Notre quinzaine : Pour une véritable réforme !

Publié le 17 Sep 2021
Notre quinzaine : Pour une véritable réforme ! L'Homme Nouveau

Depuis la publication du motu proprio Traditionis custodes, l’inquiétude des catholiques vivant de la forme extraordinaire ne cesse de grandir (cf. page 8). Est-elle fondée ? J’ai dit ici même que des informations convergentes laissaient entendre que les séminaires des instituts traditionnels seraient particulièrement visés. Leurs supérieurs ont de ce fait publié un communiqué commun (disponible sur notre site) faisant part de leur crainte et demandant un évêque comme médiateur. Comme le remarquait Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (4 septembre 2021), ils n’ont, en effet, plus d’interlocuteur à Rome alors que certains membres de la Curie rêvent de prendre leur revanche sur une famille spirituelle riche en vocations et qui à leurs yeux incarne le pontificat de Benoît XVI.

Le thermomètre de l’inquiétude grimpe

À vrai dire, l’inquiétude commence à gagner également certaines communautés qui célèbrent la forme ordinaire en tentant de l’inscrire dans une herméneutique de la continuité. Craintes là aussi vaines ? L’avenir le dira concrètement, mais le passé récent parle. Il y a un an, la Congrégation pour le Clergé ordonnait la fermeture du séminaire diocésain de San Rafael en Argentine. Son crime ? Continuer à distribuer la communion de manière traditionnelle. On se souvient aussi de l’affaire des Franciscains de l’Immaculée, congrégation très florissante et dont les prêtres célébraient dans les deux formes. Elle a été anéantie. Faut-il rappeler aussi la triste affaire des Petites Sœurs de Marie Mère du Rédempteur, absolument pas traditionalistes, mais dont les usages ont été jugés trop conservateurs ? Cette congrégation, aussi, a été réduite à sa plus simple expression. En juillet dernier, au Costa Rica, la conférence épiscopale a non seulement interdit toute célébration de la forme extraordinaire mais aussi celle de la forme ordinaire en latin, tournée vers l’orient, ainsi que l’utilisation de vêtements liturgiques anciens. Un prêtre aurait été sanctionné dans ce sens. Forts de ces faits, des laïcs ont signé une Lettre aux catholiques du monde entier en demandant au Pape de revenir sur son motu proprio (texte sur notre site). Même demande de la part d’un prêtre, l’abbé Pellabeuf, au nom du respect de la constitution de Vatican II sur la liturgie? (ici).

Prendre acte du réel

Le constat est donc là : la paix liturgique installée par Benoît XVI semble brisée ; les discussions reprennent et les oppositions s’affirment. Au nom de quoi ? De la fidélité au concile dont nombre d’historiens affirment aujourd’hui qu’il a représenté dans les faits davantage l’étendard d’une remise en cause permanente qu’une règle certaine. Dans son dernier livre, L’Ivresse et le Vertige (1), l’historien Yvon Tranvouez, venu pourtant de l’extrême-gauche de Dieu et qui partage avec François une admiration pour Michel de Certeau, note ainsi que « Vatican II n’est plus qu’un mot de passe, un pavillon de complaisance ». Les mots sont forts. Ils traduisent au moins une certaine réalité trop souvent mise de côté par les clercs. Et pourtant, l’Église a besoin d’une véritable réforme pour faire face à un monde anti ou postchrétien pour que ses fidèles aillent au Ciel.

Dans une telle situation, la première urgence, le premier pas d’une telle réforme serait de prendre acte de la réalité et de cesser de vivre comme si le monde ne reniait pas le christianisme. Voici des années que nous demandons une vraie réforme. Voici des années que nous l’attendons. Ecclesia semper reformanda : l’Église est toujours réformable. Encore faut-il la vouloir et la voulant, la réaliser.

Difficile mais d’autant plus nécessaire

Réforme encore, ou plutôt refondation, cette fois-ci. Le mot vient à l’esprit en observant le jeu des primaires en vue de l’élection présidentielle ainsi que les déclarations de candidature. Pas sûr que nous allions ainsi à l’essentiel. L’homme étant d’abord et par nature un être sociable et politique, il est urgent de dépasser les simples joutes électorales pour avancer vers une refondation d’une véritable polis. C’est le sens d’une tribune libre de notre ami Guilhem Golfin (2) dont nous faisons nôtre la conclusion : « il n’est d’autre voie que de procéder à une refondation politique afin de retrouver le sens de la communauté politique, du droit et de la justice, de la res publica authentique. L’avenir de la France passe par un tel changement, à fondement moral et spirituel. Y parvenir sera difficile, mais suppose pour commencer d’en percevoir la nécessité »

1. Yvon Tranvouez, L’Ivresse et le Vertige, DDB, 252 p., 20,30 €.

2. Valeurs actuelles, 9 septembre 2021. Auteur notamment de Babylone ou l’effacement de César, Éditions de L’Homme Nouveau, 128 p., 12 €.

Ce contenu pourrait vous intéresser

Éditorial

Dieu donnera la victoire !

L’Éditorial du Père Danziec | « Dieu donnera la victoire » ? La belle affaire me répondrez-vous ! Mon Père, voyons, vivons-nous donc dans le même monde ?! Que faites-vous de la litanie de nos défaites depuis plus de deux siècles ? Et pourtant, il faut l’affirmer tout net et clairement : Dieu donnera la victoire ! Cette conviction intime qu’un jour les bons seront récompensés et les mauvais condamnés, n’est pas seulement une question de foi et de justice, elle constitue le socle même de l’espérance chrétienne.

+

dieu donnera la victoire
Éditorial

La paix du Christ, combat permanent

Éditorial de Maitena Urbistondoy du n° 1837 | Partout, sous des formes diverses, les chrétiens sont frappés. Mais quelle paix cherchons-nous réellement ? Certainement pas celle de la vengeance, ni celle de la complaisance. Les persécutions, les injustices, les insultes n'appellent pas la haine en retour. Elles sont l'occasion de manifester une autre force : celle de la charité, de la persévérance, de la fidélité.

+

paix du christ jubilé des jeunes
Éditorial

Ne pas se résigner !  

Éditorial de Philippe Maxence | À l’heure où nous nous apprêtons à reprendre des forces après l’épuisement de l’année, il nous faut non seulement prier pour le Pape et l’Église, mais également prendre la résolution ferme et constante de ne jamais nous résigner à la diminution de la foi, à la perte de l’espérance et au refroidissement de la charité.

+

enfant tablette NadineDoerle résigner
Éditorial

Des paroles et des actes

L'Éditorial du Père Danziec | Il n’y a pas que la noblesse qui oblige. L’Église oblige par la vérité dont elle est la gardienne. Ce trésor, à saisir et à communiquer, doit d’abord être reçu et assimilé. Contre la dictature du relativisme et le poison de l’indifférentisme religieux, intégrer que Notre-Seigneur est la Voie, la Vérité et la Vie relève d’une impérieuse nécessité. Spécialement pour la jeunesse !

+

Sv Petr Vatican statues 1 résigner
Éditorial

Un pontificat qui commence

Éditorial de Maitena Urbistondoy | Léon XIV, en se plaçant dans la filiation de Léon XIII, s’inscrit dans un héritage doctrinal clair auquel beaucoup de fidèles aspirent. À l’heure où l’euthanasie est sur le point d’être légalisée en France, où le nom du Christ est refoulé dans la sphère privée, l’unité des catholiques devient urgente. Une unité non pas simplement ecclésiale, mais aussi politique. Ce n’est pas par compromission que l’Église a formé l’Europe, mais par sa foi. C’est cette foi qui a adouci les mœurs et élevé les institutions.

+

Léon XIV pontificat