Les événements se sont précipités ces dernières semaines, principalement depuis les États-Unis où l’intervention des Gafam dans la vie politique a montré une fois de plus le nouvel état des lieux auquel nous sommes confrontés. Pour mémoire, l’acronyme Gafam est celui des géants du web : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. À travers eux, on désigne plus globalement l’ensemble de ces superstructures de communication qui, par le biais d’Internet, se sont développées au point de modifier considérablement nos modes de vie et de pensée (cf. pages 10-11 l’article de Thomas Flichy). Il n’est point besoin de s’étendre longuement pour montrer leur puissance. En coupant notamment le compte Twitter du président des États-Unis, ils ont révélé clairement leur capacité de nuisance et leur volonté d’entrer directement dans le jeu politique, non plus seulement comme partenaires, mais comme arbitres.
En fait, nous avons assisté en direct à l’émergence d’une nouvelle féodalité, mondialiste, technique et financière, directement opposée au bien et à l’indépendance des nations, au nom même du bonheur des peuples, si besoin contre eux-mêmes. On notera au passage qu’il y a bien longtemps que la démocratie ne désigne plus une forme d’organisation politique, mais « le » système idéologique qui par excellence s’impose à tous et dont les fameux Gafam entendent aujourd’hui être le bras armé.
Est-ce donc la fin de l’Histoire, que l’on nous prophétise depuis la chute du bloc soviétique ? Rien n’est moins sûr ! L’Histoire, justement, témoigne que les vastes empires finissent toujours par s’écrouler. Sans remonter à l’Antiquité, ce fut plus près de nous le sort du « Reich pour mille ans » et du paradis soviétique. Toujours, la nature des choses reprend ses droits. L’idéologie est une abstraction, certes séduisante au premier abord, mais sans consistance sur le long terme.
Ministères féminins
Alors que les pays de vieilles chrétientés manquent cruellement de prêtres, François a estimé nécessaire de fixer dans le droit l’ouverture des ministères de lecteur et d’acolyte aux femmes. Parmi les chrétiens fidèles, et selon les tendances en présence, on se consolera en pensant qu’il s’agit d’une confirmation de pratiques déjà bien en place ou on s’affligera en craignant qu’il ne s’agisse là que d’une étape vers le sacerdoce des femmes qui pourrait passer à un moment par la mise en place du diaconat féminin.
De fait, le quotidien de la vie des paroisses ne devrait pas fondamentalement changer, nombre de ces « services » étant déjà assumés par des femmes. Concernant le diaconat féminin, on se souviendra que François s’était engagé à clarifier cette question à la demande de supérieures majeures du monde entier. Dans ce sens, il avait mis en place en 2016 une commission dont les travaux n’avaient finalement pas abouti. À la suite du synode sur l’Amazonie, il a créé, le 8 avril dernier, une nouvelle commission, chargée initialement d’étudier le statut du « diaconat permanent dans l’Église primitive » mais qui a finalement retenu pour objet exclusif celui du diaconat féminin.
On ose à peine rappeler aujourd’hui que les femmes ont toujours eu une place décisive dans l’Église, ne s’appuyant pas sur la confusion des genres et des rôles, mais sur la vocation de chacun. Après le Christ, qui de plus grand que la Vierge Marie ? Que dire du rôle de sainte Monique, certainement décisif dans l’éclosion d’un grand théologien ou celui de la reine sainte Clotilde ? Et tant d’autres qui sont le sourire de Dieu et souvent ses armes les plus efficaces.
L’avenir de l’Église est déjà là
Faut-il donc désespérer ? C’est certes la tentation du moment. Dans les heures de doute, il convient de s’accrocher à la foi et aux pratiques qui ont fait les saints. Il faut se tourner aussi vers la Vierge Marie. À Pontmain, dans le diocèse de Laval, s’est ouvert le dimanche 17 janvier, le 150e anniversaire de l’apparition de Notre-Dame aux enfants de ce petit village (cf. notre dossier, p. 17). La Mère du Christ y était apparue portant la croix de son Fils, signe visible qu’il n’y a pas d’autre voie de Salut que celle-ci.
Les épreuves de ce temps sont notre croix et, dans la mesure où nous l’acceptons dans un esprit chrétien – qui n’est pas celui de la démission –, nous pouvons les transformer en socle de notre espérance. Souvenons-nous du Vexilla Regis, qui est aussi l’hymne de la reconquête catholique : « O Crux Ave, spes unica » (« Salut ô Croix notre unique espérance»). Les germes de la moisson ont déjà été plantés. Les futurs prêtres, évêques, cardinaux, mais aussi pères et mères de famille chrétiens, vivent parmi nous. Avec foi, reprenons l’invocation : « Notre-Dame de Pontmain, priez pour nous, pour l’Église et pour la France. »