire le christianisme à une affaire de bons sentiments, des générations de chrétiens ont fini par oublier que l’Incarnation, la mort et la Résurrection du Christ constituaient la réponse divine à l’envahissement du monde par le mal. Depuis le péché originel, le mal campe dans chacune de nos âmes. C’est pour chasser cet occupant-là, que le Christ est venu sur terre.

Oui, le scandale de la pédophilie dans l’Église est une conséquence du péché et de l’oubli du péché. Oui, la pédophilie dans l’Église est un scandale d’autant plus grand que les victimes sont des enfants et que les criminels sont des prêtres, revêtus du sacerdoce qui les configure au Christ. Oui, ce crime crie vengeance au tribunal de Dieu, devant cette justice divine que l’on veut tous oublier aujourd’hui pour ne pas déranger la tranquillité de nos existences. Ne nous cachons pas, nous catholiques, derrière des détails de procédure judiciaire ni devant le fait que la pédophilie, non seulement existe aussi largement dans le monde séculier, mais aussi qu’elle a même été théorisée par les « bons » apôtres de la libération sexuelle totale.

Hérode et Pilate

Pourtant, il faut bien le dire aussi : le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, primat des Gaules, est aujourd’hui attaqué, plus pour ce qu’il représente que pour les crimes qu’il aurait couverts. Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois a parfaitement montré l’enchaînement des faits. Selon lui, le cardinal Barbarin avait pris les mesures nécessaires. Aurait-il dû agir plus vite, plus vigoureusement ? On le saura peut-être un jour.

À nouveau, pourtant, Hérode et Pilate se frottent les mains, en prenant prétexte de ce scandale pour attaquer un homme d’Église et, par lui, l’Église elle-même. Hérode, c’est Manuel Valls, bien sûr, entrant en lice dans cette affaire, pesant ainsi de tout son poids politique de Premier ministre pour influencer la justice et menacer l’Église. Pilate, c’est cette grande presse qui, à l’instar du Monde, traduit devant son tribunal mondain, non seulement le cardinal archevêque de Lyon, mais l’Église catholique dans son ensemble et l’Église de France, en particulier.

Indirectement, inconsciemment, c’est évidemment l’hommage du vice et des tenants de la liberté sexuelle sans limites à la vertu des défenseurs de la famille et d’une sexualité inscrite dans le dessein de Dieu. C’est aussi la manipulation éhontée des victimes de la pédophilie à des fins politiques, tout comme les Grands prêtres n’hésitèrent pas à manipuler le peuple juif pour faire condamner le Christ. On peut reprocher au cardinal Barbarin d’avoir parfois, peut-être, eut une certaine complaisance devant cette justice médiatique qui est souvent un tribunal sans justice ni avocat. Mais certains ont décidé aujourd’hui de lui faire visiblement payer chèrement sa défense de la famille et du mariage. La chasse est ouverte, la victime est désignée et, innocente ou pas, elle est déjà jugée et condamnée.

La Croix du Christ est notre salut

Au-delà de cette affaire en elle-même, scandaleuse et douloureuse, il est évident qu’il est urgent pour nous catholiques français de sortir de notre léthargie cotonneuse et d’une spiritualité molle. La fête de Pâques nous le rappelle opportunément. Il n’y a pas d’autre Christ que le Christ crucifié. Il n’y a pas d’autres scandales que celui du péché et d’autres remèdes que la Croix, la prière, les sacrements et l’enseignement ininterrompu de l’Église. Nous ne vivons pas selon des modes, même théologiques ou spirituelles, selon des orientations qui changeraient d’un curé à l’autre, d’un directeur de publication catholique à l’autre ou même d’un évêque ou d’un pape à l’autre. Les modes passent, les projecteurs s’éteignent, la scène se vide. Mais, le Christ et son Église demeurent pour le salut des âmes.

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